mardi 6 octobre 2015

C'est quoi, l'Oscillation des Neutrinos ?

Le prix Nobel de Physique vient récompenser cette année la mise en évidence expérimentale de l’oscillation des neutrinos, une découverte très importante en physique des particules qui a eu un impact majeur y compris jusqu’en astrophysique et en cosmologie. Cette découverte implique l’existence d’une masse – très faible – pour les neutrinos, qui n’était pas prévue dans le modèle standard des particules il y a à peine vingt ans. Arrêtons-nous un instant sur l’oscillation des neutrinos : c’est quoi et comment ça marche ?




Tout est parti de ce que les physiciens avaient appelé l’anomalie des neutrinos solaires. Le pionnier de la mesure des neutrinos, Raymond Davis (nobélisé pour ses travaux en 2002), avait installé une expérience en 1965 dans la mine de Homestake aux Etats-Unis pour détecter les neutrinos en provenance du soleil, qui en produit d'énormes quantités dans ses réactions de fusion thermonucléaire. Après plusieurs années de mesures et de comptages, le flux que Davis mesurait était trois fois inférieur à celui qu’il aurait dû mesurer si les réactions nucléaires du soleil, sources de neutrinos, étaient bien comprises.
Longtemps, il fut considéré que quelque chose était erroné dans l’expérience. Comme elle ne permettait pas de déterminer ni l’énergie ni la direction d’origine des neutrinos détectés, sa robustesse était mise à mal.
Mais une nouvelle expérience vit le jour dans les années 1980 au Japon avec un détecteur de très grand volume constitué d’eau pure, capable de détecter des neutrinos électroniques d’énergie supérieure à 5 MeV, et surtout capable de déterminer la direction d’incidence des neutrinos détectés. Le résultat confirma les résultats antérieurs avec un déficit du flux d’un facteur deux cette fois-ci mais en pouvant montrer qu’il s’agissait bien de neutrinos solaires.
Puis d’autres expériences, utilisant d’autres types de liquides pour détecteur (le chlore dans SAGE ou le gallium dans GALLEX) permirent de détecter des neutrinos solaires de plus basse énergie jusqu’à 0,3 MeV, avec toujours un déficit par rapport à la théorie, mais cette fois-ci de moins grande envergure, « seulement » 40% inférieur à la théorie. Comme le modèle du fonctionnement interne du Soleil était bien établi, notamment par des observations très différentes fondées sur l’héliosismologie, il devait donc bien exister une anomalie dans la description des neutrinos et cette anomalie semblait varier en fonction de leur énergie…

Il faut revenir un instant sur ce que sont les neutrinos. Il existe trois saveurs de neutrinos qui correspondent aux trois familles de leptons : les électrons, les muons et les taus. Un neutrino accompagne toujours un lepton, soit lorsqu’il est produit, ou soit lorsqu’il est absorbé, par exemple lors de la désintégration béta où est émis un électron accompagné d'un antineutrino (par commodité, les physiciens parlent de neutrinos même s'il s'agit en fait de leur antiparticule l'antineutrino).
   
Pour être sûr de bien comprendre ces déficits de flux de neutrinos observés, il fallait pouvoir détecter tous les types de saveurs et pas seulement une seule comme le faisaient les différentes expériences à l’époque, même si le soleil ne devait produire théoriquement qu’une seule saveur (les neutrinos associés aux électrons).
C’est ce que permit l’expérience canadienne SNO dans les années 1990, qui proposa d’utiliser de l’eau lourde comme détecteur, qui grâce à son deutérium, ouvrait la voie à la détection des trois saveurs de neutrinos par trois types d’interactions différentes (la diffusion élastique, qui mesure les trois flux, le « courant neutre », qui mesure le flux des neutrinos électroniques seul, et le « courant chargé », qui mesure à nouveau les trois flux, de manière différente de la diffusion élastique).

Probabilité d'oscillation d'un neutrino électronique.
Les chercheurs de SNO purent ainsi pour la première fois décomposer le flux de neutrinos en ses trois composantes et résolurent par là même le mystère de l’anomalie des neutrinos solaires. Les neutrinos électroniques ne faisaient qu’un tiers du flux total, les deux autres tiers étant composés des deux autres saveurs. Le flux total était lui en parfait accord avec la théorie de la structure interne du soleil et de ses réactions nucléaires produisant uniquement des neutrinos électroniques.
Cette mise en évidence à la fin des années 1990 fut un coup de tonnerre puisqu’elle prouvait que les neutrinos pouvaient changer de saveur durant leur trajet entre le Soleil et la Terre. Ils oscillaient d’une saveur à une autre.

Une telle oscillation entre saveurs est rendue théoriquement possible si on considère qu’un neutrino est une particule qui  existe sous trois états de saveurs et trois états de masse, mais qui ne coïncident pas. Un neutrino est une superposition de trois états de masse différents (mais de masses très petites et très proches), c’est une combinaison linéaire de ces trois états. Lorsque le neutrino se meut, la phase entre les états de masse change, ce qui induit un changement de saveur.

Dans le cas simple où il n’y aurait que deux états de masse possibles, la probabilité de partir avec une saveur donnée nx et de mesurer la seconde saveur ny après une distance parcourue L (exprimée en km) avec une énergie E (exprimée en GeV) est donnée par l’expression :

P(nx -> ny) = sin²(2Q)sin²(1,27.Dm².L/E)

Cette probabilité d'oscillation dépend ainsi de trois paramètres :

- Q :  l’angle de mélange, qui définit comment les états de masse diffèrent des états de saveur. L’oscillation est maximale quand Q = p/4 et inexistante quand  Q = 0.

- Dm² : la différence des carrés des masses des différents états. Il y a autant d’états de masse que d’états de saveurs.  Ce paramètre est crucial. Il dit simplement que si les neutrinos oscillent, cela signifie qu’au moins l’une des saveurs à une masse non nulle et que leurs masses doivent être différentes.  Si Dm² =0, la probabilité s’annule.

- L/E : ce paramètre est le seul que les physiciens peuvent contrôler lorsqu’ils font des expériences d’oscillométrie des neutrinos. Il indique que la probabilité d’oscillation dépend de la distance parcourue par le neutrino et de son énergie. Plus l’énergie est faible et plus la distance nécessaire pour voir une oscillation sera réduite. La probabilité d’oscillation est maximale quand
L/E = p/(2,54. Dm²)

Dans le cas réel où il y a trois saveurs et non deux, l’expression de la probabilité d’oscillation est un peu plus compliquée :
Quand L/E est petit , on a :
P(nµ -> nt) = cos²(Q13)sin²(2Q23)sin²(1,27.D23. L/E)

P(ne -> nµ) = sin²(2Q13)sin²(Q23)sin²(1,27.D23. L/E)

P(ne -> nt) = sin²(2Q13)cos²(Q23)sin²(1,27.D23. L/E)
Et quand L/E est grand :
P(ne -> nt,µ) = cos²(Q13)sin²(2Q12)sin²(1,27.D12. L/E) + sin²(2Q13)/2

Avec cinq paramètres : deux différences de masses au carré D12 et D23 et trois angles de mélange entre les trois états de masse :  Q12 , Q23 et Q13.

Depuis les résultats pionniers de SuperKamiokande et de SNO qui valent aujourd’hui à leurs responsables Takaaki Kajita et Arthur McDonald le prix Nobel, l’étude de l’oscillation des neutrinos s’est largement développée grâce à des mesures auprès de réacteurs nucléaires ou grâce à la production de faisceaux de neutrinos détectés à longue distance à travers la croûte terrestre (comme par exemple entre le CERN et le laboratoire souterrain du Gran Sasso en Italie (expériences OPERA et ICARUS) ou entre le réacteur de Tokaï et SuperKamiokande au Japon (expérience T2K), auprès des réacteurs nucléaires chinois de Daya Bay ou entre l’accélérateur de FermiLab et le laboratoire souterrain de la mine de Soudan aux Etats-Unis (expérience MINOS)

Ce que l’on sait aujourd’hui sur les paramètres d’oscillation des neutrinos, à défaut de pouvoir mesurer leur masse exacte, c’est que deux masses sont proches l’une de l’autre et la troisième plus éloignée, sans que l’on puisse encore déterminer de quelle saveur il s’agit ni quelle est la hiérarchie de ces masses. L’angle de mélange Q13 serait proche de 0 mais non nul, et l’angle Q23 serait proche de p/4.

L’existence de l’oscillation des neutrinos laisse une porte ouverte notamment sur la possible existence d’une ou plusieurs familles de neutrinos supplémentaires, qui oscilleraient de la même façon avec les saveurs déjà connues, et qui pourraient expliquer notamment une autre anomalie des flux de neutrinos observée depuis quelques années auprès de réacteurs nucléaires et pourquoi pas fournir un candidat pour expliquer ou participer à la matière massive et élusive qu’on appelle matière noire…

17 commentaires :

Anonyme a dit…

Tout d'abord merci pour ce bel exposé. Il permet d'y voir plus clair.

N'étant malheureusement pas un professionnel, j'ai quelques questions sans doute simplistes à poser (et je m'en excuse donc par avance).

"Quelle est la durée de vie des neutrinos (solaires par exemple)?"

"Est-il raisonnable de penser que les neutrinos sont suffisamment nombreux pour former la texture des espaces cosmiques? (allusion à la notion d'énergie et de matière sombres)"

Jean-François a dit…

Quand j'ai vu l'attribution du Nobel pour des recherches sur le neutrino, je me suis dit, Eric doit etre content.
Et ensuite, je n'ai rien lu de plus sur l'info, j'ai simplement attendu le billet sur le Blog car j'etais sur d'y lire de l'information fiable et bien expliquée :-)
Merci doc'

Dr Eric Simon a dit…

@Thierry Les neutrinos sont des particules fondamentales comme le sont l'électron et les quarks. Leur durée de vie est... infinie. Les trois que l'on connait se transforment l'un dans l'autre mais ne se désintègrent jamais.
Les neutrinos classiques ne peuvent pas former la masse manquante, ils sont trop légers et rapides... mais comme je le disait en conclusion, d'autres types de neutrinos plus massifs pourraient expliquer la matière noire (on parle de neutrinos stériles, mais hypothétiques pour le moment).

Dr Eric Simon a dit…

@Sobiesky Merci. En fait je suis à moitié content. Je souhaitais que le Nobel soit décerné à Vera Rubin... qui est beaucoup plus âgée que les découvreurs de l'oscillation des neutrinos.

Leïla a dit…

Bien que je travaille avec Super-K, je sui également décue que Mme Rubin n'ait toujours pas été récompensée...

Pour en revenir sur la durée de vie des neutrinos, je pense qu'i lfaut revenir sur la durée de vie. Une particule qui est créé peut avoir plusieurs sorts : la désintégration en d'autres particules de masse plus faible, ou l'interaction qui fait que la particule entre en contact avec son environnement et se transforme parfois !

Si les particules fondamentales ne se désintègrent pas comme vous le dites, elles interagissent ! Ainsi la durée de vie d'un neutrino est le temps qu'il vit avant d'avoir une interaction qui le fasse changer de nature (en lepton). Donc le neutrino a une durée de vie qui dépend du milieu qu'il traverse (densité, consituants) et de sa probabilité d'interaction avce celui-ci (la section efficace, qui dépend notamment de l'énergie). Ce qui n'est pas infini...

D'une manière générale, la réactions des médias a été plus d'expliquer à quoi a été donné le prix Nobel (les oscillations de neutrinos) que les portes que cela ouvre. Rappelons qu'il s'agit de la 1ere physique au delà du Modèle Standard et qu'elle a 2 implications majeures :
- soit il existe des neutrinos qu'on ne voit pas (des neutrinos droits, si les neutrinos obtienent leur masse par interaction avec le Higgs)
- soit les neutrinos sont des particules de Majorana, soit un type de particule unique qui est sa propre antiparticule (très difficile à prouver, mais avec de bons candidats pour la matière noire qui sortent du chapeau quantique).

Et c'est ceci à mon avis qui vaut ce nobel, et non juste la massen tant que telle.

Pascal a dit…

Help !
Décidément, plus je lis sur les neutrinos, moins j'y comprend quelque chose ! Par exemple Eric, vous dites que des neutrinos massifs, stériles, pourraient expliquer la MN, alors que sur le billet du 02/12/2014 sur les résultats de Planck excluant une quatrième famille, vous excluez les neutrinos stériles ? Leila parle soit des neutrinos droits s'ils obtiennent leur masse par interaction avec le Higgs, soit des particules de Majorana, alors que je croyais que les neutrinos droits, sans charge faible, justement n'interagissaient pas avec le Higgs (on évoque le mécanisme du see saw pour expliquer leur masse, et celle, faible des gauches)et étaient de Majorana ??
Quel rapport entre les neutrinos droits et les stériles ? Les droits sont stériles, mais peut-il y avoir des stériles gauches (sinon les deux termes sont équivalents, ce qui est loin d'être clair sur les papiers) ? Planck exclut-il tout autre neutrino ou seulement un quatrième gauche (déjà exclu par la désintégration du Z)? Et dans le premier cas, que faire des anomalies de détection près des réacteurs ? Etc...Comme la matière et l'énergie, mes neurones sont dans le noir !

Dr Eric Simon a dit…

Je laisserais volontiers répondre une spécialiste comme Leila, n'étant pas moi-même à la pointe dans la physique des neutrinos... Leila, pouvez-vous apporter quelques précisions ? Merci !

Dr Eric Simon a dit…

Ce que je peux dire en tous cas, c'est que les neutrinos standards sont des neutrinos gauches. Les droits sont non-standard. Et les neutrinos droits effectivement n'ont pas de charge faible, en d'autres termes, ils n'interagissent pas avec le Higgs pour acquérir leur masse, elle doit venir d'un autre mécanisme, à priori à haute énergie, ce qui implique qu'ils aient une masse élevée (mécanisme du seesaw ou de la balançoire). Dans mon billet de décembre 2014, j'y suis peut-être allé un peu vite... On peut dire que les neutrinos droits sont stériles et qu'il n'y a que 3 neutrinos gauches et qu'il n'y a très probablement pas de neutrinos stériles gauches (c'est le sens des résultats sur le CMB).
Après, Majorana ou Dirac, ce que je crois avoir compris c'est que si les stériles massifs existent bien et qu'ils sont de Majorana (ce qui serait très probable vu qu'ils n'ont aucune charge), le mécanisme expliquant leur grande masse (le fameux seesaw) implique que les autres neutrinos (standards) soient aussi de Majorana... Dis à l'envers, si les neutrinos standards sont de Majorana, des neutrinos droits massifs devraient exister et seraient des candidats idoines pour former de la matière noire tiède. (si j'ai bien compris la chose...). Donc on cherche soit la désintégration double-béta sans neutrino (signe de comportement type Majorana) ou soit un neutrino stérile qui serait un état d'oscillation additionnel et qui se verrait à courte distance à partir des flux d'antinu_e et qu'on croit entrevoir auprès des réacteurs...

Leïla a dit…

Alors en effet, le problème des neutrinos, c'est que comme ils soulèvent beaucoup de questions, certains leur font dire également beaucoup de réponse... Récapitulons ceci.

Il existe 3 type de neutrinos qui sont uniquement d'hélicité gauche. Ceci a été prouvé une première fois par l'expérience de Goldhaber, et j'ai du mal à trouver une source en francais qui résume bien cette expérience très subtile. Ce lien en parle quand meme et résume bien l'hélicité : http://ysagnier.free.fr/science/helicite.htm

Lorsque Planck fait ses calculs et mesure le nombre de neutrinos, il me semble que c'est toujours avec une physique standard où les neutrinos interagissent comme dans le modèle standard. Donc leurs calculs favorisent 3 neutrinos gauches (et non 4 comme certaines observations cosmologiques semblaient préférer, je crois que c'était WMAP, à vérifier).

Maintenant, si les neutrinos sont massifs et ont leur masse par interation avec le boson de Higgs, cela se passe par un couplage de Yukawa. Le couplage de Yukawa est l'inetraction entre la particule et le Higgs, et change l'hélicité de la particule qui interagit avec le Higgs, Ainsi, le neutrino gauche devrait devenir droit s'il obtient sa masse du Higgs, Problème : on ne voit pas les neutrinos droits. Conclusion : s'ils existent, ils sont invisible. Comme "voir" une particule en science, c'et interagir avec elle, et la probabilite d'interagir avec une particule dépend de sa constante de couplage, ca veut dire que le neutrino droit aurait une constante de couplage très faible.. voire nulle. C'est ce que veut dire "sterile".

Après, il y a d'autres mécanismes de génération de masse de neutrino. La matrice de Majorana a l'avantage d'expliquer pourquoi la masse des neutrinos est très faible, parce qu'un terme très grand se retrouve au dénominateur de la valeur propre qui est donc toute petite. L'autre valeur propre aurait une masse très grande...(la page wikipedia est succinte mais explicite bien cela : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9canisme_de_see-saw) ce qui expliquerait pourquoi on a pas vu ce neutrino. Et donnerait un bon candidat pour la matière noire... Mais il faut garder en tête qu il y a plusieurs type de mécanismes de Majorana entre lesquels l'expérience ne peut pas encore faire la différence.

Après les théoriciens sont des magiciens qui peuvent faire surgir des particules sous leur crayon en brisant des symétries... encore jamais observées dans la nature ! Ils en sortent des neutrinos stériles gauches et droits, des modèles 3+1, 3+2, (je n'ai pas encore vu des decimaux heureusement), des particules neutres lourdes... Mais aucun indice ne penche d'un certain côté encore au niveau expérimental, si tant est que certaines théories peuvent être prouvées.

Pascal a dit…

Merci très vivement, Eric et Leila, pour vos réponses détaillées. J'en retiens que les théoriciens ont quelques longueurs d'avance sur les expérimentateurs.
C'est bien WMAP qui envisageait une quatrième famille, exclue ensuite par Planck.
J'y vois un peu plus clair, merci encore, et très cordialement

Leïla a dit…

Les théoriciens ont quelques longueurs d'avance... dans un espace où les équations ne sont pas prouvées ;)
La physique quantique a été une révolution dans la facon de voir la physique (le déterminisme passant des évènements aux probabilités sur les évènements) mais également dans la facon de faire de la physique. En effet, avant les équations étaient faites pour relier entre elles les expériences déjà faite. Maintenant, les équations sont faites pour étendre la physique existante vers celle à trouver... ce qui créé de nombreux modèles que les expérimentalistes vérifient.
Mais il arriv eencore qu'ils se nourissent des expériences : la matière noire avait-elle été prédie avant sa découverte ?

Dr Eric Simon a dit…

Pour être exact Leila, il ne faudrait pas dire que la matière noire a été découverte... Ce qui a été découvert c'est une anomalie gravitationnelle, laissant fortement penser à la présence d'une matière non visible, mais qui n'a pas encore été découverte en tant que telle.

Anonyme a dit…

Bonjour et merci à toutes et tous pour vos commentaires, explications et réponses.
J'ai lu avec attention les liens conseillés par Leila (12 octobre) ... ils sont très intéressants pour débroussailler le sujet.

Ils m'inspirent de nouvelles questions/suggestions.

Par exemple concernant un test sur le changement éventuel de l'hélicité des neutrinos, il existe la suite logique issue des conditions de la relativité restreinte : masse des neutrinos non nulles (le résultat expérimental justifiant le prix Nobel 2015) => vitesse inférieure à celle des photons dans le vide (v < c). Par conséquent (et uniquement si j'ai bien compris le contenu des textes proposés) ma proposition : Si les "expérimentalistes" pouvaient créer une sorte d'effet Cherenkov pour les neutrinos, pourraient-ils alors en profiter pour vérifier s'il existe un changement d'hélicité dans le domaine vitesse du neutrino appartient à [vitesse du milieu de propagation du milieu < c, c[? Est-ce faisable?

La formule (1.2) dans la note d'Y. Sagnier (neutron -> proton + électron) ne lasse pas de m'interroger. Puisque le neutron et le proton sont tous les deux constitués de quarks -réputés être fondamentaux, élémentaires, insécables-... d'où sort cet électron? (Sous-entendu, quelle filiation a t-il avec le flux sans cesse changeant de quarks?)

Enfin, y a t-il d'autres particules (justement les quarks) pour lesquelles la notion d'oscillation pourrait être évoquée?

Dr Eric Simon a dit…

Bonjour Thierry,

Les quarks forment trois familles distinctes, chacune peuplé de deux saveurs : 1 : Up et Down, 2 : Top et Bottom, 3 : Charm et Strange. Un quark Up se transforme en quark Down par l'échange d'un boson W-, qui lui même produit un électron et un antineutrino électronique. Un neutron est constitué de 2 quarks Down et 1 quark Up, le proton, lui est constitué d'1 quark Down et de 2 quarks Up. La désintégration du neutron en proton (en fait d'un quark Down en quark Up) n'est rien d'autre que la radioactivité béta moins. Le processus inverse existe aussi : un quark Up qui produit un quark Down via le boson W+, et qui donne un positron et un neutrino électronique (c'est la radioactivité béta+). Mais cette "désintégration" du proton n'existe que quand le proton se trouve dans un noyau... a contrario du neutron qui, si il est seul, se désintègre en proton au bout d'une dizaine de minutes (sa masse est légèrement plus élevée que celle du proton).

Leïla a dit…

Tout 1a fait d'accord avec Eric, ce que l'on nomme "matière noire" n'a jamais été prouvé comme étant de la matière... Je suis d'accord pour militer pour un changement de nom :)

Sinon Thierry, l'effet Cherenkov n'a aucun lien avec l'hélicité du neutrino. Déjà, il est crée par des particules chargées : le lepton (électron, muon ou tau) créé par le neutrino. Ensuite, il ne dépend que de la vitesse de la particule.
L'hélicité est en effet en liée à la vitesse car si vous allez plus vite qu'une particule, son hélicité change (un peu comme si vous allez moins vite qu'une voiture, ses roues tournent dans un sens, mais si vous accélérez et la dépassez vous verrez les roues tourner dans l'autre sens). Cependant il existe une quantité invariante de Lorentz de l'hélicité, c'est la chiralité, et tous les neutrinos connus (donc, actifs) sont de chiralité gauche !

Quand à l'électron, il n'est pas vraiment présent dans le noyau qui n'est fait que de quark, c'est plutôt une transformation des quarks qui génèrent un électron... Comme on détecte les neutrinos par une interaction avec un noyau qui les transforme en leptons.

Par contre, les quarks ont une phénomène similaire aux oscillations de neutrinos : les états propres de saveurs (up, down, strange, etc) sont liés aux états propres de masse par une matrice de rotation. C'est la matrice CKM qui est pour les quarks ce qu'est la matrice PMNS pour les neutrinos !
Une particule est définie par son état propre de masse, et donc le quark down par exemple contient un peu d'état propre de saveur du down et un peu de saveur du strange (principalement).
On pensait que les neutrinos n'avaient pas de masse, alors ils sont définis par leur états propres de saveur ! De la même manière, un neutrino de masse m1 a un peu de neutrino électronique, muonique et tauique... dont les probabilités changent avec le temps. Ca se voit bien sur cette image, qui représente les différences de masses entre les différents états propres de masse des neutrinos : https://inspirehep.net/record/1267003/files/neutrino-mass-hierarchy.png

Seulement, les quarks sont beaucoup plus massifs que les neutrinos, ce qui rend les probabilités d'oscillations quasi nulles pour eux...

Unknown a dit…

Si les neutrinos oscillent, on sort energie à partir de rien, est-il possible?:
Dans le Soleil: proton + électron ------) neutron + neutrino électronique
Ce neutrino électronique peut réagir avec un neutron et donner la réaction inverse:
neutron + neutrino électronique -------) proton + électron
Mais s´ il est vrai que les neutrinos oscillent :
Le neutrino électronique on peut changer á neutrino muonique, et cette reaction:
neutron + neutrino muonique -------) Proton + muon
Et comme le muon est plus lourd que l´électron, l'énergie a été créé à partir de rien, est-il possible?

Dr Eric Simon a dit…

Bonjour Antonio,
Les neutrinos oscillent, la question ne se pose plus. C'est un fait établi (qui a d'ailleurs valu le prix Nobel a ses découvreurs cette année).
Lorsque vous écrivez une réaction nucléaire comme par exemple neutron + neutrino_mu -> proton + µ-, il ne faut pas oublier que l'énergie (et la quantité de mouvement) doivent être conservées de chaque côté. Si votre neutrino_mu est issu d'une oscillation d'un nu_e venant d'une réaction p + e- -> n + nu_e, où toutes les particules étaient au repos sans énergie cinétique, le nu_mu en question n'aura pas l'énergie suffisante pour produire un muon par réaction sur un neutron, s'ils sont aussi tous les deux au repos. Mais les particules ne sont jamais au repos et ont toujours une certaine énergie cinétique. C'est ça que vous n'avez pas pris en compte dans votre raisonnement. L'énergie ne se crée jamais...