Astronomie, Astrophysique, Astroparticules, Cosmologie. L'infini se contemple, indéfiniment. ISSN 2272-5768
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10/10/21
Eta Carinae : observation d'une variabilité incomprise du flux gamma entre périastres successifs
12/01/16
Découverte de 5 étoiles semblables à la mystérieuse Eta Carinae
L’étoile Eta Carinae n’est pas une étoile comme les autres. C’est un mystère, un mystère qui fascine les astronomes depuis le 19ème siècle.
Eta Carinae est composée de deux étoiles qui se tournent autour en 5,5 ans. La plus grosse est énorme, elle pèse plus de 90 fois la masse du Soleil, et se trouve être incroyablement instable. Une grosse nébuleuse gazeuse formant deux gros lobes (la nébuleuse de l’Homoncule), elle-même plongée dans une autre masse de gaz (la nébuleuse d’êta Carinae) entoure l’ensemble. Lorsque sa petite compagne se rapproche au plus près d’elle, comme c’est le cas en ce moment, l’interaction entre les deux étoiles produit des changements brutaux dans l’émission à haute énergie du système.
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Eta Carinae (NASA/ESA) |
Eta Carinae est située à environ 7500 années-lumière de la Terre dans la constellation australe de la Carène. Elle est 5 millions de fois plus brillante que le soleil. C'est en 1838 que Eta Carinae a vraiment fait parler d'elle quand eut lieu ce qui fut appelé par la suite la "Grande Eruption", une brutale explosion qui fit de Eta Carinae la deuxième étoile la plus brillante du ciel pour une dizaine d'années avant de voir son éclat s'affaiblir lentement. Les astronomes estiment que c'est cette éruption qui aurait expulsé environ dix fois la masse du soleil et qui serait l'origine de l'apparition de la nébuleuse de l'Homoncule bien visible aujourd'hui.
Mais alors que Eta Carinae est sans aucun doute l'étoile massive la plus étudiée, aucun astronome ne parvient encore à expliquer le fonctionnement de ce système binaire hors norme et notamment ce qui s'est exactement passé lors de la grande éruption. Cette éruption et ce qu'elle a laissée derrière elle n'existe pas dans les modèles d'évolution des étoiles massives tels qu'ils sont développés par les astrophysiciens depuis des décennies...
C'est en fait l'unicité de Eta Carinae qui en fait un sujet difficile à comprendre. Car Eta Carinae est un cas unique dans notre galaxie, du moins de ce que nous en connaissons. C'est donc devenu un but essentiel pour les astrophysiciens d'essayer de trouver d'autres specimens semblables à Eta Carinae pour tenter de dresser des points communs et pouvoir comprendre enfin ce que sont ces étoiles étranges. Mais voilà, ces types d'étoiles très massives sont rares, notamment parce qu'elles sont très instables et ont généralement une durée de vie courte, de l'ordre de 10 millions d'années. Observer une éruption du type de la Grande Eruption, qui est déjà rare en soi , sur des étoiles rares n'est pas chose aisée...
Des astrophysiciens se sont tout de même lancés dans cette recherche après avoir mesuré le spectre infra-rouge de Eta Carinae et ont cherché dans les vastes catalogues enregistrés par les télescopes spatiaux Spitzer et Hubble des étoiles montrant des spectres similaires. Rubab Khan, du Goddard Space Flight Center de la NASA et ses collaborateurs viennent ainsi d'annoncer la découverte de 5 étoiles jumelles de Eta Carinae situées dans des galaxies voisines. Ils ont scanné pour leur recherche quatre galaxies proches et bien connues des amateurs : M83, NGC 6946, M101 et M51, qui sont toutes situées entre 15 millions et 26 millions d'années-lumière. Ils ont sélectionné ces galaxies pour leur taux élevé de formation d'étoiles, laissant penser qu'elles pourraient posséder de nombreuses étoiles massives.
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La galaxie M83 imagée par Hubble avec la localisation de 2 des 5 étoiles similaires à Eta Carinae (NASA, ESA, the Hubble Heritage Team (STScI/AURA) et R. Khan (GSFC and ORAU)) |
Parmi ces cinq jumelles d'Eta Carinae trouvées, deux se trouvent dans M83 et les trois autres dans chacune des autres galaxies étudiées. Toutes ces étoiles massives apparaissent masquées derrière un épais nuage de gaz et de poussières de 5 à 10 masses solaires ayant une température de plusieurs centaine de degrés, tout à fait similaire à ce que l'on observe dans le système d'Eta Carinae.
Les astrophysiciens devraient enfin pouvoir commencer à répondre aux questions soulevées par Eta Carinae : "Est-ce que toutes les étoiles très massives perdent de grosses quantités de matière lorsqu'elles vieillissent ?", "Comment perdent-elles cette matière ? Par une seule grosse éruption ou bien une série de petites éruptions ?" "Quel est le rôle exact du vent solaire dans ces étoiles ?" Et surtout : "Combien de temps vivent-elles après de telles éruptions géantes, avant de finir en supernovas de type II en laissant derrière elles un trou noir ?".
Toutes ces questions pourront plus facilement trouver des réponses maintenant que Eta Carinae n'est plus seule dans le bestiaire des étoiles hors du commun. Ces nouvelles venues vont pouvoir être observées très attentivement par les télescopes de nouvelle génération, notamment par le successeur de Hubble qui sera idoine pour cela : le télescope James Webb, dont le miroir est en cours d'assemblage et qui devrait entrer en scène en 2018. Et bien évidemment, les astrophysiciens vont poursuivre leur quête pour trouver encore d'autres candidates semblables à Eta Carinae dans d'autres galaxies, histoire de mieux cerner si les conditions physiques de la galaxie hôte peut jouer un rôle sur le devenir de ces drôles d'étoiles.
Cette étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters a été présentée lors de la 227ème réunion de l'American Astronomical Society la semaine dernière.
Source :
Discovery of five candidate analogs for η Carinae in nearby galaxies
Rubab Khan et al.
The Astrophysical Journal Letters, Volume 815, Number 2 (11 december 2015)
08/01/15
Eta Carinae expliquée
Eta Carinae est un système d'étoiles hors normes. Une équipe américaine est parvenue à en savoir un peu plus sur la structure interne de ce système qui cache deux étoiles géantes. Je me suis amusé pour l'occasion à créer les sous-titres en français de leur vidéo de présentation... Regardez donc (vous pouvez couper le son si vous le souhaitez).
07/08/14
Le Mystère Eta Carinae
L’étoile binaire êta Carinae n’est pas une étoile comme
les autres. C’est un mystère, un mystère qui fascine les astronomes depuis le
19ème siècle.
Eta Carinae est composée de deux étoiles qui se tournent autour en 5,5 ans. La plus grosse est énorme, elle pèse 90 fois la masse du Soleil, et se trouve être incroyablement instable. Une grosse nébuleuse gazeuse formant deux gros lobes (la nébuleuse de l’Homoncule), elle-même plongée dans une autre masse de gaz (la nébuleuse d’êta Carinae) entoure l’ensemble. Lorsque sa petite compagne se rapproche au plus près d’elle, comme c’est le cas en ce moment, l’interaction entre les deux étoiles produit des changements brutaux dans l’émission à haute énergie du système.
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Eta Carinae (NASA/ESA) |
Les astronomes sont actuellement
en train de scruter attentivement êta
Carinae, visible dans l’hémisphère sud, dans l’espoir de comprendre ce qui
se passe vraiment au cœur de cette étoile étrange. Dans les années 1840, êta
Carinae a produit une énorme éruption,
produisant une forte variation de luminosité, faisant d’elle l’une des étoiles
les plus brillantes du ciel (et probablement formant les lobes gazeux de
l’Homoncule), puis elle s’est apaisée durant une centaine d’années pour se
réveiller ces dernières décennies, avec toutefois un nouveau sursaut de
luminosité en 1890.
Eta Carinae est dans un état extrêmement instable et nous ne savons
toujours pas pourquoi aujourd’hui. Une partie de la réponse à ces questions
viendra peut-être dans les semaines qui viennent. Une étude parue en 2013 dans
les Notices of the Royal Astronomical
Society a montré que quand l’étoile secondaire d’êta Carinae (la petite)
passe à proximité de la grosse, ses vents stellaires rapides creusent une sorte
de vaste trou à l’intérieur des couches externes de l’étoile primaire. Si c’est
bel et bien le cas, vu l’endroit où se trouve l’étoile secondaire, c’est ce mois-ci
qu’une série d’événements devraient avoir lieu, comme par exemple une forte
augmentation de rayons X après la chute qui a pu être observée depuis la
mi-juillet.
L’étude de êta Carinae a une portée bien plus grande que la connaissance d’une
étoile bizarre, comprendre ses secrets peut permettre de mieux appréhender
comment fonctionnaient les toutes premières étoiles de l’Univers, les étoiles
de première génération. Car en effet, êta Carinae, par sa masse, ressemble à
s’y méprendre à une étoile de l’Univers ancien (d’il y a 10 milliards
d’années), alors qu’elle se trouve seulement à 7500 années-lumière de nous… Les
étoiles de l’Univers d’aujourd’hui dans notre voisinage sont beaucoup plus
légères qu’êta Carinae.
Aux environs du 15 août, la
petite étoile compagne doit passer au plus près de l’étoile géante, à une
distance aussi faible que la distance séparant le soleil de Mars. Plusieurs
observatoires sont d’ores et déjà sur le pont.
Le télescope spatial Hubble est également
mis à contribution, notamment pour déceler une éventuelle variation de la
composition chimique de l’étoile via l’observation de son spectre lumineux.
L’interaction entre les deux compagnes peut produire l’arrachage d’électrons
sur des éléments comme le fer ou l’hélium, les ionisant de manière très
inhabituelle par rapport à ce que l’on connait. Le suivi dans le temps de la
quantité de ces ions permet de déterminer le comportement des vents stellaires
à l’origine de leur production.
En 2009, lors de son dernier
rapprochement, le système êta Carinae
subit une forte décroissance de rayons X suivie d’une puissante remontée en
deux fois moins de temps que ce qui avait été observé la fois précédente en
2003. Cette différence est imputée à un possible ralentissement des vents
stellaires de l’étoile primaire au cours du temps. Les astronomes espèrent
ainsi cette année voir le rebond de rayons X encore plus rapide, ce qui
signerait la poursuite du ralentissement des vents stellaires de l’étoile.
Les astrophysiciens désirent vraiment
voir des variations de tels phénomènes sur des durées de quelques années, ce
qui est possible ici, la seule façon d’essayer d’y comprendre quelque chose à
cet objet hors du commun.
Source :
Binary star to spill
celestial secrets
Alexandra Witze
Nature 512, 13–14 (07
August 2014)
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