mercredi 6 juin 2012

Vénus : Un Grain de Beauté sur le Soleil


Clichés pris ce matin à Pertuis, Canon EOS1000D, 250 mm, 1/4000 s, F22







Le temps nous était compté, il ne fallait pas être en retard, car Vénus n’attendrait pas, elle avait d’ailleurs déjà presque fini son parcours solaire quand nous allions la voir en ombre chinoise… Pour être au balcon, il me fallait trouver un lieu propice, sans trop de relief vers la direction Est-Nord-Est, pour assister aux tous premiers instants de cette aube étrange qui ne reviendrait que dans plus de cent ans.
C’est donc quelque part à une dizaine de kilomètres de Pertuis que je me rendis après un réveil tendu et excité, une cafetière de café engloutie à la vitesse du neutrino…

Arrivé sur site avant l’heure fatidique du lever solaire, je vérifie mon matériel : jumelles plus feuille cartonnée pour projeter, Canon EOS 1000D + trépied pour immortalisation numérique (ou au moins tentative), filtres divers pour l’œil averti des dangers réels de la lumière du Soleil.

Nous y voici, il est déjà 6h05 quand le limbe apparaît au-dessus de la colline au loin, nimbée de bandes nuageuses malvenues, je scrute le haut du disque à la recherche de ce disque noir, ce grain de beauté, Vénus n’est-elle pas la déesse de la beauté aujourd’hui ?

Essais de clichés à différentes temps de pose/ouverture de diaphragme. Nous sommes prêts.

6h15 : Que vois-je apparaître ? C’est elle, c’est lui. Vénus devant celui qui la fait tourner comme une folle en 224 jours. Celui qui la chauffe tellement qu’elle en brille de mille feux le soir venu (le soir Vénus ?, nous sommes le matin, rappelle-toi).

C’est beau. Au moins comme il y a huit ans, en 2004, quand j’avais fait le show au bureau en projetant ton image sur le mur, huit ans déjà que tu ne m’avais pas montré ton ombre, ma chère.

Je prends les photos qu’il faut prendre pour montrer à mes petits qui seront déjà bien centenaires la prochaine fois, les photos que je n’avais pas prises il y a huit ans, sachant peut-être qu’il y aurait un second tour et ne sachant pas que j’aurai ces 2 petits bouts, mais aujourd’hui c’est différent, un sentiment d’urgence m’accapare et je shoote comme je peux avec différentes focales, différents temps de pose, différentes ouvertures.

Vénus est belle et bien ronde, on le voit clairement ici, c’est une fille ronde, ah oui. Le soleil aussi est rond, enfin oui, nous le voyons dans son entièreté maintenant, lorsqu'il dédaigne à se détacher des nuages, et son rougeoiement (on le comprend, le bougre) commence à pâlir sérieusement. Il est temps de faire très attention aux yeux mes amis, à quitter l'APN et à passer à notre deuxième méthode, la projection.

Le Soleil nous montre non seulement son grain de beauté ce matin, mais aussi trois grosses zones de taches, il est actif, de plus en plus, et il m'éblouit aussi de plus en plus...

Vénus avance inexorablement vers le bord, et elle va vite, à moins que ce soit nous, après tout. Cette petite boule noire qui se détache si fortement sur ma feuille en projection oculaire me fait penser aux mouches qu’arboraient les marquises, je ne sais pourquoi.
Et on s’imagine alors soudainement être sur Olympus Mons regardant le même spectacle mais avec la Terre en transit et un soleil plus petit… je suis pourtant bien là au bord de ce chemin, mais mon esprit caféiné divague déjà, le système solaire m’appartient, je suis chez moi autour de ce beau soleil provençal, et je sais que je pourrai continuer à en profiter même quand Vénus se sera définitivement écartée (mais pas trop vite, prends ton temps !).
Le spectacle touche bientôt à sa fin, je le crains, les oiseaux piaillent maintenant de plus en plus fort, le matin s’ébroue tandis que le 3ème contact nous indique qu’il n’y a plus rien à attendre ici…si ce n’est le 4ème contact synonyme d’adieux. Le soleil est comme mordu comme pourrait l’être l’oreille d’un rat dans l’imaginaire des contes. Vénus va sortir, c’est certain, elle y court… trop vite.

Vénus s’en est allée comme elle est venue, 6h55, le spectacle est fini, il est temps de remballer le matériel et de rentrer pour finir une nuit trop courte. Rendez-vous dans 105 ans pour la prochaine représentation.


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