samedi 27 avril 2013

Hubble Tire le Portrait de la Comète ISON

Cette superbe image de la comète C/2012 S1 (ISON) a été prise le 10 avril dernier par le télescope spatial Hubble. Elle était alors aux environs de Jupiter, à une distance de 638 millions de km du Soleil et un peu plus de nous.
Déjà à cette grande distance, on constate que ISON est déjà active, le rayonnement du Soleil réchauffant sa surface en causant la sublimation de ces éléments volatils.
Une analyse fine du halo poussiéreux entourant le noyau solide glacé révèle l'existence d'un puissant jet de particules expulsé du côté du noyau faisant face au Soleil.

ISON (NASA, ESA, J.-Y. Li (Planetary Science Institute), and the Hubble Comet ISON Imaging Science Team)
Les mesures préliminaires issues des images de Hubble indiquent que le noyau de ISON ne fait pas plus de 6 km, ce qui est remarquablement petit au vu de la forte activité observée, d'après les astronomes qui ont déduit ses dimensions. Ils essayent d'estimer à partir de ces données quelle sera l'activité de la comète lorsqu'elle frôlera le Soleil à moins de 1,2 millions de km de sa surface, là où elle sera le plus spectaculaire, le 28 novembre prochain...
La chevelure poussiéreuse de ISON fait actuellement environ 5100 km de large, et sa queue s'étend sur plus de 90000 km, bien au delà du champ de vue de Hubble.

Comme ISON a le potentiel d'être la comète du siècle, la plus brillante depuis celle qui illumina le ciel de la Renaissance, les scientifiques de la NASA ont décidé d'organiser une campagne d'observation sans précédent, en regroupant un très grand nombre d'instruments spatiaux mais aussi des installations sur Terre. Le télescope spatial Hubble n'est qu'un élément parmi les outils les plus performants actuels regroupés dans la CIOC (Comet ISON Observing Campaign), qui s'est formée autour d'un petit comité des plus grands experts des comètes.
Le but de cette organisation est de faciliter, soutenir et encourager la communauté astronomique à mettre en commun leurs moyens dans le but de profiter au maximum de cette comète potentiellement extraordinaire.
Outre le télescope spatial, qui a donc déjà commencé sa part, les autres satellites ou sondes impliqués dans cette campagne d'observations et qui seront donc "détournés" pour la bonne cause sont les suivants :
  • SOHO (étude du soleil)
  • STEREO (étude du soleil)
  • SDO (étude du soleil)
  • Télescope spatial Spitzer (astronomie Infra rouge)
  • Chandra (astronomie X)
  • Télescope spatial Swift (astronomie UV/visible)
  • Deep Impact (étude de comètes)
  • Juno (étude de Jupiter, en route)
  • Messenger (étude de Mercure)
  • Mars Odyssey (étude de Mars)
  • Mars Reconnaissance Orbiter (étude de Mars)
  • Curiosity (étude de  Mars)
On peut constater que les sondes martiennes sont mises à contribution. En effet, avant d'arriver par chez nous en décembre, ISON passera non loin de Mars le 1er octobre, certes quand même à 10,8 millions de kilomètres, mais suffisamment près pour que Curiosity puisse l'apercevoir et prendre un cliché historique...
Ensuite, la comète ne mettra que 58 jours pour atteindre son périhélie, son point le plus proche du Soleil, qu'elle atteindra le 28 novembre.
Sa distance la plus proche de la Terre quant à elle se produira le 26 décembre (à 64,2 millions de km), si ISON existe toujours et ne s'est pas entièrement sublimée ... Nous pourrons alors l'admirer au coucher du soleil.
La Comète au dessus de Rotterdam (Lieve Verchuier, 1680)
Il faut dire que de telles comètes rasantes sont rares, ISON, qui a été découverte l'année dernière, est de celles-là, et étant la première fois qu'elle vient nous rendre visite dans l'intérieur du système solaire, on ne peut pas prédire ce qui se passera fin novembre. Certaines comètes ne survivent pas à leur approche du Soleil.

Si elle reste entière, il est estimé qu'environ 10% du noyau cométaire peut s'éroder. Toute l'énergie atteignant la comète provoque la sublimation de sa glace, un processus d'évaporation qui refroidit la surface et l'empêche d'atteindre des températures extrêmes malgré sa proximité au Soleil.
C'est cette furieuse sublimation de matière mélange de glace et de poussière à proximité du Soleil qui devrait produire une chevelure et une queue extraordinaires visibles à l’œil nu en plein jour (d'après les plus optimistes), mais la science des comètes est aussi incertaine que la météo...

Que ISON se révèle être réellement la comète du siècle ou seulement un flop astronomique, les scientifiques ont choisi d'en apprendre le plus possible sur cette visiteuse inhabituelle, quoiqu'il arrive. 

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