La Grande Tache Rouge de Jupiter n'a plus rien de grand, elle fond comme neige au soleil depuis un siècle, et ce de plus en plus vite. Et une nouvelle étude vient de montrer que ce cyclone augmente en altitude au fur et à mesure qu'il se rétrécit.
Amy Simon (NASA Goddard Space Flight Center) et ses collègues décrivent dans leur étude publiée dans The Astronomical Journal la dynamique qui est à l'oeuvre dans la grande tache rouge. Ils ont pour cela combiné des observations historiques archivées avec des données des deux sondes Voyager, ainsi qu'avec des observations effectuées avec le télescope spatial Hubble. Les astronomes ont retracé l'évolution de la grande tache rouge en analysant non seulement sa taille, mais aussi sa forme, sa couleur, et la vitesse des vents quand ils pouvaient avoir cette information.
Les astronomes américains trouvent que la grande tache a commencé récemment à glisser vers l'Ouest plus vite que précédemment, ce qui la direction inverse de celle de la rotation de Jupiter (vers l'Est). Sa vitesse vers l'Ouest est passée de 0,26°/jour dans les années 1980 à 0,36°/jour aujourd'hui. En revanche, le cyclone reste précisément à la même latitude, bloqué par les jets streams circulant sur ses flancs nord et sud.
Ils confirment le rétrécissement en cours, qui semble s'accélérer. Les chercheurs montrent que son diamètre horizontal se réduit ainsi de 0,194°/an et son diamètre vertical de 0,048°/an.
La grande tache ne peut plus contenir qu'une seule Terre, le 3 avril 2017, elle ne faisait plus que 16350 km de large, alors qu'elle pouvait contenir trois Terres il y a quatre-vingt ans. Mais les archives montrent aussi que la grande tache avait grossi dans les années 1920, avant de rétrécir à nouveau.
Les chercheurs s'attendaient à ce que plus elle se réduit, plus les vents internes qui secouent la grande tache aient une vitesse importante, par la conservation du moment cinétique. Mais c'est ne pas ce qu'ils observent : au lieu de tourner plus vite, la tempête semble s'étirer dans la hauteur, à l'image d'une poterie en train d'être mise en forme en réduisant son diamètre.
Le changement d'altitude de la grande tache est faible par rapport à sa surface, mais elle est bien visible.
Par ailleurs, la grande tache change de couleur, elle s'assombrit, étant devenue d'un orange intense depuis 2014. Les spécialistes ne sont pas encore certains de l'origine de ce changement de teinte. Une possibilité serait que les molécules responsables de la coloration sont emportées à plus haute altitude, où elles subiraient plus de rayonnement UV, modifiant leur propriété de coloration.
Les planétologues se demandent maintenant si l'emblématique cyclone de Jupiter va continuer à se rétrécir jusqu'à disparaître ou bien si il va finir par se stabiliser. Si la tendance actuelle se poursuit, des changements rapides pourraient être observés dans les dix années qui viennent...
Source
Historical and Contemporary Trends in the Size, Drift, and Color of Jupiter's Great Red Spot
Amy A. Simon, Fachreddin Tabataba-Vakili, Richard Cosentino, Reta F. Beebe, Michael H. Wong, and Glenn S. Orton
The Astronomical Journal, Volume 155, Number 4 (13 march 2018)
Illustrations
1) Suivi sur 20 ans (entre 1995 et 2014) de la grande tache rouge de Jupiter avec le télescope spatial Hubble (NASA/ESA)
2) la grande tache imagée par la sonde Voyager 1 en 1979 (NASA/Caltech)
Je trouve cela assez frustrant au niveau de l’astronomie amateur de se dire du'en si peu de temps, le visage de Jupiter aura peut-être changé à tout jamais... Ou bien peut-être que la GTR de Jupiter fera comme celle de Neptune ? A suivre !
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