C'est désormais officiel, à la fin de sa mission en septembre prochain, Rosetta rejoindra son petit Philae pour l'éternité sur la surface de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Mais le crash sera fait très "lentement", de manière à acquérir des dernières données au plus près de la surface du noyau cométaire.
L'Agence Spatiale Européenne (ESA) vient de prendre sa décision. La mission Rosetta étant financée que jusqu'en septembre 2016, il fallait trouver que faire de la sonde, toujours en orbite autour de la comète 67P et bénéficiant de toujours moins d'énergie en s'éloignant du soleil. C'est donc vers un "crash" très contrôlé de la sonde qu'ont convergé les spécialistes.Pour certains, c'est la plus belle fin de mission qu'on ait pu imaginer. On se rappelle l'émotion qui avait marqué l'atterrissage du module Philae le 12 novembre dernier. Il est sans nul doute que nous vivrons le même enthousiasme en septembre prochain quand nous découvrirons les images époustouflantes qui seront enregistrées au dernier moment avant le contact de Rosetta avec le sol de la comète...
Le sort de la sonde Rosetta était discuté depuis plus d'un an, avant même l'atterrissage de Philae. Le directeur du vol, Andrea Accomazzo avait une préférence pour faire hiberner la sonde durant son périple au fin fond du système solaire et essayer de la remettre en vie dans quatre ou cinq an lorsque 67P reviendrait à proximité du soleil. Mais cette option a beaucoup de risque d'endommager l'électronique de la sonde à cause du froid intense et prolongé, sans compter que de nombreux chercheurs travaillant sur Rosetta depuis plus de 20 ans maintenant ne souhaitaient pas attendre 5 ans de plus pour finaliser cette belle mission. L'option du crash en douceur l'a donc emporté et les opérateurs de la sonde sont maintenant en train de plancher sur la meilleure façon de le faire.
Le survol le plus proche à ce jour de Rosetta était à 8 km de la surface, pour larguer le robot Philae. Les scientifiques de l'ESA pensent amener Rosetta à spiraler vers une altitude similaire en août prochain, puis de là parcourir des orbites elliptiques de plus en plus rapprochées, jusqu'au contact final.
Rosetta descendra plus lentement que ne l'a fait Philae, et pourra ainsi acquérir de nombreuses données et produire de belles images avec une résolution toujours meilleure. Lorsqu'elle ne sera plus qu'à 4 kilomètres de la surface, elle pourra distinguer grâce à son spectromètre ROSINA la nature des gaz émanent de chacun des deux lobes cométaires pour déterminer si leur composition chimique est différente.
A 500 m au dessus de la surface, les images produites avec l'imageur OSIRIS offrirons une résolution de 1 cm par pixel... De quoi étudier finement les propriétés du sol, en lien avec l'activité observée de plus haut lorsque la comète était au plus près du soleil.
La question importante que se posent les ingénieurs de l'ESA est jusqu'où Rosetta pourra-t-elle envoyer vers la Terre ses précieuses données durant sa descente ? Car une fois le sol touché, ç'en est définitivement fini. Toutes les transmissions de données doivent être terminées avant le crash. Les spécialistes sont donc en train de calculer quelles sont les meilleures trajectoires possibles, qui permettront que la sonde se trouve du bon côté de la comète par rapport à la Terre lors des derniers instants.
Une fois "posée" plus ou moins violemment sur 67P, Rosetta ne pourra évidemment plus orienter son antenne en direction de la Terre, et elle ne pourra plus non plus orienter ses panneaux solaires pour récupérer l'énergie vitale. Il est possible que la sonde puisse encore transmettre quelques données une fois au sol mais les chercheurs ne considèrent pas du tout cette option comme faisant partie du plan. Pour eux, le contact signe la fin de la mission.
Avant de parvenir à cet ultime plongeon, Rosetta poursuit en ce moment son étude de 67P en pouvant maintenant se rapprocher du noyau qui est de moins en moins actif en s'éloignant du soleil. Elle doit prioritairement faire des images pour comparer l'état de la comète avant/après son passage au périhélie. L'autre chantier qui attend Rosetta dans les mois d'hiver est l'observation de l'hémisphère sud de la comète qui n'était plus dans la lumière depuis le mois de mai et qui retournera dans l'ombre dès mars 2016... Elle devrait également essayer d'écouter d'éventuels signes de vie de Philae qui n'en a pas donné depuis juillet dernier.
Même si elle ne retrouve pas son contact, Rosetta finira dans tous les cas ses jours à quelques centaines de mètres de Philae, à ses côtés pour de très nombreuses années...
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