Le 10 mars 2017 est apparue une supernova dans la galaxie
NGC 5643 située à 55 millions d’années-lumière : SN 2017cbv, une supernova
de type Ia, explosion d’une étoile naine blanche. Ce jour-là, pour la première
fois, dans les minutes et les heures qui ont suivi l’explosion, des astronomes
ont réussi à observer la preuve de la présence d’une étoile compagne, sous la
forme d’un pic de luminosité en ultra-violet.
Griffin Hosseinzadeh, chercheur doctorant à l’Université de
Californie à Santa Barbara a ainsi pu, avec son équipe, suivre les tous
premiers instants suivant l’explosion. Ce qu’ils ont réussi à voir dans les
quelques heures qui ont suivi, c’est un pic de luminosité en ultra-violet, qui
s’est ensuite évanoui. Cette observation a un caractère fondamental, car elle
donne une preuve éclatante de la structure de l’origine de cette supernova. Ce
pic de lumière bleue ou ultra-violette est une signature sans équivoque de
l’interaction de l’onde de choc de l’explosion de la naine blanche sur une
autre étoile, l’étoile compagne du couple qui a fourni la matière à la naine
blanche et qui l’a fait exploser. Ils publient leur observation inédite dans The Astrophysical JournalLetters.
Les supernovas de type Ia sont le fruit de l’explosion de
naines blanches dont la masse atteint la limite de Chandrasekhar de 1,44 masses
solaires, au-delà de laquelle la force de gravitation ne peut plus être
contrecarrée par la pression interne de l’étoile. Pour qu’une naine blanche,
dont la masse initiale est toujours inférieure à cette limite, puisse dépasser
cette masse limite, elle doit gagner de la masse. Une naine blanche isolée
n’aura ainsi aucun risque de produire une supernova de type Ia. Elle doit pour cela vivre en couple avec une
autre étoile. Deux modèles s’affrontent depuis plusieurs décennies pour
expliquer les supernovas de type Ia, le premier fait intervenir un couple
composé d’une naine blanche et d’une étoile « normale » ou géante, le
second modèle fait intervenir deux naines blanches dont la somme des masses
dépasserait la limite de 1,44 masses solaires, et qui spiraleraient l’une vers
l’autre.
Pendant longtemps, c’est le premier modèle qui avait la
préférence des astrophysiciens, et puis depuis une dizaine d’années, le modèle
du couple de naines blanches s’est peu à peu imposé. Heureusement, il existe un
moyen, en théorie, de vérifier quel est le bon modèle : lorsque la naine
blanche explose, l’onde de choc doit interagir sur l’étoile compagne si il y en
a une, ce qui doit produire un signal détectable. Dans le cas d’un couple de
naines blanches fusionnant, le phénomène n’a tout simplement pas lieu. Mais
pour voir ce signal distinctif, il faut pouvoir observer ce qui se passe dans
les toutes premières heures suivant l’explosion elle-même. Pour les astronomes, il faut donc non
seulement détecter l’apparition d’une supernova en temps réel mais ensuite
pointer des télescopes dessus pour analyser immédiatement la lumière qui en est
émise, et pouvoir la suivre dans la durée.
Ce n’est que très récemment que des systèmes de détection de
supernova automatisés ont été mis en place, menant à la détection d’une grande
quantité d’objets transitoires, et encore plus récemment qu’ont été installés
des réseaux de télescopes robotisés comme celui de l’Observatoire Las Cumbres,
à même d’effectuer ce suivi très peu de temps après l’alerte.
A partir du pic de lumière observé en ultra-violet, Griffin
Hosseinzadeh et ses collaborateurs peuvent déduire plusieurs paramètres de
l’étoile qui accompagnait la naine blanche, et qui est toujours là. Son rayon
fait environ 20 fois celui du Soleil, il s’agit ainsi d’une étoile de type
sous-géante.
Il est probable que les supernovas de type Ia connaissent
les deux types de mécanismes, mais la technologie désormais à la disposition
des astrophysiciens dont cette étude montre la puissance va enfin permettre de
quantifier dans quelles proportions.
Le débat sur la nature du progéniteur des SN Ia est loin
d’être anodin car ces supernovas sont encore considérées être des chandelles
standards dont la luminosité intrinsèque peut être connue précisément, et qui
ont été (et sont toujours) utilisées pour mettre en évidence l’accélération de
l’expansion de l’Univers. La moindre des choses serait de comprendre comment
elles fonctionnent.
Source
Early Blue Excess from the Type Ia
Supernova 2017cbv and Implications for Its Progenitor
Griffin
Hosseinzadeh et al.
The
Astrophysical Journal Letters, Volume 845, Number 2 (14 august 2017)
Illustrations
1) La supernova
SN 2017cbv se détachant de sa galaxie hôte NGC 5643 (University of California)
2) Un des télescopes du système PROMPT à l'origine de la détection de SN 2017cbv (Aaron LaCluyze)
On vous retrouve avec plaisir!
RépondreSupprimerMerci à vous pour votre fidélité !
RépondreSupprimerContent de retrouver mon site favori!
RépondreSupprimerMerci pour vos articles.
Quel plaisir de vous lire à nouveau, merci !
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