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03/10/11

Randonnée automnale

Les conditions atmosphériques étaient enchanteresses samedi soir, à 21h, aucun scintillement distinguable, nuages définitivement absents, même de haute altitude... Et ce croissant qui se couche vers 21h30.... Dobby allait donc retrouver sa garrigue préférée.
Arrivée vers 22h sur place, je voyais facilement Asterope dans les Pléiades (mag 5.75) et j'ai réussi à compter 12 étoiles dans le carré de Pégase, ce qui situe la magnitude visible limite à au moins 5.95, plutôt un bon score... Le vent est nul, la température sympathique (environ 15°), et la turbulence très faible.

C'est donc avec un certain entrain que je parfis ma collimation sous une voie lactée éblouissante dès l'arrivée sur site.

J'ai un programme assez chargé, j'ignore si j'aurais le courage de le parcourir en entier, je passe la première heure à faire des essais de photos du ciel au reflex, histoire de m'entraîner un peu pour les Draconides du 8 octobre (on en reparlera sûrement). Je suis assez content du résultat. Mais je vois qu'il est impossible de dépasser 20 secondes de pose sous peine de bouger stellaire... c'est pas beaucoup... même ouvert à 3.5, on n'a pas le temps de capter tous les photons que l'on souhaiterait... Mazette.

Le voyage de ce soir doit nous conduire de Hercule jusqu'à Cassiopée, via le Cygne et Pégase.

Les Pléiades accompagnant Jupiter sur l'horizon Est en début de nuit (Canon EOS 1000D, pose 20 s).

Nous débutons donc notre rando dobsonienne par deux amas globulaires classiques de Hercule, M92 et M13, cousins germains, tous deux à la beauté fracassante, montrant des milliers d'étoiles et une densité étourdissante. M13 au Nagler 13 est sans concurrence, même si M92 se montre bien combatif également. J'aime ces globuleux, ces petites galaxies comme je me complais à les appeler... On reste un instant dans Hercule pour aller chercher alpha Her, de son petit nom Ras Algethi. Cette étoile est une double très  très jolie, aux teintes albireoesques, c'est à dire jaune et bleu. Mais beaucoup plus serrée que son modèle. Il faut passer le 5 mm (x240) pour bien séparer les deux composantes.

On passe maintenant à la constellation voisine, un peu plus vers le sud, la Lyre. Nous allons regarder une étoile singulière, il s'agit de T Lyr, que l'on peut reconnaître très facilement dans le champ stellaire malgré son faible éclat, puisqu'elle est rouge comme une brique de maison cht'i, si si, vraiment. Il paraîtrait qu'elle a un indice de couleur B-V de +5.5, ce qui en fait l'une des étoiles les plus rouge connues (150 fois plus brillante dans le rouge que dans le vert...), et je confirme! Une point tout rouge brique sur un fond d'étoiles blanches ou bleutées, on la cherche et on la trouve sans mal.
On pivote le rocker en passant devant Véga qui nous aveugle et nous allons ensuite sur une étoile double évidente, éta Lyr, deux blanches qui attendaient qu'on vienne les regarder. On descend ensuite d'à peine 1 degré vers le sud pour trouver une autre double, celle-ci beaucoup plus écartée que éta : c'est théta Lyr. Celle-ci aussi attendait son tour, et avec d'autres atouts puisqu'elle s'est mis en tête de prendre Albiréo elle aussi comme modèle (ou bien est-ce moi qui ai choisi d'aller voir des clones de cette célébrité, allez savoir...).
Trève de plaisanterie, quittons un peu les étoiles vivantes pour aller observer un cadavre, exquis, certes, puisque c'est M57, cet anneau explosif, ce petit cercle si aisé à pointer au telrad. J'enfile le filtre OIII sur mon 3.5mm et hop, M57 occupe la moitié de mon champ oculaire (j'exagère peut-être un peu). On ne s'en lasse pas, c'est bizarre, hein ? Maintenant on descend vers le Cygne, mais on doit s'arrêter un instant car un globuleux nous appelle à la rescousse, il souhaite être regardé par un Dobson 254 mm. Ca tombe bien, je suis là. Je vais à sa rencontre, et que me dit-il ? Ah mais des bonnes chose, certes M56 est moins puissant que ces congénères Herculéens, mais j'aime son noyau brillant et ses contours un peu flous. La vision décalée est ici obligatoire.

Maintenant que l'on est là, aux confins de Lyre et du Cygne, vous savez forcément quel objet va suivre dans notre périple. Oui. Gagné. Nous allons nous incliner devant la célébrité jaune-bleu, les yeux de notre oiseau estival-automnal préféré. Albiréo est toujours aussi bluffant quand on arrive dessus, je ne sais si c'est l'éclat en parfait accord des deux composantes, ou bien ces teintes de couleurs primitives, mais voilà, on peut difficilement trouver une double aussi belle dans le ciel boréal...
Restons chez le séducteur de Léda, et promenons nous le long de son aile pour aller sombrer dans le monde nébuleux. C'est vrai, je m'y perd rarement, dans ce monde là, mais là je dois dire que les Dentelles, c'est le must en ce qui concerne les nébuleuse, avec peut-être le grande d'Orion. Nous nous rendons d'abord sur la petite dentelle, NGC 6960, que l'on pointe facilement avec la double 52 Cyg. Spectacle abracadabrantesque s'il en est, puis la grande NGC 6992 et 6995 en se rapprochant de l'aile du Cygne. Il faut absolument utiliser le filtre OIII ici, et sur l'oculaire au grossissement le plus faible, sous peine de ne pas profiter pleinement de ces volutes découpées, des cette fumée diaphane qui flotte on ne sait trop comment, du gaz, ce n'est que du gaz éclairé par quelques étoiles... Splendide, mais trop vaste!... mon champ (25 mm 60°) est bien trop faible pour saisir cet ensemble.

Avant de changer de destination, un petit détour vers Jupiter s'impose, pour voir si jamais la grosse tâche serait du bon côté ce soir : que nenni, encore chou blanc! Point de grosse tâche, mais plein de jolis détails quand même, comme par exemple une tâche de moyenne dimension qui est clairement visible au centre de l'une des deux grosses bandes équatoriales. Ce n'est que partie remise pour la grosse.

Petite pause café/gâteaux et on repart du côté du petit losange qui s'appelle le Dauphin. Et dans le Dauphin, j'appelle l'étoile qui forme le haut du losange (par rapport à l'horizon), c'est à dire gamma Del. Gamma est une étoile double, qui a une particularité, c'est d'être composée d'une jaune et d'une...grisâtre !?. Limite jaunâtre. Toujours joli à regarder quand c'est pas blanc anyway...

Direction le gros carré, maintenant, Pégase. Par là, il y a un globuleux qui doit mériter le détour, on ne m'en a dit que du bien, c'est M15. Mais oui ! Cet amas est fort bien pourvu ! Granuleux, brillant, vaste. Superbe, en un mot.
Avant de quitter Pégase, on va quand même aller voir une galaxie, et je choisis NGC7331. Cette spirale vue presque par la tranche n'est pas très lumineuse, mais suffisamment pour en distinguer les contours.
En route vers Andromède maintenant, et on change d'instrument, allez, soyons fous. Euh, ah oui, c'est une bonne idée, parce qu'on se rapproche dangereusement du zénith, là... C'est M31 que je regarde avec mes Juju 10x50... Noyaux bien brillant, bras devinables, mais presque au zénith... Alors, pour être plus confort, je ne trouve que la solution de m'allonger de tout mon long sur le sol rocailleux, et c'est parfait...

Je profite d'avoir les Jujus en main pour parcourir la voie lactée à la recherche d'amas égarés, mais aussi me détourner vers les Pléiades qui sont encore là, fidèles à elles-mêmes. Je jette deux yeux aussi sur Jupiter, histoire de faire la différence avec ce que je voyais tout à l'heure...
Le silence est farouche tout autour, pas un poil de vent ne fait bruisser quoi que ce soit, aucun bruit animal, ni végétal, si tant est que les végétaux puissent faire du bruit... C'est un peu surnaturel, allongé là au milieu de nulle part...

Allez, il est temps de se relever pour finir cette séance d'observation, on reste un peu dans Andromède, pour aller voir du côté de la petite sœur de M31, savoir M33, au 25 mm bien sûr, pas moins.
Encore chez Andromède, une étoile double est inscrite sur mon plan d'expérience, c'est gamma And, et vous savez quoi ? Elle a pour modèle une certaine... Albireo, étonnant non ? Mais là la bleu est petite et la jaune orangée est grosse (comprendre brillante). Sehr schön, aurait dit Goethe.

Il est un peu plus de 3h et je tente quelque chose qu'il ne faut pas faire, terminer sur du difficile, c'est à dire viser des objets au zénith. Il faut être un peu fou pour faire ça, la fatigue s'ajoutant au cou tordu et au dos cassé ne donne jamais rien de bon, et pourtant je parviens tout de même à accrocher M52, on est ici dans Cassiopée. Et c'est une chouette récompense parce que cet amas ouvert a presque une densité de globulaire (j'exagère mais j'avais le cou tordu), une densité rocambolesque, presque étourdissante à en avoir le cou détordu...
Vient ensuite un autre amas ouvert, de son petit nom l'amas du Hibou ou encore NGC 457, avec une assez grosse double pour compagne (orange-bleu, évidemment)
Pour finir sur une note d'ouverture là encore, M103 vient se jeter à mon cou cervicalement détruit pour me montrer qu'il arbore fièrement trois étoiles brillantes en son sein, comme si il voulait se distinguer dans cette obscurité silencieuse...
Le temps est venu de refermer le thermos, le paquet de gâteaux, les étuis d'oculaires sans rien oublier par terre, les paupières sont trop lourdes, pleines de couleurs et de petits points, pleines d'espoir aussi, l'espoir de longues nuits à venir.


Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad

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