Affichage des articles dont le libellé est planète. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est planète. Afficher tous les articles

03/02/16

Les Anneaux de Saturne nous cachent encore beaucoup de choses

Alors que les anneaux sont une caractéristique partagée par toutes les planètes géantes gazeuses de notre système solaire, ceux de Saturne sont de très loin les plus majestueux, par leur taille et leur complexité.



Lorsque Galilée les a découverts pour la première fois en 1610 avec sa lunette, il voyait des protubérances de part et d’autre de Saturne et avait pensé qu’il s’agissait soit d’ «étoiles » supplémentaires ou soit d’une structure solide attachée à la planète formant comme des sortes de poignées. Il fallut attendre 1659 pour que Christiaan Huygens détermine que les protubérances observées étaient en fait un anneau entourant Saturne. Enfin, Giovanni Cassini parvint à observer une structure interne dans cet anneau en 1675, donnant son nom à la division séparant l’anneau en deux sections.

L'anneau B de Saturne apparaît ici presque noir dans cette image
de Cassini  prise du côté non éclairé du plan des anneaux
(NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute)
Galilée, Huygens et Cassini pensaient tous que l’anneau de Saturne était un objet solide. On doit à l’astronome français Jean Chapelain en 1660 l’idée selon laquelle l’anneau pourrait être non pas fait d’un seul tenant mais être constitué d’une multitude de petites particules.
Cette idée visionnaire a pu être confirmé théoriquement seulement deux siècles plus tard en 1859, par le grand physicien James Clerk Maxwell, le père de l’électromagnétisme, dans son fameux traité On the Stability of the Motion of Saturn's Rings où il calculait qu’un anneau solide rigide de cette taille ne pouvait pas rester stable dynamiquement du fait des forces de gravité : il devait être constitué de particules indépendantes, liquides ou solides.

Depuis Maxwell, Saturne a été la cible des meilleurs télescopes terrestres et spatiaux, y compris Hubble. Mais elle a surtout été l’objet de visites de sondes spatiales, soit des sondes de passage comme Pioneer 11, ou les deux Voyager, soit avec une mise en orbite comme la sonde Cassini qui débute sa douzième année en orbite Saturnienne.
Les anneaux de Saturne ont été observés minutieusement et de plus en plus finement grâce à ces missions. Cassini nous a permis d’en apprendre beaucoup plus en l’espace d’une décennie que tout ce qu’on avait appris depuis Galilée…
L’anneau de Saturne se divise en bien plus que deux sections, on en compte aujourd’hui 7. Ces anneaux sont répertoriés par une lettre et sont séparés par un petit espace quasi vide qu’on appelle une division, la plus connue étant celle séparant l’anneau A et l’anneau B, découverte par Giovanni Cassini. Du plus proche de Saturne vers le plus éloigné, nous avons ainsi les anneaux D, C, B, A, F, G et E. En 2009, le télescope infra-rouge Spitzer a également découvert un gigantesque anneau de matière (poussière) très épais, visible qu’en infra-rouge et située entre 6 et 18 millions de kilomètres de la planète, sans commune mesure en taille avec les anneaux de glace.
Les anneaux de Saturne sont en effet composés de blocs de glace allant du micromètre à la dizaine de mètres. Ils s’étendent jusqu’à 464 000 km au-dessus de la surface la planète, et leur épaisseur est extrêmement fine : environ 10 m seulement !...
L’un des anneaux, l’anneau B, apparaît visuellement différent des autres anneaux. Il est plus sombre, plus opaque d’un facteur 10. Cette opacité est mesurée d’une part en mesurant la réflectivité, et aussi en transmission, en observant des étoiles à travers l’anneau. Pour expliquer ce phénomène, la première idée intuitive était de dire que l’anneau B est beaucoup plus massif ou plus dense que les autres.
Mais il se trouve que cette solution ne tient plus. Une mesure vient en effet pour la première fois d’évaluer directement la densité de surface de l’anneau B. La valeur obtenue est certes plus élevée que celle de l’anneau A, mais seulement d’un facteur 2 à 3, ce qui est tout à fait insuffisant pour expliquer cette grosse différence d’opacité d'un facteur 10.
Matthew Hedman (Université de l’Idaho) et Phil Nicholson (Cornell University) ont utilisé les données de Cassini pour étudier les ondes de densité parcourant l’anneau B, qui sont produites par les interactions gravitationnelles des satellites proches.

Structure des anneaux de Saturne (mosaique produite par la sonde Cassini), l'anneau B apparaît le plus clair ici en réflection (cliquez pour agrandir) (NASA/JPL-Caltech)
La mesure de l’évolution de ces ondes de densité permet de remonter à la valeur de la densité de surface de l'anneau. Les chercheurs montrent ainsi que la distribution de masse reste relativement constante malgré le changement important d’opacité entre l'anneau A et l'anneau B. L’opacité observée sur l’anneau B ne peut pas être attribuée entièrement à la masse impliquée, même si l’anneau B, de 25500 km de large, est sans doute le plus massif de tous les anneaux de Saturne. Hedman et Nicholson évoquent la possibilité, du coup, que la différence d’opacité soit due à une différence dans la taille ou dans la densité des grains, ou encore à une différence dans la structure même de l’anneau. Mais la question reste ouverte.
Le fait que l’anneau B soit finalement moins massif que ce que l’on supposait auparavant, indique qu’il pourrait être plus jeune que prévu. Un anneau léger doit en effet évoluer, et donc s’assombrir via une pollution de poussière d’impacts météoritiques, plus vite qu’un anneau plus dense.

Il reste environ deux ans à la sonde Cassini dans la phase finale de sa mission pour continuer son exploration des anneaux de Saturne. Elle pourrait même les traverser en 2017, de quoi améliorer encore bien d’avantage nos connaissances. Cassini avait déjà permis d’évaluer la masse totale de Saturne et ses anneaux par des mesures de champ gravitationnel. Elle devrait répéter cette mesure en 2017, cette fois pour Saturne seule en se faufilant entre la haute atmosphère Saturnienne et l’anneau D. La différence des deux mesures devrait enfin donner la masse totale des anneaux, une donnée cruciale pour les planétologues.

En mesurant pour la première fois directement la densité de l’anneau B, cette étude fait une grande avancée dans la compréhension de l’âge et de l’origine de la plus belle structure du système solaire.


Source :

The B-ring’s surface mass density from hidden density waves: Less than meets the eye?
M.M. Hedman, P.D. Nicholson
Icarus, sous presse, (22 January 2016)

23/11/12

Makémaké, l'autre Planète Naine

Makémaké, cette planète naine de notre système solaire, assez peu connue depuis sa découverte en 2005, vient de se découvrir un peu plus grâce à une opportunité observationnelle assez rare sur laquelle se sont rués une grande équipe d’astronomes à l’aide de nombreux télescopes : une occultation d’étoile.
Makémaké, qui doit son nom à une divinité du peuple de lîle de Pâques (et qui fut découverte le jour de Pâques 2005, il n’y a pas de hasard), est la troisième plus grosse planète naine du système solaire, derrière Pluton et Eris (dont la découverte fut annoncée le même jour).

Makémaké vue par Hubble
Alors que Pluton et Eris sont très similaires en termes de taille, de densité et de composition de surface, Pluton possède une petite atmosphère alors que Eris en est dépourvue, probablement à cause de leur différence de distance au Soleil. Makémaké se situe quant à elle entre Pluton et Eris, avec une composition, connue par spectroscopie, assez semblable à ses compagnes glaciales, mais dont on ignorait jusqu’à présent totalement sa densité et si elle possédait une atmosphère.
C’est pour répondre à ces questions que de nombreux astronomes de partout dans le monde se sont associés en profitant d’un phénomène, courant avec les grosses planètes, mais rare pour des planètes naines très éloignées : l’occultation d’une étoile.

Cette occultation d’une très faible étoile (nommée NOMAD 1181-0235723, montrant une magnitude de 18.22) a eu lieu le 23 avril 2011. Le suivi de ce qu’on appelle la courbe de luminosité de cette étoile se faisant masquer par Makémaké durant un temps très court, a permis aux astronomes d’enregistrer un grand nombre d’informations, comme par exemple la présence ou non d’atmosphère, sa composition, et surtout la taille de la planète naine. Connaissant la taille et une estimation de la masse via la quantité d’atmosphère présente, ils peuvent ainsi évaluer sa densité.
Courbe de luminosité de l'occultation par Makémaké (Nature)

L’occultation avait été calculée dès 2010, ce qui laissait un peu de temps aux astronomes pour se préparer. Pas moins de 16 télescopes partout dans le monde ont alors été réquisitionnés et le jour J, seulement 7 télescopes répartis sur cinq sites ont pu être exploités pour suivre l’occultation tant attendue. Mais le résultat est à la hauteur des attentes.
Les différentes courbes de luminosités obtenues avec les 7 télescopes permettent de décrire un objet ellipsoïde avec un petit-axe de 1430 ± 9 km et un grand axe de 1502 ± 45 km. L’albédo mesuré (le pouvoir de réflexion de la lumière) est de 0,77 ± 0,03, soit plus grand que celui de Pluton (0,52) mais bien plus faible que celui de Eris (0,96). Une des données les plus intéressantes est obtenue par la forme très abrupte de l’apparition et la réapparition de l’étoile occultée, indiquant sans aucun doute l’absence d’atmosphère globale sur Makémaké (ou en tous cas avec une pression atmosphérique inférieure à 12 nanobars de méthane, excusez du peu…).

A partir des dimensions de la planète naine, de la contrainte de gravitation associée à l’absence d’atmosphère (le pouvoir de rétention des gaz volatils), et connaissant par ailleurs sa période de rotation (7,77 heures), les astronomes en déduisent sa masse et donc sa densité, qui était jusqu’alors inconnue, et qui vaut 1,7±0.3…

On voit ainsi se dessiner trois planètes naines qui ont quelques points communs et beaucoup de différences. Le très fort albédo de Eris et son absence d’atmosphère est expliqué par le fait que l’atmosphère s’est entièrement condensée en glace très réfléchissante. Makémaké montre un autre cas avec une absence d’atmosphère globale mais un albédo moyen. L’explication avancée par les auteurs de cette étude serait l’existence d’une atmosphère localisée, avec des zones de condensation et de sublimation gazeuses elles-aussi localisées sur la surface… Étonnant, non ?

Encore une curiosité de plus pas si loin de chez nous, dont il reste à découvrir si les processus sont dirigés essentiellement par la chaleur du soleil ou par d’autres mécanismes.


Source :
Albedo and atmospheric constraints of dwarf planet Makemake from a stellar occultation
J. L. Ortiz, et al.
Nature 491, 566–569 (22 November 2012)

26/10/12

Des Bandes Nuageuses sur Uranus

 De toutes nouvelles images à haute résolution de l'autre planète bleue, Uranus, viennent d'être rendues publiques et montrent des choses encore inexpliquées... De jolies bandes, à l'image de ce que qu'on connaît mieux sur Jupiter et Saturne, et d'autres phénomènes...

Uranus. Credit: Lawrence Sromovsky, / University of Wisconsin-Madison
Uranus, qui est la septième planète de notre système, est une petite géante composée essentiellement de méthane, d'eau, d'ammoniac et d'hydrocarbures, le tout à des températures très fraîches et sous haute pression.
Elle a été en quelques sorte redécouverte en 1986 quand la sonde Voyager 2 la frôla et fit ses plus célèbres clichés, montrant une planète bleu-vert, à l'aspect relativement uniforme.

L'image que nous offrent les physiciens de l'Université du Wisconsin qui ont scruté Uranus avec le télescope Keck II, situé à Hawaï, est bien différente et pourrait presque être considérée comme une nouvelle redécouverte de ce monde lointain.
Cette nouvelle image est le fruit d'une combinaison de plusieurs images prises dans l'infra-rouge. L'équipe de Lawrence Sromovsky ont utilisé cette technique pour réduire au maximum le bruit de fond et découvrir de nouveaux détails sur l'atmosphère uranienne. Ces résultats ont été annoncés la semaine dernière lors de la 44ème rencontre annuelle de l'American Astronomical Society’s Division of Planetary Sciences qui s'est tenue à Reno, Nevada.
Uranus vue par Voyager 2 (NASA/JPL)
 
Et ce que révèlent ces images sont de nombreuses nouveautés sur Uranus : des nuages en mouvement, des ouragans énormes, et des formes d'ondulations jamais vues nulle part auparavant, qui se situent juste au sud de l'équateur de la planète.
Les motifs d'ondulation en forme de tresse pourraient être dus à des phénomènes de cisaillement du vent ou des instabilités atmosphériques, mais c'est encore une grosse inconnue...
Les données montrent également que des nuages d'hydrogène, d'hélium et de méthane se déplacent à des vitesses de l'ordre de 900 km/h... 

Les images ont également permis de révéler des bandes autour d'Uranus, mettant en évidence une bizarrerie importante de la planète. Uranus est inclinée presque complètement sur ​​le côté, avec les bandes de nuages qui apparaissent ainsi verticales et non horizontales ​​comme celles de Jupiter. 

De plus, le pôle Nord de Uranus possède d'inhabituelles taches de convection qui indiquent probablement la présence d'un ouragan polaire gigantesque.
Uranus vue par Hubble Telescope (NASA)
Les systèmes météorologiques paraissent tout de même relativement stables sur Uranus, à l'image de ce qu'on connait sur les autres géantes gazeuses, les cyclones restant le plus souvent à la même latitude pendant des années.
Il faut garder en tête que c'est le Soleil qui fait le climat, et aussi sur Uranus. Or il est 900 fois moins lumineux sur Uranus qu'en Provence... 
Mais il semblerait que certaines tempêtes uraniennes montrent des changement incompris dans leur forme et leur taille et semblent plus puissantes que ce qu'elles devraient être compte tenu du faible éclairement solaire disponible...

Le monde d'Uranus redécouvert nous montre que notre système solaire est d'une richesse complexe. Tout semble encore à découvrir, même dans notre voisinage...



Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Panoptic 24 mm, TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad

04/06/12

Les Mystères de l'Astronomie (7/8) : Pourquoi le Système Solaire est-il si Bizarre ?

La revue Science en fait sa couverture cette semaine : les Mystères de l'Astronomie... Les rédacteurs de la célèbre revue américaine ont sélectionné, sur l'avis de nombreux spécialistes, 8 mystères astrophysiques, qui sont aujourd'hui incompris et qui devraient pouvoir être élucidés par l'observation, à moins qu'ils ne le soient jamais. Ils restent autant de questions très intrigantes... Nous allons passer en revue un à un ces grand mystères d'aujourd'hui.

7/8 : Pourquoi le Système Solaire est-il si Bizarre ?

On a désormais pris l’habitude d’entendre parler de planètes étranges tournant autour d’étoiles lointaines, des petites Jupiter, des grosses Neptunes, des exoTerres, chaudes pour les unes, froides pour les autres, bref, des mondes étonnants. Mais on oublie peut-être bien vite que les mondes les plus étranges se trouvent tout près de nous, au sein même de notre système solaire.

13/04/12

Les Rêves d'Eau sur Mars s'évaporent...

Mars a-t-elle vraiment eu de l'eau liquide à sa surface dans le passé ? Cette question récurrente trouve aujourd'hui une nouvelle réponse.

Il faut se rappeler que ce débat a débuté dès le 19ème siècle quand l'astronome italien Giovanni Schiaparelli crut voir des canaux remplis d'eau sur la planète rouge. Mars était-elle une planète humide ? On sait aujourd'hui que ces pseudo canaux n'étaient qu'illusions.

29/03/12

Mercure, Planète de Fer !

On vient d'en apprendre un peu plus sur Mercure, cette petite (4878 km de diamètre) planète brûlante par sa proximité du Soleil. Une sonde est actuellement en train de tourner autour, de son petit nom MESSENGER. Et une équipe américaine a utilisé MESSENGER avec une méthode très particulière pour en déduire la nature de l'intérieur de la planète Mercure.
Cette méthode a consisté à suivre le plus précisément possible la trajectoire de la sonde au cours de ses orbites autour de la planète par suivi radio. Pour cela, les grandes oreilles de la NASA ont été déployées (le réseau Deep Space Network (DSN) écoutant ce qui se passe à 8 GHz en direction de Mercure).

Cartographie altimétrique de Mercure (NASA, Science)
De ces données de positions, les astrophysiciens ont recalculé le champ de gravitation de la planète produisant les mouvements observés. Ainsi, associées à des données connues sur la topologie et la rotation de Mercure, de grandes anomalies gravitationnelles ont pu être mises en évidence dans l'hémisphère Nord de la planète. Smith et al.  ont réussi à montrer que la croûte de Mercure était plus épaisse à l'équateur qu'aux pôles par exemple. 
Mieux : grâce à ces données, les chercheurs ont mesuré le moment d'inertie de la planète et surtout le rapport du moment d'inertie de la couche solide externe sur celui des couches internes. Ils en déduisent un modèle pour la distribution radiale de la densité de Mercure.

La découverte qu'ils ont faite est que le cœur de fer de Mercure semble bien plus gros que ce qu'on pensait généralement. Il représenterait 85% du rayon. Mercure est presque entièrement une planète de fer !
Ce gros noyau de fer serait en grande partie liquide, avec un cœur probablement solide. Il est entouré par une couche pas très épaisse de sulfure de fer…
Mais MESSENGER possède également à bord ses propres instruments de mesure pour étudier la surface de Mercure, et notamment un laser qui lui permet de mesurer l'altimétrie, c'est-à-dire le relief de la planète. L'hémisphère Nord de Mercure a été cartographié de cette manière et les résultats indiquent que Mercure est finalement très plate.
Son relief est par exemple bien moins accidenté que celui de Mars ou de la Lune. Les chercheurs de l'équipe de Maria Zuber du MIT ont montré que le bassin d'impact Caloris (1500 km de diamètre) a subi une lente élévation et montre une très faible pente quasi linéaire qui s'étend sur près de la moitié de la circonférence de Mercure aux latitudes moyennes…

Ces premiers résultats concernent principalement l'Hémisphère Nord de Mercure. On attend maintenant d'autres données concernant son hémisphère Sud, MESSENGER tourne en effet dans une orbite Nord-Sud depuis un an maintenant et les données affluent chaque jour... 

Sources :
Gravity Field and Internal Structure of Mercury from MESSENGER
David E. Smith et al.
Science 21 March 2012

What lies beneath Mercury's surface 
Nature 483, 513  (29 March 2012)

Topography of the Northern Hemisphere of Mercury from MESSENGER Laser Altimetry
Maria Zuber et al.
Science 21 March 2012


05/11/11

Eris : Une soeur jumelle pour Pluton

Voilà qu'on en sait plus sur cette planète naine qui navigue aux confins de notre système, la dénommée Eris. Elle a pu être caractérisée très précisément grâce à son passage devant une étoile lointaine, une occultation.
Cet événement a été observé fin 2010 par des télescopes de l'ESO (European Southern Observatory), parmi lesquels le télescope Belgo-suisse TRAPPIST qui est installé à l'Observatoire de La Silla.

Concernant sa taille, Eris est presque une jumelle parfaite de Pluton, puisque son diamètre a été évalué à 2326 +- 12 km. C'est une très bonne précision, bien meilleure que celle avec laquelle on connaît Pluton (2350 +- 50 km), qui est elle plus difficile à estimer du fait de l'existence d'une atmosphère qui "floute" le profil de lumière lors d'une occultation.

Point d'atmosphère visiblement sur Eris, mais en revanche sa surface est très réfléchissante, avec ce qu'on appelle un albedo de 0.96 (96% de la lumière est réfléchie à sa surface), ce qui fait de Eris l'un des objets les plus réflechissants de notre système solaire, après Encélade, le satellite glacé de Saturne...

D'où vient ce fort albedo ? Pour le savoir, le spectre d'absorption a été étudié et il a été montré la présence d'azote et de méthane; on serait alors en présence d'une surface de glace à deux saveurs, toutes deux  d'un blanc magnifique : azote/méthane, hummm....
En revanche, point de batailles de boules de neige en perspectives sur Eris... cette couche de glaces ne ferait que moins de 1 mm d'épaisseur à la surface de l'astre.

Vue d'artiste de Eris (ESO)
Il semblerait que cette couche de glace puisse résulter simplement de la condensation sous forme de givre d'une atmosphère d'azote et de méthane lorsqu'Eris s'éloigne du soleil sur son orbite très allongée.
Ce qui veut dire aussi que quand Eris est au plus près de notre bonne étoile, à environ 5.7 milliards de kilomètres tout de même, excusez du peu, la couche de glace pourrait se sublimer (redevenir du gaz), et Eris devenir très sombre...

Ce n'est pas tout, on les chercheurs exploitant TRAPPIST ont également pu estimer la température de surface de Eris (du moins la surface éclairée faisant face au soleil), et celle-ci vaut 33 K, soit -238°C. A gla gla.... et c'est beaucoup plus froid de l'autre côté (côté dans l'obscurité).

Dernière caractéristique qui a pu être calculée précisément sur Eris, sa densité ! Et pour calculer ça, il faut connaître sa masse et son volume et diviser l'un par l'autre. Le volume est connu grâce au diamètre mesuré. Reste la masse. Il se trouve que Eris possède un petit satellite, qui se prénomme Dysnomia.
Il suffit de mesurer le mouvement de Dysnomnia autour de Eris pour calculer sa masse. Et elle vaut 1,66 x 1022 kg - ce qui est seulement égal à 22% de la masse de la Lune - !...

La densité de Eris a donc été estimée à 2.53 (pour info la Lune est plus dense, 3.33, ce qui explique en partie la différence de masse).

Avec la valeur de densité, on en déduit des hypothèses quant à la nature interne de Eris, qui est probablement rocheux, avec une petite couche de glace, donc...


sources : ESO, Nature



Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad