20/05/14

Des Microbes sur Mars ?

Des dizaines d’espèces de microbes ont pu accompagner le rover Curiosity sur Mars, où il a atterri en août 2012. Il semble effectivement que des microbes clandestins aient pu échapper à la vigilance des méthodes de nettoyage avancées de la NASA avant le lancement de la sonde. Mais personne ne peut affirmer si ces bactéries ont survécu ou non à leur voyage interplanétaire.



Une étude qui s’est penché sur plus de 300 souches bactériennes prélevées sur Curiosity avant son départ a montré qu’un nombre étonnamment élevé résiste à des températures extrêmes et aux dommages causés par le rayonnement ultra-violet dur (les UV C). Ces résultats qui ont été présentés le 19 mai lors du meeting annuel de l’American Society for Microbiology sont les premiers du genre permettant de comprendre comment certaines bactéries peuvent survivre à une décontamination et à un vol spatial.

Curiosity sur Mars (NASA/JPL)
Ce travail donne des informations capitales sur ces microbes qui peuvent être des explorateurs spatiaux, comme on les appelle. Le frottis des différentes surfaces de Curiosity avant son lancement, a révélé pas moins de 65 espèces différentes de bactéries. La plupart étaient du genre Bacillus. Une fois rapportées au labo, les biologistes leur ont fait subir des tas de mauvais traitements : dessèchement, exposition UV, froid et acidité extrêmes. 
Résultat : Environ 11% des 377 souches ont survécu à plus d’une de ces conditions très sévères. Et 31% de ces bactéries résistantes n’ont pas formé de spores de protection. Les chercheurs estiment qu’elles ont utilisé d’autres moyens biochimiques de protection, comme des modifications métaboliques.
Stephanie Smith de l’université de l’Idaho, qui a mené cette étude, précise qu’au début de ce travail, rien n’était connu sur les organismes collectés.
Un travail plus ancien, dirigé par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA, s’était intéressé aux microbes isolés sur les structures de montages du rover Curiosity. Il avait conduit à recenser l’ensemble des microbes présents.

L'identification de ces espèces résistantes aide à évaluer les niveaux de contamination résiduelle sur de tels engins spatiaux. 

Bacillus Subtilis
Alors que les sondes spatiales passent par de multiples phases de nettoyage et désinfection pour assurer l'absence de contamination, des rapports de la NASA suggèrent que les développeurs du projet Curiosity n'ont pas suivi les protocoles de protection à la lettre... Ces protocoles sont des précautions, car bien sûr, on ne sait pas très bien si ces petites bêtes peuvent tolérer les conditions très dures de la surface martienne...

Et les planétologues ne sont pas rassurés. Ils s'inquiètent que ces souches microbiennes puissent contaminer le sol de Mars ou potentiellement atteindre des échantillons de roches qui seraient collectés par de futures missions, laissant croire à l'existence d'une vie microbienne martienne...

Les données qui ont été présentées par Stephanie Smith et son équipe devrait aider les spécialistes de la NASA à revoir leurs procédures de désinfection, elles indiquent surtout que ce sujet mérite encore d'être fouillé. La connaissance des espèces bactériennes qui peuvent survivre à un voyage interplanétaire est d'autant plus crucial dans l'optique de la future mission américaine planifiée en 2020 avec un rover quasi identique à Curiosity, mais avec l'objectif de rapporter des échantillons sur Terre... Ça serait tout de même ballot de découvrir des bactéries martiennes ayant fait l'aller-retour.


Source :
Microbial stowaways to Mars identified
J. Madhusoodanan
Nature, 19 May 2014

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