A Berlin se trouve un véritable trésor. Exposé au Neues Museum, on peut admirer ce cône ornemental en or, daté d'environ 1000 av JC, à la fin de l'âge de bronze. Cette pièce ornementale est une coiffe qui était arborée par des personnalités importantes lors de probables cérémonies. Mais il ne s'agit pas que d'un chapeau en or presque pur (87,7% d'or, 9,8% d'argent), non, il s'agit surtout d'un système de calcul astronomique extrêmement élaboré.
Haut de 75 cm, le cône en or de Berlin est découpé en 21 bandes horizontales chacune décorées par des signes différents, la plupart circulaires ou dotés de multiples cercles concentriques.
Le "GoldHut" de Berlin au Neues Museum (détail), Philip Pikart |
L'une des bandes horizontales est particulière: elle est décorée d'une rangée de croissants couchés, chacun au sommet d'un symbole en forme d'amande ou d'œil.
La pointe du cône est quant à elle agrémentée d'une étoile à huit branches sur un fond de poinçons décoratifs.
La jonction du tronc avec la collerette est faite par une large bande striée verticalement. La collerette, elle, est décorée avec des motifs semblables à celles du cône lui-même, en forme de disques.
Les archéologues se sont penchés sur la signification que pouvaient avoir tous ces signes. Ils ont découvert que tous ces ornements formaient des séquences systématiques de nombres et de types de signes, qui permettaient de déterminer des dates à la fois par un calendrier lunaire et un calendrier solaire...
Le "GoldHut" de Berlin au Neues Museum, Philip Pikart |
Il est apparu que chaque symbole représente un jour, et que, à coté des bandes horizontales composées de différentes quantités de symboles existaient des zones intercalaires, qui entraient dans les calculs (zones 5,7, 16 et 17).
Le déchiffrement de la méthode arithmétique utilisée par nos lointains ancêtres d'Europe Occidentale il y a 3000 ans fut achevé lorsque l'on comprit comment utiliser ces bandes intercalaires dans le calcul.
Les astronomes de la fin de l'âge de bronze avaient essentiellement pour référence les deux astres les mieux visibles à l'oeil, que sont le soleil et la lune. Et ils avaient déjà très bien compris comment calculer les périodes de la lune au cours d'une année solaire.
Chaque bande horizontale possède une valeur numérique qui est calculée par le nombre de symboles qu'elle contient et par leur type. Par exemple, dans la bande numéro 12, le symbole est constitué de 5 cercles concentriques et il y en a 20, la valeur est ainsi 20 x 5 = 100.
A partir d'une zone donnée, on commence par additionner la valeur des symboles dans une section donnée. Pour obtenir le nombre de jours en calendrier lunaire ou en calendrier solaire, il suffit d'ajouter ou soustraire le nombre de symboles dans la même section de décompte qui se trouvent sur les bandes intercalaires.
Le nombre de jours ainsi obtenus pour les différentes sections vaut 365, 548, 729, 1100, 1097, 1461, 1462, 1644, 1644 et 1739, soit 12, 18, 24, 36, 48, 54 et 57 mois, avec deux redondances, et dans la variante lunaire : 355, 710, 1062, 1059, 1424, 1423, 1597 et 1682 jours, soit exactement le même nombre de mois (lunaires) là encore avec deux redondances.
On peut voir que l'erreur commise en nombre de mois est extrêmement faible, inférieure à 0.5% dans tous les cas.
Le décodage du GoldHut, calendrier lunisolaire |
Les hommes de la fin de l'âge de bronze pouvaient ainsi grâce à ce type de cône ornemental calculer jusqu'à 1739 jours, soit 4 ans et 9 mois.... ainsi que exactement le même nombre de mois mais lunaires, soit jusqu'à 1682 jours dans cette variante. Ce type d'instrument permettait également de convertir temporalité "lunaire" et temporalité "solaire". Rien ne nous dit en revanche à quoi pouvait bien correspondre la durée maximale calculable d'un peu moins de cinq ans...
L'élaboration d'un tel système calendaire complexe dès 1000 av. JC en Europe nous enseigne que malgré leur absence d'écriture, les européens de cette époque avaient su effectuer des observations très précises des phases de la lune et de la trajectoire du soleil dans le ciel. Ils avaient surtout su coder ces informations de manière élaborée. L'existence de ce type de cône ornemental, dont seulement 4 exemplaires ont été retrouvés (dans le sud de l'Allemagne et en France) prouve que la civilisation protohistorique d'Europe avait une connaissance du ciel pas si éloignée de celle des civilisations déjà très avancées du Moyen-Orient ou d'Asie de la même époque.
Plus d'infos sur le Neues Museum de Berlin : http://www.neues-museum.de/
3 commentaires :
Fascinant !
Tres intéressant, de l'or pour la science, pas mal les ancêtres !!!
Fabuleux!
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