L’étoile binaire êta Carinae n’est pas une étoile comme
les autres. C’est un mystère, un mystère qui fascine les astronomes depuis le
19ème siècle.
Eta Carinae est composée de deux étoiles qui se tournent autour en 5,5 ans. La plus grosse est énorme, elle pèse 90 fois la masse du Soleil, et se trouve être incroyablement instable. Une grosse nébuleuse gazeuse formant deux gros lobes (la nébuleuse de l’Homoncule), elle-même plongée dans une autre masse de gaz (la nébuleuse d’êta Carinae) entoure l’ensemble. Lorsque sa petite compagne se rapproche au plus près d’elle, comme c’est le cas en ce moment, l’interaction entre les deux étoiles produit des changements brutaux dans l’émission à haute énergie du système.
Eta Carinae (NASA/ESA) |
Les astronomes sont actuellement
en train de scruter attentivement êta
Carinae, visible dans l’hémisphère sud, dans l’espoir de comprendre ce qui
se passe vraiment au cœur de cette étoile étrange. Dans les années 1840, êta
Carinae a produit une énorme éruption,
produisant une forte variation de luminosité, faisant d’elle l’une des étoiles
les plus brillantes du ciel (et probablement formant les lobes gazeux de
l’Homoncule), puis elle s’est apaisée durant une centaine d’années pour se
réveiller ces dernières décennies, avec toutefois un nouveau sursaut de
luminosité en 1890.
Eta Carinae est dans un état extrêmement instable et nous ne savons
toujours pas pourquoi aujourd’hui. Une partie de la réponse à ces questions
viendra peut-être dans les semaines qui viennent. Une étude parue en 2013 dans
les Notices of the Royal Astronomical
Society a montré que quand l’étoile secondaire d’êta Carinae (la petite)
passe à proximité de la grosse, ses vents stellaires rapides creusent une sorte
de vaste trou à l’intérieur des couches externes de l’étoile primaire. Si c’est
bel et bien le cas, vu l’endroit où se trouve l’étoile secondaire, c’est ce mois-ci
qu’une série d’événements devraient avoir lieu, comme par exemple une forte
augmentation de rayons X après la chute qui a pu être observée depuis la
mi-juillet.
L’étude de êta Carinae a une portée bien plus grande que la connaissance d’une
étoile bizarre, comprendre ses secrets peut permettre de mieux appréhender
comment fonctionnaient les toutes premières étoiles de l’Univers, les étoiles
de première génération. Car en effet, êta Carinae, par sa masse, ressemble à
s’y méprendre à une étoile de l’Univers ancien (d’il y a 10 milliards
d’années), alors qu’elle se trouve seulement à 7500 années-lumière de nous… Les
étoiles de l’Univers d’aujourd’hui dans notre voisinage sont beaucoup plus
légères qu’êta Carinae.
Aux environs du 15 août, la
petite étoile compagne doit passer au plus près de l’étoile géante, à une
distance aussi faible que la distance séparant le soleil de Mars. Plusieurs
observatoires sont d’ores et déjà sur le pont.
Le télescope spatial Hubble est également
mis à contribution, notamment pour déceler une éventuelle variation de la
composition chimique de l’étoile via l’observation de son spectre lumineux.
L’interaction entre les deux compagnes peut produire l’arrachage d’électrons
sur des éléments comme le fer ou l’hélium, les ionisant de manière très
inhabituelle par rapport à ce que l’on connait. Le suivi dans le temps de la
quantité de ces ions permet de déterminer le comportement des vents stellaires
à l’origine de leur production.
En 2009, lors de son dernier
rapprochement, le système êta Carinae
subit une forte décroissance de rayons X suivie d’une puissante remontée en
deux fois moins de temps que ce qui avait été observé la fois précédente en
2003. Cette différence est imputée à un possible ralentissement des vents
stellaires de l’étoile primaire au cours du temps. Les astronomes espèrent
ainsi cette année voir le rebond de rayons X encore plus rapide, ce qui
signerait la poursuite du ralentissement des vents stellaires de l’étoile.
Les astrophysiciens désirent vraiment
voir des variations de tels phénomènes sur des durées de quelques années, ce
qui est possible ici, la seule façon d’essayer d’y comprendre quelque chose à
cet objet hors du commun.
Source :
Binary star to spill
celestial secrets
Alexandra Witze
Nature 512, 13–14 (07
August 2014)
Ça devrait mal finir cette histoire... Supernova? Quand?
RépondreSupprimerUne telle étoile finit inéluctablement en supernova (de type II), et on peut même annoncer que le résidu sera un beau trou noir.
RépondreSupprimerGénéralement, ce type d'étoile ne vit pas très longtemps, environ 10 à 100 millions d'années.
Eta Carinae peut exploser demain comme dans 10000 ans... On ne peut pas (encore) prédire ce phénomène malheureusement...