Clichés pris ce matin à Pertuis, Canon EOS1000D, 250 mm, 1/4000 s, F22
Le temps nous était compté, il ne fallait pas être en retard, car Vénus n’attendrait pas, elle avait d’ailleurs déjà presque fini son parcours solaire quand nous allions la voir en ombre chinoise… Pour être au balcon, il me fallait trouver un lieu propice, sans trop de relief vers la direction Est-Nord-Est, pour assister aux tous premiers instants de cette aube étrange qui ne reviendrait que dans plus de cent ans.
C’est donc quelque part à une dizaine de kilomètres
 de Pertuis que je me rendis après un réveil tendu et excité, une 
cafetière de café engloutie à la vitesse du neutrino…
Arrivé sur site avant l’heure fatidique du lever 
solaire, je vérifie mon matériel : jumelles plus feuille cartonnée pour 
projeter, Canon EOS 1000D + trépied pour immortalisation numérique (ou au 
moins tentative), filtres divers pour l’œil averti
 des dangers réels de la lumière du Soleil. 
Nous y voici, il est déjà 6h05 quand le limbe apparaît 
au-dessus de la colline au loin, nimbée de bandes nuageuses malvenues, je scrute le haut du disque à la 
recherche de ce disque noir, ce grain de beauté, Vénus n’est-elle pas la
 déesse de la beauté aujourd’hui ?
Essais de 
clichés à différentes temps de pose/ouverture de diaphragme. Nous sommes
 prêts.
6h15 : Que vois-je apparaître ? C’est elle, c’est 
lui. Vénus devant celui qui la fait tourner comme une folle en 224 
jours. Celui qui la chauffe tellement qu’elle en brille de mille feux le
 soir venu (le soir Vénus ?, nous sommes le matin,
 rappelle-toi).
C’est beau. Au moins comme il y a huit ans, en 
2004, quand j’avais fait le show au bureau en projetant ton image sur le
 mur, huit ans déjà que tu ne m’avais pas montré ton ombre, ma chère.
Je prends les photos qu’il faut prendre pour 
montrer à mes petits qui seront déjà bien centenaires la prochaine fois,
 les photos que je n’avais pas prises il y a huit ans, sachant peut-être
 qu’il y aurait un second tour et ne sachant pas
 que j’aurai ces 2 petits bouts, mais aujourd’hui c’est différent, un 
sentiment d’urgence m’accapare et je shoote comme je peux avec 
différentes focales, différents temps de pose, différentes ouvertures.
Vénus est belle et bien ronde, on le voit 
clairement ici, c’est une fille ronde, ah oui. Le soleil aussi est rond,
 enfin oui, nous le voyons dans son entièreté maintenant, lorsqu'il dédaigne à se détacher des nuages, et son 
rougeoiement (on le comprend, le bougre) commence à pâlir
 sérieusement. Il est temps de faire très attention aux yeux mes amis, à quitter l'APN et à passer à notre deuxième méthode, la projection.
Le Soleil nous montre non seulement son grain de beauté ce matin, mais aussi trois grosses zones de taches, il est actif, de plus en plus, et il m'éblouit aussi de plus en plus... 
Vénus avance inexorablement vers le bord, et elle 
va vite, à moins que ce soit nous, après tout. Cette petite boule noire qui 
se détache si fortement sur ma feuille en projection oculaire me fait 
penser aux mouches qu’arboraient les marquises,
 je ne sais pourquoi. 
Et on s’imagine alors soudainement être sur Olympus
 Mons regardant le même spectacle mais avec la Terre en transit et un 
soleil plus petit… je suis pourtant bien là au bord de ce chemin, mais 
mon esprit caféiné divague déjà, le système
 solaire m’appartient, je suis chez moi autour de ce beau soleil 
provençal, et je sais que je pourrai continuer à en profiter même quand 
Vénus se sera définitivement écartée (mais pas trop vite, prends ton 
temps !).
Le spectacle touche bientôt à sa fin, je le crains,
 les oiseaux piaillent maintenant de plus en plus fort, le matin 
s’ébroue tandis que le 3ème contact nous indique qu’il n’y a plus rien à attendre ici…si ce n’est le 4ème
 contact synonyme d’adieux. Le soleil est comme mordu comme pourrait 
l’être l’oreille d’un rat dans l’imaginaire des contes. Vénus va sortir,
 c’est certain, elle y court… trop vite.
Vénus s’en est allée comme elle est venue, 6h55, le 
spectacle est fini, il est temps de remballer le matériel et de rentrer 
pour finir une nuit trop courte. Rendez-vous dans 105 ans pour la 
prochaine représentation.



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