En un mot comme en cent, cette soirée ne fut pas très fameuse, aurais-je perdu la main ? L'astronomie dobsonienne serait-elle sujette, comme la vie, à des jours avec et des jours sans ? Ce fut sans nul doute un jour (une nuit) sans, hier soir...
Ou bien me serais-je attaqué à un coin du ciel un peu trop difficile en ayant pour seule arme mon Pocket Sky Atlas et mon Telrad ?
Mon programme était-il trop ambitieux ? Je se saurais répondre à cette question là tout de suite, mais voilà l'histoire...
Il faut dire que ça commençait plutôt mal, puisque je voulais prendre quelques clichés de mon set-up en situation, et après avoir tout installé, l'APN sur son trépied, prêt à faire la pose auprès de Dobby quitte à faire la statue durant 30 secondes (sans Lune, une longue pose était indispensable), voilà que mon Canon, qui parle très bien, me dit un message encore jamais vu : "il y a un problème de carte, la remplacer". Impossible de faire quoi que ce soit, et impossible de formater la carte...OK, me dis-je, tant pis, je ferai ça une prochaine fois.
Ça faisait déjà 3 mois que je n'étais pas sorti avec Dobby, depuis le 17 juin très exactement, c'est dire si il y avait du challenge, et quelle ne fut ma surprise de constater que ce cher télescope était toujours collimaté ! Incroyable pour un scope qui a subi un déménagement en plein mois d'aout, et autres mouvements annexes...
Le ciel de mi-septembre est très différent de celui de mi-juin. Dès que je sortis de la voiture dans ce chemin de guarrigue, je fus pourtant bluffé par la vision gargantuesque de la Voie Lactée, majestueusement flottante du Nord au Sud. J'allais comprendre bientôt mon malheur.
Pas de vent, ciel peu turbulent, transparence bonne apparemment... Mais pas mal de pollution lumineuse vers le sud. Trop. Anormalement trop, en tout cas dans par rapport à mon souvenir printanier. C'est au dessus de l'horizon sud que j'avais prévu de commencer mon voyage, au dessus du Sagittaire couchant, là, à la frontière de l'Ecu de Sobiesky et de la Queue du Serpent, pour voir trois Messier qui traînent par là : M16, la nébuleuse de l'Aigle, mais qui est dans la constellation du Serpent, M26, un amas ouvert, et M11 qui est aussi appelé l'amas du canard sauvage, situés tous deux dans Scutum (l'Ecu). Je n'ai vu ni M16, ni M26, ni M11. C'est dingue nan ? Scutum était déjà trop bas, noyé dans la lumière émanant d'Aix (ou une bourgade plus proche), il m'était impossible ne serait-ce que de trouver delta Sct, pourtant de magnitude 4.70... J'en avais besoin pour me repérer et trouver M26, situé juste à côté. Idem pour M16, pour laquelle j'avais besoin de trouver gamma Sct, située plus bas que delta... Après ces deux tentatives devenant vite pénibles, je rayai M11 de ma liste, pour quitter cette zone et aller voir ailleurs si j'y étais.
Direction Pégase, plus haut, bien plus haut, et vers le Sud-Est. Là je repris espoir, même si j'eus presque du mal à trouver le carré. Mais serais-je fatigué ? Ou bien serais perturbé par le concert live de Patti Smith dans la radio ? Quand-même... Trop d'étoiles pour le coup...
L'amas globulaire M15 est un amas globulaire aisé à pointer une fois qu'on a le carré de Pégase (qui est rectangle, au fait). Il suffit de prolonger une ligne imaginaire entre théta et epsilon (voir schéma ci-après). M15 est un bel amas globulaire, avec de nombreuses étoiles résolues, la vision décalée renforce d'avantage encore l'aspect granuleux, à voir au 13 mm.
10° en dessous se trouve un autre globulaire Messier, M2, on y parvient en traçant un croisement de segments en utilisant les étoiles principales du Verseau et Enif de Pégase (la plus proche de M15). M2 est plus faible que M15, bien plus faible, je ne parviens pas à voir vraiment des étoiles résolues, il reste assez diffus.
Maintenant qu'on est dans le Verseau, on va y rester, un autre globulaire est au programme, que je n'ai encore jamais observé du reste, c'est M72. Il se trouve en gros à un tiers du segment reliant epsilon Aqr (aussi appelée Albali) et théta du Capricorne . Alors, ce M72, pour être faible, il est faible! Là on ne cherche pas à voir trop d'étoiles résolues, c'est une tache ronde, certes, et on y laisse notre imagination. Et c'est là que le syndrome de la diamétrite vous prend : "ah, si j'avais un 400 mm...".
Dans mon planning je devais ensuite aller rendre visite à des nébuleuses toujours situées à la page 77 du PSA (Pocket Sky Atlas, pour les non initiés), à commencer par NGC 7009, aussi appelée la nébuleuse Saturne et qui est tout près de M72. Pourquoi ne l'ai-je pas trouvée ? J'y ai mis du temps et de l'énergie, mais en vain. Je savais qu'elle a une dimension angulaire riquiqui, mais là, je suis resté vert, vert comme sa couleur paraît-il (que je verrai un jour quand j'aurais un T600 ;-) ).
J'avais aussi prévu d'aller voir Hélix (NGC 7293), mais ayant trop galéré sur 7009, j'ai zappé. Chercher sans trouver est un métier fatiguant (je sais de quoi je parle).
Il me restais à faire un peu de planétaire, et je savais que les gazeuses étaient de sortie ce soir, d'abord Neptune, toujours dans le Verseau, que je suis tout de même parvenu à dénicher juste à côté de 38 Aqr, non sans mal (c'est quoi ces yeux?), toujours aussi bleutée, cette toute petite boule. Ces gazeuses lointaines sont toujours un peu décevantes quand on a en mémoire la vision d'une Saturne ou d'une Jupiter. Aucuns détails décelables, petite taille... Et puis pour comparer le comparable (quoique), c'est vers Uranus que je suis ensuite allé. Pour la trouver, je suis retourné sur Pégase et utilisé une savante triangulation avec les étoiles du Poisson situé en dessous du "Carré" rectangulaire.
Uranus n'est pas la cousine de Neptune, c'est sa sœur. Même frustration. On se réconforte en se disant que c'est la lumière du Soleil qu'on voit là, transformée en sa composante bleue réfléchie par tout ce gaz. Tiens, au fait, pourquoi les teintes de Saturne et les deux cousines (pardon, sœurs) sont-elles si différentes alors que le gaz est le même ? C'est amusant de voir que 19% d'hélium (contre 7.5% pour Saturne) produit tant de différence dans le spectre réfléchi. A mon avis y'a pas que de la pomme.
Ayant perdu beaucoup de temps et d'énergie ce soir, je renonçai à aller voir un duo de galaxies que je savais difficiles à trouver au telrad et chercheur (NGC 7727 et 7723). Et comme une soirée sans galaxie est un peu comme une tranchée verdunoise sans gnôle, j'ai fait dans la facilité en allant jeter un œil débonnaire sur une des galaxies les plus vastes du ciel : entre Pégase et le Triangle, vous avez reconnu M33, à éviter de regarder avec un oculaire plus petit que 15 mm. C'est étendu, il y a là des dizaines de milliards de soleils, accompagnés de leurs planètes sans doute, je ne distingue pas de structures dans cette grosse masse (la troisième galaxie la plus massive du groupe local derrière notre Voie lactée et Andromède, rappelons-le).
Je ne peux que me dire que mon oculaire Plössl de 25 mm est vraiment mauvais et que j'ai hâte de recevoir mon Panoptic 24 mm, qui ne devrait plus tarder maintenant... Ça ne me permettra pas de voir les spirales de M33 mais il sera très certainement une aide précieuse dans la phase de localisation à grand champ, qui est une étape parfois très délicate en astro dobsonienne, comme j'ai pu en faire l'amère expérience ce soir.
N'ayant pas eu la chance, l'opportunité ou le bonheur de rencontrer quelque animal nocturne dans cette nuit au silence parfois dérangeant de nouvelle lune, et il faut bien le dire un peu dépité de constater l'existence de nuits sans ainsi que de la non négligeable pollution lumineuse de mon site de prédilection, finalement, je décidai de rentrer pour rejoindre Morphée et rêver de voir Patti Smith chevaucher Pégase l'insoumis, tout en jetant un œil sur Jupiter en train de monter sur l'horizon.
* Cartes produites avec le génial Stellarium
Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7
TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2
filtres Moon et OIII,
Guided by Telrad
Pour eviter de rentrer bredouille de la chasse a la tachouille, j'ai equipé mon dob de cercles altazimutaux fait maison. Si apres 20 minutes, la tachouille n'est toujours pas dans le pano24, alors je triche, un petit coup de stellarium pour connaitre les coordonnees AZ.
RépondreSupprimerMalgré ca, infoutu de trouver la nebuleuse de la boule de neige bleue mais le soir d'apres, paf, du premier coup!
Dr. Sobiesky
ah, je vois cher confrère ;-) bientôt le goto... ;-) argh.
SupprimerLe goto ? J'ai passé une heure à le régler samedi soir ....
Supprimeril y a des jours sans...
Le goto, c'est un peu comme si tu allais à la pêche et qu'un poisson venait automatiquement s'embrocher sur ton hameçon :-(
RépondreSupprimerLes choses iront mieux quand tu auras ton pano, tu verras c'est vraiment un super oculaire !
Oui Sobieski, je l'attend avec impatience, ce petit Pano americano-alsacien...
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