L'Institut d'Astronomie de l'Université de Hawaï et le Space Telescope Science Institute (STScI) viennent de rendre publiques les données du relevé Pan-STARRS (Panoramic Survey Telescope & Rapid Response System), le plus grand relevé numérique du ciel à ce jour, contenant plus de 3 milliards d'objets, étoiles de la Voie Lactée ou autres galaxies, des données désormais accessibles à tous.
Astronomie, Astrophysique, Astroparticules, Cosmologie. L'infini se contemple, indéfiniment. ISSN 2272-5768
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31/12/16
30/12/16
Bel alignement planétaire et nouvelle pluie d'étoiles filantes pour débuter la nouvelle année
La nouvelle année nous offrira dès ses premiers jours un joli spectacle dans le ciel en début de soirée, visible par tout un chacun pourvu que la météo soit favorable. Le 2 janvier vers 19h, regardez en direction du Sud-Ouest et admirez ce bel alignement avec la rougeoyante Mars en haut à gauche, le fin croissant Lunaire au centre et la très brillante Vénus en bas à droite.
26/12/16
Décès de Vera Rubin
Nous venons d'apprendre la triste nouvelle du décès de Vera Rubin, le 25 décembre, à l'âge de 88 ans. Vera Rubin restera à jamais l'astronome qui a mis en évidence à la fin des années 1960 l'anomalie de la dynamique des galaxies, menant au concept de matière sombre. Mais celle qui aurait amplement mérité le prix Nobel de Physique depuis de nombreuses années est bien plus qu'une exceptionnelle scientifique, elle fut une pionnière dans la communauté astronomique, la première femme à pouvoir accéder en 1965 au célèbre Observatoire du Mont Palomar qui abritait le télescope le plus puissant de l'époque.
La vocation de Vera Rubin pour l'astronomie apparut très tôt : "La chambre que j'avais enfant avait un lit qui se trouvait sous une fenêtre vers le Nord. Vers 10 ans, dans mon lit, je pouvais observer les étoiles circumpolaires qui bougeaient durant la nuit. Vers 12 ans, je préférais rester debout et regarder les étoiles dehors plutôt qu'aller me coucher... J'ai alors commencé à lire et à apprendre sur l'astronomie en allant à la bibliothèque. Pour moi rien n'était plus passionnant que regarder le ciel chaque nuit. Quand il y avait une pluie d'étoiles filantes, je n'allumais pas la lumière, durant toute la nuit, je mémorisais d'où provenait chaque météore pour ensuite dessiner une carte le lendemain matin" (in Origins - The Lives & Worlds of Modern Cosmologists A. Lightman (1990)).
Une fois au lycée, Vera Rubin décida qu'elle serait astronome professionnelle, mais elle n'avait jamais rencontré d'astronome dans sa vie, connaissant avant tout l'histoire de la célèbre astronome du XIXè siècle Maria Mitchell. Comme elle l'a raconté, Vera Rubin savait que Maria Mitchell avait enseigné au Vassar College, il existait donc une école où les femmes pouvaient apprendre l'astronomie, c'était donc là qu'il fallait aller. Elle précisait "Je n'ai jamais pensé que je ne pourrais pas devenir astronome" (ibid.)
Après ces premières années à Vassar, Vera Rubin fut acceptée pour intégrer la prestigieuse Harvard pour poursuivre ses études de troisième cycle, mais elle préféra rejoindre l'Université de Cornell (et son mari), malgré la quasi-inexistence de recherche en astronomie à l'époque dans cette université.
Elle eut en revanche la chance de suivre les cours d'éminents physiciens nobélisés ou futur nobélisés, comme Richard Feynman ou Hans Bethe.
Vera Rubin soutint sa thèse de master en décembre 1950 à 22 ans, alors qu'elle venait tout juste de donner naissance à son premier enfant.
Elle poursuivit sa thèse de doctorat sous la direction d'un autre grand physicien, George Gamow. Le résultat de son travail de thèse, en 1954, consacré à l'étude des galaxies, fut déjà révolutionnaire, lorsqu'elle proposa que les galaxies se rassemblaient en vastes amas, un concept qui fut admis seulement vingt ans plus tard par la communauté scientifique...
Vera Rubin effectua par la suite des travaux sans précédents sur l'étude de la rotation des galaxies, qu'elle mena durant toutes les années soixante et soixante-dix en mesurant les décalages spectraux du gaz de différentes régions galactiques et qui la menèrent à imposer observationnellement l'idée de l'existence d'une masse invisible à l'origine des fortes anomalies de vitesse de rotation systématiquement observées sur des milliers de galaxies. La matière sombre, entrevue 35 ans auparavant par Fritz Zwicky, devenait réalité.
Vera Rubin avait expliqué :"J'avais décidé de m'attaquer à un problème pour lequel je pourrais faire des observations et apporter des progrès, en espérant que ce soit un problème qui intéresserait les gens mais tout de même pas trop pour qu'on ne me presse pas avant que j'aie fini" (ibid.).
L'idée de masse manquante ou matière sombre (aussi appelée matière noire), n'était pas un concept qui soulevait l'enthousiasme en 1969 quand furent publiés les premiers résultats des observations de Vera Rubin et ses collaborateurs sur la galaxie d'Andromède. Mais face à l'évidence observationnelle de plus en plus présente au cours des années 1970, l'idée devint de plus en plus accepté par la communauté jusqu'à devenir une clé du paradigme cosmologique aujourd'hui.
Vera Rubin aimait à rappeler qu'il n'y avait vraiment aucune raison que nous ayions la chance de vivre à une époque où nous comprendrions l'Univers dans son entier. Pour elle, il était évident que plus les télescopes devenaient de plus en plus grands et les chercheurs de plus en plus doués, plus il y aurait de découvertes qui bouleverseraient les théories établies, même de longue date : "J'espère que dans 500 ans les astrophysiciens ne parleront plus de Big Bang, si c'est le cas, ils n'auront pas bien fait leur travail! Je crois qu'il existe des choses vraiment fondamentales que nous ne connaissons pas dans l'Univers. Notre ignorance est bien plus vaste que ce que nous connaissons." (ibid.)
Les quatre enfants de Vera Rubin, trois fils et une fille, sont tous devenus des chercheurs. Sa fille a suivi le chemin tracé, elle est astrophysicienne, comme de nombreuses autres scientifiques qui doivent leur vocation à cette femme hors du commun.
Citations extraites de : Origins - The Lives & Worlds of Modern Cosmologists A. Lightman (1990)
Illustration : Vera Rubin en 1948 à Vassar College (Vassar Archives)
24/12/16
Six nouvelles bouffées rapides d'ondes radio pour FRB 121102
Vous vous souvenez que nous avions parlé en mars dernier du cas de FRB 121102, la seule bouffée rapide d'ondes radio parmi les 18 connues qui s'est répétée plusieurs fois. En mars 2016, on comptait 11 répétitions; il faut désormais en ajouter 6 nouvelles.
20/12/16
Bételgeuse tourne trop vite sur elle-même
L'astronome Craig Wheeler (Université de Austin) a une obsession secrète : prédire la date de la mort de la supergéante Bételgeuse. Il a pour cela monté un projet nommé simplement le Betelgeuse Project. Dans ce cadre, il vient de montrer avec une équipe de jeunes chercheurs que Bételgeuse possède une vitesse de rotation qui ne peut pas être reproduite par les codes de simulation d'évolution stellaire. Ils proposent une explication à cette anomalie, aux implications imprévisibles sur le futur proche de l'étoile en fin de vie...
17/12/16
AMS-02 : des positrons en excès, et maintenant aussi des antiprotons et de nouvelles anomalies ?
Le 8 décembre dernier, Samuel Ting a rendu public les derniers résultats du détecteur AMS-02 traquant les particules d'antimatière dans le rayonnement cosmique depuis l'ISS. L'excès de positrons à haute énergie se confirme, avec en plus, maintenant, semble-t-il, un début d'excès d'antiprotons. L'origine de ces excès, entre matière noire et d'autres sources pourrait être tranchée en 2024.
16/12/16
12/12/16
La supernova hors norme qui n'était qu'une crêpe stellaire flambée
ASASSN-15lh, tel est le nom de l’événement qui était considéré être la supernova la plus lumineuse jamais observée. "Etait", car on le sait maintenant, il ne s'agit en fait pas d'une supernova, mais d'une "crêpe stellaire flambée" : une étoile déchiquetée par un trou noir supermassif en rotation rapide...
08/12/16
Brutale et très intense formation d'étoiles dans une galaxie à 11 milliards d'années-lumière
La détermination de la composition chimique d’une galaxie massive dans l’Univers jeune révèle l'existence d'une période de formation stellaire extrêmement courte et intense. Cette observation apporte bien plus de questions que de réponses sur le processus de la formation des galaxies...
Les étoiles de deuxième génération sont celles qui se sont formées à partir du gaz comportant les résidus des étoiles de première génération, ayant explosé en supernovas et qui ont expulsé les éléments lourds forgés en leur sein. En analysant la composition chimique de ces étoiles de deuxième génération, les astrophysiciens peuvent donc déterminer combien de supernovas ont explosé avant cette époque et quelle était leur nature.
02/12/16
Observation d’un vaste réservoir de gaz moléculaire froid au voisinage d’une galaxie massive dans l’Univers jeune
La présence de galaxies massives seulement quelques milliards d’années après la singularité initiale pose de nombreuses questions aux astrophysiciens, parmi lesquelles : comment ont-elles pu agglomérer suffisamment de gaz moléculaire froid pour former aussi rapidement quantité d’étoiles et grossir aussi vite ? Une étude parue cette semaine dans Science fournit un début de réponse à cette question cruciale.