20/09/15

Un observatoire indien en orbite dans quelques jours

Dans quelques jours, le 28 septembre, l’Inde va mettre en orbite pour la première fois un observatoire astronomique, et qui n’est  pas comme les autres.  Cet observatoire, du nom de ASTROSAT, comporte pas moins de cinq instruments différents, dont un double télescope et de multiples capteurs de rayons X. Il pourra scruter l’Univers simultanément dans toutes les longueurs d’ondes entre les rayons X durs et le visible, ainsi que détecter des particules chargées.


Schéma de ASTROSAT et ses cinq instruments
(panneaux solaires repliés) (ISRO)
Avec  ce lancement, l’Inde rejoindra le petit groupe des grandes puissances scientifiques  qui font de l’astronomie en orbite (Etats-Unis, Europe, Japon), une grande première pour un pays émergent.
Les capacités d’ASTROSAT seront notamment très utiles pour l’étude des objets qui émettent à la fois en rayons X et dans des longueurs d’ondes plus grandes sur des durées très courtes, comme les noyaux actifs de galaxies ou bien les systèmes binaires X.  Ces binaires X contiennent un objet très compact (le plus souvent un trou noir) et une étoile normale. Ces couples ne sont visibles que lorsque qu’ils produisent de brusques éruptions dans de multiples longueurs d’ondes.  C’est en corrélant attentivement l’émission de rayons X et la partie UV et visible du spectre que l’on peut déterminer des paramètres-clé du disque d’accrétion à l’origine de l’éruption, à commencer par sa taille. Actuellement, les astronomes doivent utiliser plusieurs types de télescopes différents, pas tous forcément disponibles immédiatement quand une éruption de rayons X est détectée. Avec ASTROSAT, tous les instruments seront sur le même satellite, pointant déjà dans la même direction. L’information des différentes longueurs d’onde sera fournie simultanément juste après le déclenchement par la détection d’un flash de rayons X.
Et ASTROSAT sera quand-même utilisé comme une sentinelle, prévenant tous les observatoires terrestre de la détection d’une nouvelle éruption de binaire X pour qu’ils puissent la suivre, même avec du retard.

Les scientifiques de l’ISRO (Indian Space Research Organisation) ont conçu la mission il y a près de vingt ans déjà, à partir de 1996, et prévoyaient initialement de lancer ASTROSAT en 2007, mais ils ont subi des déboires à la fois budgétaires et technologiques qui ont provoqué une série de retards. L’imageur de rayons X mous a notamment était très délicat à construire par le Tata Institute of Fundamental Research de Mumbai, avec ses centaines de miroirs positionnés avec une précision d’une fraction de micron.  Les autres institutions indiennes  ayant participé au développement des instruments de ASTROSAT sont l’Indian Institute of Astrophysics, l’Inter-University Centre for Astronomy and Astrophysics  et le Raman Research Institute.  Et deux instruments particuliers ont bénéficié de collaborations avec les canadiens de la Canadian Space Agency et les anglais de l’Université de Leiscester.

Aujourd’hui, tous les feux sont au vert, ASTROSAT est installé dans la coiffe de la fusée indienne PSLV-C30 en compagnie de 6 autres mini-satellites, et il attend son lancement au centre spatial Satish Dhawan de l’ISRO à Sriharikota (Andhra Pradesh). Les Indiens se sont réservé la première année de l’observatoire pour leur propres recherches et offriront ensuite du temps d’observation à l’ensemble de la communauté scientifique. ASTROSAT est prévu pour fonctionner durant cinq ans. 

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