Après de nombreuses simulations pour reproduire les observations de l'aspect déformé de notre galaxie qu'avait trouvé le télescope Gaia, une équipe de chercheurs montre que cette déformation et cet évasement très particuliers sont bien reproduits par l'effet d'un halo de matière noire qui serait légèrement décalé par rapport au disque galactique. Ils publient leur étude dans Nature Astronomy.
Astronomie, Astrophysique, Astroparticules, Cosmologie. L'infini se contemple, indéfiniment. ISSN 2272-5768
mardi 26 septembre 2023
Un halo de matière noire incliné à l'origine de la déformation du disque de la Voie Lactée
Après de nombreuses simulations pour reproduire les observations de l'aspect déformé de notre galaxie qu'avait trouvé le télescope Gaia, une équipe de chercheurs montre que cette déformation et cet évasement très particuliers sont bien reproduits par l'effet d'un halo de matière noire qui serait légèrement décalé par rapport au disque galactique. Ils publient leur étude dans Nature Astronomy.
dimanche 24 septembre 2023
Du CO2 détecté à la surface de Europe provenant de son océan
Europe, la lune glacée de Jupiter, possède un océan souterrain sous une croûte de glace d'eau. Du dioxyde de carbone solide a déjà été observé à sa surface, mais la source était encore inconnue. Deux équipes ont analysé la surface d'Europe par spectroscopie infrarouge à partir du télescope spatial Webb pour étudier la source de CO2. Les deux équipes arrivent à la même conclusion : le carbone provient de l'océan interne. Les études sont parues dans Science.
samedi 23 septembre 2023
Climat changeant sur Saturne à l'approche de l'automne
Une équipe de planétologues a découvert grâce au télescope Webb que la fin de l'été boréal de Saturne subit un refroidissement important. D'énormes flux de gaz à l'échelle planétaire ont visiblement inversé leur direction à l'approche de l'automne saturnien. Ce sont aussi les dernières images du pôle Nord de Saturne avant plusieurs années... L'étude est parue dans Journal of Geophysical Research.
mercredi 20 septembre 2023
Découverte de 6 destructions explosives de naines blanches par des trous noirs massifs
Un duo d’astrophysiciens américains vient de trouver 6 supernovas de type Ia atypiques. Elles auraient été déclenchées à cause du trop fort rapprochement d’une naine blanche d’un trou noir très massif, mais pas supermassif. Ils publient leur découverte dans The Astrophysical Journal.
Toutes les destructions maréales d’étoiles (TDE, tidal disruption event) connues à ce jour, il y en a 70, impliquent la dislocation d'étoiles « normales », mais des TDE de naines blanches devraient également exister (comme l’avaient montré Luminet et Marck en 1985). Ils avaient montré que lorsqu'une naine blanche est perturbée lors d'une rencontre profonde avec un trou noir, la naine blanche peut être suffisamment comprimée par l’effet de marée pour déclencher une ignition thermonucléaire. Le transitoire observable résultant d’une telle explosion thermonucléaire devrait ressembler à une supernova de type Ia, mais être moins lumineux, étant donné que la dislocation d'une naine blanche par un trou noir n'exige pas forcément qu'elle ait une masse proche de la limite de Chandrasekhar (1,4 masse solaire) comme dans une SN Ia classique.
Et pour qu'une naine blanche soit détruite par l’effet de marée, le trou noir doit avoir une masse inférieure à 105 M⊙ parce que s’il est plus gros, la courbure de l’espace-temps qu’il produit n’est pas suffisamment forte pour disloquer l’étoile compacte. Dans ce cas, la naine blanche plonge directement dans le trou noir en restant intacte jusqu’à l’horizon des événements. Trouver un TDE Ia implique donc la découverte directe d'un trou noir de masse intermédiaire (de moins de 105 M⊙).
Sebastian Gomez et Suvi Gezari (Space Telescope Science Institute), ont recherché spécifiquement de tels événements si insaisissables. Ils ont fouillé dans les données d’alerte de la Zwicky Transient Facility en limitant leur recherche aux événements transitoires étant apparus dans des galaxies naines, qui sont les sites les plus probables pour la présence d’un trou noir de masse intermédiaire. Ils ont trouvé un total de six candidats TDE Ia possibles. Parmi ces 6 supernovas, étant toutes apparues entre 2019 et 2021, SN 2020lrt est la candidate TDE Ia la plus probable, d’après eux, grâce à la forte ressemblance de sa courbe de lumière et de son spectre avec les modèles des TDE Ia publiés en 2016 par MacLeod et al. et qui font consensus aujourd’hui. MacLeod et al. avaient montré que la caractéristique qui rend les TDE Ia vraiment uniques par rapport aux autres types de supernovas Ia, c’est leur émission multi-longueur d'onde. Elle inclut en effet à la fois l'émission de rayons X d'un disque d'accrétion et l'émission radio de rémanence d'un jet, des caractéristiques liées à l’interaction avec le trou noir, qui n’existent pas dans les supernovas Ia classiques, et qui devraient être identifiables dans un délai d'environ un mois à un an après la dislocation/explosion. Une étude de suivi avec des télescopes X et radio est ainsi une approche réalisable pour vérifier leur nature.
Lorsqu’ils ont cherché des TDE Ia dans les archives en dehors de la zone des noyaux galactiques, donc dans la périphérie des galaxies, les chercheurs n’ont trouvé aucunes candidates plus robustes que celles qu’ils ont trouvé dans les noyaux galactiques. Ce simple fait fait dire à Gomez et Gezari que les candidats TDE Ia qu’ils ont identifiés sont des naines blanches comprimées par des trous noirs massifs au coeur des galaxies, par opposition aux supernovas Ia classiques qui peuvent se produire n'importe où dans une galaxie.
Parmi les 6 candidates TDE-Ia, deux étaient précédemment classées comme des SN Iax, une comme une SN II, une comme une SN Ib; les deux autres n’ayant pas reçues de classification. La plus probable, SN 2020lrt, est l’une des deux qui avaient été classées comme une SN Iax par Dahiwale & Fremling en 2020. Les SN Iax sont des supernovas très ressemblantes aux SN Ia typique, mais moins lumineuses et avec des vitesses d'éjecta plus faibles, on pense aujourd'hui qu'il pourrait s'agir d'explosions de naines blanches partielles, laissant derrière elles un morceau de la naine blanche. On comprend pourquoi une SN Iax peut être confondue avec un TDE Ia qui peut impliquer une naine blanche de faible masse...
Gomez et Gezari ont également mesuré la masse stellaire des galaxies naines qui hébergent ces transitoires ressemblant à des supernovas Ia moins puissantes, et ils montrent qu’elles font toutes moins de 109 M⊙. S'il est confirmé qu'elles abritent bien des trous noirs massifs, elles prouveraient l'existence de trous noirs de masse intermédiaire dans certaines des galaxies de plus faible masse connues.À ce jour, seule une poignée de trous noirs a été découverte dans la gamme de masse dite intermédiaire, entre 100 et 100 000 masses solaires et leur distribution en dessous de 106 M⊙ est mal comprise. Optimiser les critères de sélection des transitoires pour rechercher des candidats TDE-Ia dans les études existantes et futures pourrait être le meilleur moyen de découvrir plus trous noirs intermédiaires et permettre leur suivi dans le temps.
Un calcul dynamique effectué en 2022 par le Monte Carlo Cluster Simulator (Tanikawa et al.) suggère que le taux de TDE provenant de trous noirs de masse intermédiaire dans les amas d'étoiles de l'Univers local serait suffisamment élevé pour que le sous-échantillon qui impliquerait des naines blanches avec une explosion thermonucléaire (donc un TDE-Ia) serait détecté à un taux compris entre 100 et 500 par an par le télescope Rubin, dont la première lumière est prévue en 2024…
Source
The Search for Thermonuclear Transients from the Tidal Disruption of a White Dwarf by an Intermediate-mass Black Hole
Sebastian Gomez and Suvi Gezari
The Astrophysical Journal, Volume 955, Number 1 (15 september 2023)
https://doi.org/10.3847/1538-
Illustrations
1. Courbes de lumière et localisation des 6 candidates TDE Ia (Sebastian Gomez and Suvi Gezari)
2. Suvi Gezari
3. Sebastian Gomez
mardi 19 septembre 2023
Le lithium du Soleil
Une équipe d’astrophysiciens brésiliens a évalué l'effet combiné de l'âge et de la masse stellaire sur l'abondance du Lithium dans un échantillon de 153 étoiles de type solaire dont 74 nouvelles étoiles. Ils trouvent une incompatibilité avec les modèles stellaires standards. L’étude est publiée dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
dimanche 17 septembre 2023
Le cas K2-18 b et sa potentielle biosignature
Tout le monde en parle, le télescope Webb aurait détecté une trace de biosignature dans l'atmosphère de la planète K2-18 b : du sulfure de diméthyl, que seuls du phytoplancton et des bactéries peuvent produire. Voyons un peu plus en détail ce que les chercheurs qui ont fait cette étude disent dans leur article, qui a été accepté pour publication dans The Astrophysical Journal Letters il y a quelques jours...
vendredi 15 septembre 2023
Des collisions d'étoiles dans le centre galactique
Une équipe d’astrophysiciens américains a étudié le devenir des étoiles qui entourent le trou noir supermassif au centre de notre galaxie. Ils montrent l’existence de processus de collisions destructrices entre étoiles, mais aussi des collisions qui peuvent produire des fusions stellaires pouvant mener à des étoiles de plus de 10 masses solaires. Ils trouvent également une explication pour les étranges objets G détectés autour de Sgr A*, des objets stellaires enveloppés de poussière et de gaz, qui pourraient résulter de ces collisions stellaires. Leur étude est publiée dans The Astrophysical Journal.
jeudi 14 septembre 2023
La croissance ralentie des grandes structures de l'Univers résout 2 tensions du modèle ΛCDM (mais en ajoute une nouvelle)
À mesure que l'univers évolue, la relativité générale et le modèle cosmologique standard qui en dérive prédisent que les grandes structures cosmiques doivent croître à un certain rythme : les régions denses comme les amas de galaxies, deviennent plus denses, tandis que les vides deviennent plus vide, à un certain rythme. Mais des chercheurs viennent de trouver que ce rythme de croissance est plus lent que ne le prévoit la théorie. Cela permet de résoudre des tensions existantes sur des paramètres du modèle standard, mais ça en crée une nouvelle et met le modèle standard à nouveau en difficulté. L’étude est publiée dans Physical Review Letters.
mercredi 13 septembre 2023
Découverte d'une étoile dévorée périodiquement par un trou noir supermassif
Une équipe de chercheurs vient de découvrir une source périodique de rayons X autour d’un trou noir supermassif. Elle ressemble fortement à une destruction d’étoile partielle qui aurait lieu à chaque passage à proximité du trou noir, toutes les quelques semaines. L’étude est publiée dans Nature Astronomy.
lundi 11 septembre 2023
50 nouveaux amas globulaires dans la galaxie d'Andromède
Une équipe d’astrophysiciens chinois a déniché 50 nouveaux amas globulaires candidats dans la galaxie d’Andromède (M31) grâce à des algorithmes d’apprentissage appliqués sur des données de Gaia et du Pan-Andromeda Archaeological Survey (PAndAS). Ils publient leur étude dans The Astrophysical Journal.
samedi 9 septembre 2023
Sgr A* : un épisode d'activité accrue en 2019
Historiquement, Sgr A* n'est pas le nom du trou noir supermassif de notre galaxie, c'est le nom d'une source radio quasi ponctuelle très variable qui se situe exactement au centre de notre galaxie. Il se trouve qu'elle est induite par la présence de ce fameux trou noir d'un peu plus de 4 millions de masses solaires qui lui a accaparé son nom. Aujourd'hui, une équipe d'astrophysiciens s'est plongée dans des données archivées de la zone de Sgr A*, non pas dans le domaine radio, mais dans le domaine du proche infra-rouge. Ils ont découvert qu'il s'était vraiment passé quelque chose d'atypique en 2019... L'étude est publiée dans The Astrophysical Journal Letters.
mercredi 6 septembre 2023
L'énigme de l'oxygène de Callisto
lundi 4 septembre 2023
Observation d'une ceinture de radiation et d'aurores sur une naine brune
Une équipe d'astrophysiciens espagnols a observé la présence d'une ceinture de radiations et d'aurores autour de et sur une naine brune grâce à des données interférométriques en ondes radio. Cette ceinture de plasma signe l'existence d'un champ magnétique dipolaire, à l'image de ce qu'on connaît sur Jupiter, et elle pourrait avoir pour origine les rejets de particules ionisées d'une petite planète, à l'instar de Io avec Jupiter. L'étude est parue dans Science.
samedi 2 septembre 2023
Non, les trous noirs ne sont pas à l'origine de l'énergie sombre
Le 15 février dernier (épisode 1455), je vous relatais la publication d'une étude ébouriffante qui proposait le grossissement des trous noirs à cause de l'expansion de l'espace-temps, les propulsant alors comme l'origine de l'accélération de l'expansion à grande échelle grâce à cette caractéristique signant leur nature sous-jacente. Faisons donc le point sur cette étude 6 mois plus tard. Deux mois après la publication de Farrah et al., un astrophysicien américain publiait la démonstration observationnelle que ce phénomène (et donc la théorie sous-jacente) était impossible. Il a publié sa contre-étude dans The Astrophysical Journal Letters.
jeudi 31 août 2023
Eta Carinae fait disparaître son Homonculus
Eta Carinae fascine les astronomes depuis le début du 19ème siècle. Sujette à de multiples épisodes de changements brutaux de luminosité au 19ème et au 20ème siècle, cette étoile double massive en fin de vie est aujourd’hui entourée d’une épaisse nébuleuse de poussière bipolaire qui a été nommée l’Homonculus en 1950. Aujourd’hui, une équipe d’astrophysiciens étudie l’Homonculus avec des données spectroscopiques du télescope Hubble pour comprendre l’évolution récente de Eta Carinae. Ils publient leur étude dans The Astrophysical Journal.
mardi 29 août 2023
Première analyse des rayons gamma de Jupiter, à la recherche de matière noire...
Pour la première fois, des astrophysiciens ont analysé l’émission gamma de Jupiter. Cette recherche est importante car elle pourrait indiquer des traces de phénomènes très particuliers comme des annihilations de particules de matière noire qui se seraient accumulées dans la géante gazeuse. La détection des rayons gamma par le télescope Fermi-LAT montre la présence d’un signal à basse énergie mais qui n’est pas statistiquement significatif, menant donc à la détermination de limites drastiques sur la probabilité d’interaction de la particule de matière noire hypothétique avec les protons. Jupiter est ainsi devenue notre plus gros détecteur de matière noire et le plus sensible à basse énergie. L’étude est parue dans Physical Review Letters.
lundi 28 août 2023
Détection d'une deuxième planète errante de type terrestre
Une équipe de chercheurs japonais et néo-zélandais rapporte la découverte d'une planète errante de la taille de la Terre grâce au phénomène de microlentille gravitationnelle. Cette planète a une masse de 0,75 fois la masse de la Terre. L'étude est publiée dans The Astronomical Journal.
vendredi 25 août 2023
La vitesse ultime des trous noirs errants
jeudi 24 août 2023
Des étoiles hypervéloces éjectées par les amas globulaires
Un duo d’astrophysiciens publie une étude dans The Astrophysical Journal montrant comment les rencontres entre étoiles au sein des amas globulaires peuvent mener à des éjections d’étoiles à très grande vitesse, plus de 2000 km.s-1. Mais les amas globulaires ne produisent par là qu’une infime fraction des étoiles hypervéloces de notre galaxie…
Les environnements denses au cœur des amas globulaires facilitent de nombreuses rencontres dynamiques entre objets stellaires. Il a été démontré depuis longtemps que ces rencontres peuvent éjecter des étoiles de l'amas globulaire hôte, qui deviennent alors soit des étoiles fugitives ou soit des étoiles hypervéloces si leur vitesse est telle qu’elles ne sont plus liées au potentiel galactique. Elles sont alors vouées à quitter définitivement la galaxie.
L’éjection d’étoiles hypervéloces a été théorisée par Hills en 1988, où il avait montré que leur origine était la perturbation dynamique d'une binaire stellaire par un trou noir supermassif. Le mécanisme de Hills serait capable d'accélérer les étoiles à des vitesses considérables allant jusqu'à 4000 km s-1. Depuis la première découverte d’une étoile hypervéloce par Brown et al. en 2005, une poignée d'objets candidats ont été identifiés dans la Voie Lactée, notamment l'objet S5-HVS1, arborant une vitesse de 1700 km s-1 (mesurée par Koposov et al. en 2020). S5-HVS1, ainsi que plusieurs autres, est bien expliquée en acceptant une origine au centre galactique, mais des études récentes entre 2018 et 2021 ont aussi trouvé des exemples d'étoiles à grande vitesse dont la trajectoire passée n’intersecte pas le centre galactique. De nombreuses étoiles précédemment classées comme hypervéloces sont en fait encore liées au potentiel galactique, et beaucoup de ces étoiles fugitives sont plus susceptibles d'avoir été éjectées du disque ou d'une galaxie satellite plutôt que du centre galactique.
Hormis le mécanisme de Hills, parmi les autres mécanismes d'accélération capables de produire des étoiles à grande vitesse figurent les scénarios de supernova binaire et les scénarios d'éjection dynamique. Dans un scénario de supernova binaire, l’étoile primaire la plus massive d'une binaire stellaire subit une supernova, qui accélère ensuite la compagne ; ce scénario a été prédit pour accélérer les étoiles à des vitesses de quelques centaines de kilomètres par seconde (Renzo et al. 2019 ; Igoshev et al. 2023), et si la compagne est exceptionnellement légère, cette dernière peut potentiellement atteindre une vitesse supérieure à 1000 km s-1 .
Le scénario d’éjection dynamique, quant à lui, concerne les interactions gravitationnelles fortes qui ont lieu entre trois à quatre objets stellaires et qui produisent un effet de fronde sur l’une des composantes. En 1991, Leonard avait étudié ces rencontres à l'aide de méthodes numériques et avait constaté que la limite supérieure de vitesse des produits de ces rencontres correspondait approximativement à la vitesse d'échappement de la surface de l'étoile la plus massive impliquée. Pour une étoile semblable au Soleil, cette vitesse d'échappement est de ∼620 km s-1, tandis que pour une étoile de 60 M⊙ de la fin de la séquence principale, elle est de ∼1400 km s-1.
Les amas globulaires sont des objets candidats évidents pour les deux mécanismes du scénario d’éjection dynamique en raison de leurs densités stellaires élevées, et ces mécanismes pourraient être exceptionnellement amplifiés en raison de la présence de trous noirs dans leur centre. Kremer et al. en 2018 et Giesers et al. en 2019 avaient montré qu’il devait exister des centaines de trous noirs par amas. Les trous noirs jouent des rôles importants dans l'évolution macroscopique des amas globulaires en dominant les interactions gravitationnelles dans le cœur des amas globulaires. Les trous noirs stellaires ont donc une position privilégiée lorsqu'on considère le scénario de l’éjection dynamique dans les amas globulaires, en particulier lorsqu'on cherche quelles peuvent être les vitesses maximales atteignables par ce mécanisme.
Tomás Cabrera et Carl Rodriguez (Carnegie Mellon University) se sont intéressés à la capacité des amas globulaires à produire des étoles hypervéloces, en se concentrant sur les rencontres entre étoiles binaires et uniques, car c’est le type le plus abondant de rencontres fortes, et plus particulièrement sur celles qui impliquent des objets compacts (c'est-à-dire la rencontre d’un couple d’étoiles avec un trou noir stellaire, une naine blanche, ou une étoile à neutrons).
Les chercheurs ont étudié les éjectas stellaires à grande vitesse provenant des amas globulaires en utilisant des modèles à 3 corps par simulation Monte Carlo. Ils ont ensuite couplé les populations discriminées par le modèle avec les catalogues d'observation des amas globulaires de la Voie Lactée afin de composer la population galactique actuelle d'éjecta stellaires à grande vitesse. Dans leurs calculs, Cabrera et ses collaborateurs trouvent que ces types de rencontres stellaires avec des objets compacts peuvent accélérer les étoiles à des vitesses supérieures à 2000 km s-1, ce qui est au-delà des limites précédemment qui avaient été prédites pour les éjectas provenant de rencontres d'étoiles seules (quelques centaines de km.s-1), et donc dans le même régime que les éjectas du centre galactique.
Les étoiles éjectées évoluent ensuite pour être largement indiscernables des autres étoiles de la Voie Lactée en termes de position, mais Cabrera et Rodriguez montrent que ces étoiles à haute vitesse se révèlent capables de conserver certaines informations sur le mouvement de leur amas globulaire d'origine, en particulier dans le cas des amas globulaires avec des orbites presque circulaires : La population globale d'éjecta est généralement concentrée autour du mouvement propre moyen de l’amas globulaire tout au long de son orbite.
Enfin, en évaluant le nombre d’étoiles fugitives et hypervéloces qui seraient produites par les amas globulaires et en le comparant avec leur population totale dans la galaxie, Cabrera et Rodriguez déterminent que les amas globulaires n’en produisent qu’une petite fraction. Pour les étoiles fugitives, ils en seraient à l’origine pour seulement 20% d’entre elles au maximum, et pour les étoiles hypervéloces, ce taux ne serait au maximum que de 1%.
Afin de donner des billes pour de futures observations, qui pourront plus facilement associer des étoiles hypervéloces avec des amas globulaires, Cabrera et Rodriguez fournissent une cartographie des régions crédibles pour les éjectas de 149 amas globulaires de la Voie Lactée.
Le mécanisme de Hills associé au trou noir supermassif Sgr A*, même s’il reste très majoritaire, n’a plus le monopole de la production des étoiles accélérées à plusieurs milliers de kilomètres par secondes qui quitteront la galaxie pour errer dans le milieu intergalactique, à la recherche d’une galaxie plus massive pour s’y accrocher…
Source
Runaway and Hypervelocity Stars from Compact Object Encounters in Globular Clusters
Tomás Cabrera and Carl L. Rodriguez
The Astrophysical Journal, Volume 953, Number 1 (2023 July 28)
https://doi.org/10.3847/1538-
Illustrations
1. L'amas globulaire M15 imagé par Hubble (NASA/ESA)
2. Tomás Cabrera (université de Caroline du Nord)
mardi 22 août 2023
Des impacts météoritiques à l'origine du volcanisme de Vénus
Une nouvelle étude de la formation de Vénus explique pourquoi la planète sœur de la Terre n’a pas eu le même destin, et a été submergée par une intense activité volcanique même en l’absence de plaques tectoniques. Tout proviendrait des impacts météoritiques qu’elle aurait subi étant jeune. L’étude est publiée dans Nature Astronomy.
lundi 21 août 2023
Observation d'une étoile progénitrice de magnétar
Une équipe d'astrophysiciens vient de mettre le doigt sur une étoile pas comme les autres : elle a toutes les propriétés pour former un magnétar lorsqu'elle explosera bientôt en supernova. C'est la première fois que l'on trouve une étoile potentiellement progénitrice de magnétar. L'étude est publiée dans Science.
dimanche 20 août 2023
Neptune n'est plus la même depuis 2020
vendredi 18 août 2023
Des fusions de naines blanches pour expliquer les pulsars jeunes des amas globulaires
vendredi 11 août 2023
Découverte d'une seconde source radio de type magnétar à très longue période
Le 26 janvier 2022, une équipe australienne publiait la découverte d'une source radio transitoire très atypique, qui ressemblait à un pulsar ou un magnétar mais avec une période ultra-longue de 18 minutes. L'équipe a poursuivi ses recherches d'objets similaires et ils viennent de trouver un second specimen du même genre, avec une période encore plus longue de 21 minutes qui produit des bouffées d'ondes radio qui durent jusqu'à 5 minutes à chaque fois. Comme pour la première découverte, les chercheurs publient leur étude dans Nature.
samedi 5 août 2023
Plus de 2600 éclairs par minute dans le panache du volcan Honga
L'éruption du 15 janvier 2022 du volcan Hunga, dans les îles Tonga, a battu tous les records. Selon une nouvelle étude parue dans Geophysical Research Letters, l'éruption a créé un orage "superchargé" qui a produit les éclairs les plus intenses jamais enregistrés. Près de 200 000 éclairs ont été émis dans le panache volcanique tout au long de l'éruption, avec un pic à plus de 2 600 éclairs par minute !
jeudi 3 août 2023
Le podcast Ça Se Passe Là-Haut
Depuis 2013, Ça Se Passe Là-Haut se décline en format audio, où les épisodes sont lus par votre serviteur. Le podcast est hébergé chez podCloud.fr et disponible sur toutes les plateformes. L'abonnement à un podcast est un bon moyen de ne rien rater, et permet de suivre Ça Se Passe Là-Haut n'importe où, dans les transports, dans son fauteuil ou dans son lit, un téléphone portable à portée de main.
Voici des liens directs vers les principales plateformes sur lesquelles vous retrouvez Ça Se Passe Là-Haut :
Apple podcasts : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/%C3%A7a-se-passe-l%C3%A0-haut/id939371969
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Deezer : https://www.deezer.com/fr/show/9163
Podcast Addict : https://podcastaddict.com/podcast/ca-se-passe-la-haut/2432886
podCloud : https://podcloud.fr/podcast/casepasselahaut
PocketCasts : https://pca.st/TG8X
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Et le lien du flux RSS de synchronisation que vous pouvez intégrer dans l'application de votre choix, comme par exemple Antenna Pod : https://casepasselahaut.lepodcast.fr/rss
A ce jour, le podcast contient 1525 épisodes, d'une durée comprise entre 5 et 12 minutes environ.
Bonne écoute !
mardi 1 août 2023
Vera à Woodstock [microfiction]
La lumière du soleil était aveuglante. Dès que Vera avait trouvé le mot, elle avait décidé d’y aller. Comme Bob était en Californie pour encore dix jours, elle avait demandé à sa fille Judith de rester à la maison pour garder ses deux petits frères. Vera venait de contourner Baltimore et roulait maintenant sur la route 83 en direction de Harrisburg. « Qu’est-ce qu’il lui a pris de partir comme ça sans rien dire, juste en laissant ce mot succinct ? »
Perdue dans ces pensées, Vera écoutait vaguement ce que disaient ces voisins, quand elle entendit soudain le mot « Woodstock ».