La NASA a élaboré un plan pour
aller capturer un petit astéroïde et le rapprocher de la Lune pour l’étudier de
près. C’est un des éléments de l’Asteroid Initiative que Barack Obama a annoncé
en avril dernier pour mettre au budget 2014.
Et du challenge, il y en a. Pas
tant dans la technologie permettant de faire cette récupération, mais surtout
pour trouver le bon caillou… En fait, il n’y a qu’une poignée d’astéroïdes qui
pourraient s’avérer adéquats. Le groupe de travail qui s’est réuni le 9 juillet
dernier à l’académie des sciences américaine à Washington s’est conclu dans un
scepticisme assez marqué. Les planétologues spécialistes des astéroïdes ont
exprimé leurs doutes aux responsables de la NASA.
Vued'artiste d'un système de capture d'astéroïde (NASA) |
Si le projet trouve un
financement, alors la NASA va devoir faire de gros efforts pour enrichir les
bases de données sur les astéroïdes de petites dimensions. En effet, même si le
contenu de la mission reste assez flou, on sait quel genre d’astéroïde serait
utile : un objet suffisamment solide, de l’ordre de 10 m de diamètre, et
possédant une trajectoire idoine pour être capturé par un vaisseau lancé en
2017.
Parmi les plus de 10000
astéroïdes proches de la Terre, seulement 370 seraient suffisamment petits pour
être capturés. Mais parmi ces 370 actuellement connus, seulement 14 ont une
orbite adéquate… Et parmi ces 14, uniquement 4 ont déjà été étudiés plus ou
moins en détails pour que l’on en connaisse quelques propriétés sur leur
texture ou leur vitesse de rotation. C’est dire le manque de candidats sérieux
pour le moment.
Il est par exemple requis que
l’astéroïde sélectionné n’ait pas une vitesse de rotation supérieure à 2 tours/minutes
pour ne pas endommager le système de capture.
L’idéal pour la NASA serait de
trouver environ 15 nouveaux astéroïdes de 10 m à proximité dont la moitié avec
une bonne orbite, et cela dans les 4 prochaines années ! Le gros problème,
c’est que les équipements actuels dédiés à la recherche d’astéroïdes sont
optimisés pour trouver des objets de plus de 150 m.
Les observatoires dédiés vont
donc devoir s’améliorer grandement, ce qui est d’ores et déjà prévu pour
certains d’entre eux comme le Catalina
Sky Survey, qui a découvert la plupart des petits astéroïdes proches, et
qui va voir s’ajouter deux nouvelles caméras en 2014, doublant ainsi son champ de vue et donc ses chances de trouver de petits cailloux errants…
La NASA prévoit aussi de remettre
en fonction un satellite plongé en sommeil depuis 2011, le Wide Field Survey Explorer, ainsi que mettre à contribution les télescopes
PanSTARRS-2 et ATLAS situés à Hawaï. La multiplication de différents télescope
s’avère cruciale dans ce type de traque car, une fois découvert, un petit
astéroïde peut devenir très vite invisible et on a alors besoin de télescopes
infra-rouge ou radio pour évaluer sa forme et sa composition.
Un astéroïde de 10 mètres de
diamètre pèse environ 400 tonnes, la masse de la station spatiale
internationale. Les ingénieurs américains du Johnson Space Center de Houston
travaillent déjà au design de l’engin qui permettrait de capturer ce caillou.
L’idée est relativement simple : il s’agit d’envoyer une sonde à proximité
immédiate de l’astéroïde puis de déployer une sorte de grand sac pour ensuite
le tirer lentement pour le rapprocher de la Lune en environ 4 ans.
Des astronautes pourraient alors
dès 2021 se rendre au niveau du caillou capturé et en prendre quantité
d’échantillons. Le coût estimé de l’opération se situe entre 1 et 3 milliards
de dollars (disons au minimum 3 milliards, donc), mais officiellement, les
officiels américains le répètent : il ne s’agit pas de faire de la
science. A la limite, les échantillons qui seront prélevés n’auront que peu
d’intérêt. Il s’agit avant tout pour les américains de se confronter à des
challenges spatiaux pour s’entrainer dans des conditions difficiles avant de
pouvoir aller plus loin vers Mars à l’horizon 2030 notamment.
A l’heure actuelle, nous ne
savons pas si le l’asteroid initative
va être financé. Ce que l’on sait en
revanche, c’est que les pontes de la NASA aiment proposer des programmes et
réfléchir ensuite sur leur faisabilité. Une sorte de marche en avant forcée qui
peut produire des effets bénéfiques, ou pas.
Source :
Asteroid plan looks rocky
Alexandra Witze
Nature 499, 261–262(18 July 2013)
1 commentaire :
Billet très intéressant, merci ! Je plussoie votre analyse de la logique "d'effet d'annonce" de la NASA.
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