En 2017, l'objet interstellaire 1I/'Oumuamua a enflammé l'imagination des scientifiques et du public. C'était le premier visiteur connu provenant de l'extérieur de notre système solaire. Le fait qu'il s'éloignait du soleil d'une manière difficile à expliquer a rendu les spécialistes perplexes. Aujourd'hui, deux astrophysiciens proposent une solution extrêmement simple pour expliquer l'accélération non gravitationnelle qui était observée. Ils publient leur étude dans Nature.
Blog et Podcast - Astronomie, Astrophysique, Astroparticules, Cosmologie. L'infini se contemple, indéfiniment. ISSN 2272-5768
jeudi 23 mars 2023
Une explication simple pour l'accélération anormale de 1I/'Oumuamua
En 2017, l'objet interstellaire 1I/'Oumuamua a enflammé l'imagination des scientifiques et du public. C'était le premier visiteur connu provenant de l'extérieur de notre système solaire. Le fait qu'il s'éloignait du soleil d'une manière difficile à expliquer a rendu les spécialistes perplexes. Aujourd'hui, deux astrophysiciens proposent une solution extrêmement simple pour expliquer l'accélération non gravitationnelle qui était observée. Ils publient leur étude dans Nature.
mardi 21 mars 2023
La galaxie d'Andromède possède 2 sources gamma ponctuelles dans sa région centrale
Des chercheurs chinois ont exploité les 14 ans de données du télescope gamma Fermi-LAT concernant la galaxie d'Andromède. Ils découvrent que la source de photons gamma en provenance de sa région centrale n'est pas étendue comme il avait été déduit des 7 premières années de données. Il semble exister deux sources ponctuelles, dont l'une des deux est en plein centre de la galaxie. Ils publient leur étude dans The Astrophysical Journal Letters.
dimanche 19 mars 2023
Vénus a une activité volcanique actuellement
La preuve directe d'une éruption volcanique actuelle sur Vénus vient d'être apportée par la réanalyse de données de la sonde Magellan qui a observé la planète soeur de la Terre il y a 30 ans, alors qu'on la croyait géologiquement morte. L'étude est parue dans Science.
samedi 18 mars 2023
Découverte d'un trou noir supermassif errant grâce au sillage laissé derrière lui
L'interaction d'un trou noir supermassif en fuite avec le milieu circumgalactique peut conduire à la formation d'un sillage de gaz choqué et la formation de jeunes étoiles derrière lui. C'est ce qu'une équipe d'astrophysiciens vient de trouver dans des images de Hubble. Ils publient leur étude dans The Astrophysical Journal Letters.
jeudi 16 mars 2023
L'origine d'un trou noir supermassif en fuite à plus de 2000 km/s
Les trous noirs résultant de fusions de trous noirs binaires peuvent recevoir des vitesses de recul allant jusqu'à 5000 km s-1 en raison de l'émission anisotrope d'ondes gravitationnelles. E1821+643 est un candidat trou noir supermassif en train de se mouvoir à environ 2100 km/s le long de la ligne de visée par rapport à sa galaxie hôte, ce qui est suffisant pour l'éjecter de sa galaxie. Deux astrophysiciens étudient son cas et cherchent quelles devaient être les caractéristiques des deux trous noirs qui lui ont donné naissance avec un sacré coup de pied... Ils publient leur étude dans The Astrophysical Journal Letters.
dimanche 12 mars 2023
Découverte d'un couple d'étoiles naines ultra froides extrêmement rapprochées
Des astrophysiciens ont découvert le système binaire d'étoiles naines ultrafroides le plus rapproché jamais observé. Les deux étoiles sont si proches l'une de l'autre qu'elles se tournent autour en seulement 17 heures. Ils publient leur découverte dans The Astrophysical Journal Letters.
vendredi 10 mars 2023
Les images du télescope Hubble affectées par des satellites en forte augmentation
Une équipe internationale d'astrophysiciens a utilisé les données épluchées par plus de 11 000 "scientifiques citoyens" pour évaluer l'ampleur des traces de satellites de méga constellations dans les images archivées du télescope spatial Hubble (qui se trouve sur une orbite inférieure à celle des satellites parasites). Près de 3% des images sont déjà affectées en moyenne et cette fraction ne cesse d'augmenter depuis 20 ans... L'étude est parue dans Nature Astronomy.
mardi 7 mars 2023
Découverte d'une galaxie sans étoiles
Des astrophysiciens chinois ont découvert dans l'Univers proche une toute petite galaxie contenant très peu d'étoiles, une galaxie seulement visible en ondes radio grâce à l'émission de son gaz. C'est la première fois qu'une telle "galaxie sombre" est identifiée dans l'Univers proche. L'étude est parue dans The Astrophysical Journal Letters.
dimanche 5 mars 2023
Un nuage de gaz déformé par Sgr A* suivi depuis 20 ans
Un nuage de gaz et de poussière est actuellement en train de s'enrouler autour du trou noir supermassif Sgr A*. Il a été suivi durant les 20 dernières années et nous voyons clairement comment il est déformé au fil du temps par les effets de marée gravitationnelle. L'étude est parue dans The Astrophysical Journal.
vendredi 3 mars 2023
Des accrétions similaires autour des trous noirs et des étoiles à neutrons
Des observations à multi-longueurs d'onde du rayonnement d'un système binaire impliquant une étoile à neutrons montrent des signatures similaires à celles d'une binaire impliquant un trou noir, ce qui suggère que le mécanisme d'accrétion est le même pour toutes ces sources à des luminosités élevées. L'étude est parue dans Nature.
mercredi 1 mars 2023
Les molécules organiques complexes de l'astéroïde Ryugu
Les résultats de l'analyse des échantillons rapportés par la sonde Hayabusa2 de la surface de l'astéroïde carboné (162173) Ryugu sont publiés dans plusieurs articles dans Science. L'un d'eux révèle le contenu en molécules organiques, avec une grande variété de molécules contenant les atomes CHNOS, formés par diverses réactions de méthylation, d'hydratation, d'hydroxylation et de sulfuration. Des acides aminés, des amines aliphatiques, des acides carboxyliques, des hydrocarbures aromatiques polycycliques et des composés hétérocycliques azotés ont été détectés, tous d'origine abiotique.
lundi 27 février 2023
OJ 287 : le trou noir qui fait pschitt !
OJ 287 est un quasar, ou plus exactement un blazar, situé à environ 5 milliards d'années-lumière : le jet relativiste du quasar propulsé par le trou noir supermassif qui vit en son centre est pointé dans notre direction. Mais OJ 287 a aussi la particularité de voir évoluer non pas un seul trou noir supermassif, mais deux. Des observations d'une forte éruption en 2016 avaient permis de prédire grâce à un modèle du couple de trous noirs qu'une nouvelle éruption aurait lieu en octobre 2022. Mais rien de ce genre n'a été observé, en revanche, le suivi a permis une autre découverte, remettant drastiquement en cause la masse du trou noir supermassif qui avait déterminée. Deux articles sont consacrés à ces observations et non-observations dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society Letters et dans The Astrophysical Journal.
samedi 25 février 2023
Les grands astéroïdes sombres de la ceinture externe ressemblent fortement à Cérès
Des observations dans le proche infrarouge de grands astéroïdes sombres de la ceinture principale révèlent qu'ils ont des caractéristiques spectrales tout à fait similaires à celles de la planète naine Cérès. Les modèles d'évolution thermique suggèrent que ces astéroïdes se seraient accrétés à de grandes distances orbitales puis se seraient retrouvés dans la ceinture principale par l'instabilité dynamique induites par les planètes géantes. L'étude est parue dans Nature Astronomy.
vendredi 24 février 2023
Découverte de 6 galaxies candidates très massives environ 600 mégannées post Big Bang
Il aura fallu plus de six mois entre sa soumission à Nature (et le dépôt de cet article sur le serveur de preprints arXiv) le 25 juillet 2022, et son acceptation par la célèbre revue britannique après pas mal de modifications. Il révèle grâce à Webb une population de galaxies massives candidates, très massives, environ 600 mégannées après le Big Bang. L'existence de telles galaxies aussi massives si peu de temps après le Big Bang n'est pas cohérent avec le modèle standard cosmologique. Cela valait bien quelques mois de vérifications des données...
mercredi 22 février 2023
La sphéricité incomprise de la kilonova du 17 août 2017
La kilonova du 17 août 2017 AT2017gfo qui a vu fusionner sous nos yeux deux étoiles à neutrons avec un flot d'ondes gravitationnelles n'a pas fini de faire parler d'elle. Une étude révèle la forme géométrique de cette explosion et elle défie les spécialistes, car elle aurait été parfaitement sphérique. L'étude est parue dans Nature.
lundi 20 février 2023
Minimums solaires et rayons cosmiques anormaux
Les minimums solaires de 2009 et 2020 ont été caractérisés par des intensités record de rayons cosmiques galactiques (GCR). Les intensités de GCR dans la gamme d'énergie de 70–450 MeV/nucléon étaient notamment de 20% à 26% plus élevées à la fin de 2009 que dans le minimum précédent de 1997–1998, ainsi que tous les minima solaires précédents entre 1957 et 1997. Mais contrairement aux tendances des décennies précédentes, dans lesquelles l'intensité des "rayons cosmiques anormaux" (les ACR), qui sont eux liés au système solaire, et celle des GCR (provenant d'au delà du système solaire), concordaient fortement, cette fois les intensités des ACR n'ont pas atteint des niveaux record aussi élevés. Trois chercheurs se penchent sur cette étrangeté et prouvent la validité d'une solution théorique qui avait été proposée il y a 13 ans pour l'expliquer. Ils publient leur étude dans The Astrophysical Journal.
samedi 18 février 2023
Découverte d'astéroïdes qui se prennent pour des comètes
Des astrophysiciens ont publié au début du mois la découverte d'une accélération non-gravitationnelle d'un astéroïde géocroiseur nommé (523599) 2003 RM, elle a été suivie il y a quelques jours d'une seconde publication qui annonce la découverte du même phénomène sur 6 autres petits astéroïdes. Un dégazage de type cométaire pourrait être en jeu... Les études sont publiées dans The Planetary Science Journal.
mercredi 15 février 2023
Les trous noirs à l'origine de l'énergie sombre ?
Il y a deux semaines, une équipe d'astrophysiciens publiait un résultat troublant concernant le grossissement des trous noirs supermassifs dans des galaxies elliptiques : les trous noirs supermassifs montrent un grossissement décorrélé de celui de la masse en étoiles de leur galaxie, mais par contre, leur grossissement paraît très lié au redshift, c'est à dire au grandissement de l'Univers dans sa globalité. Aujourd'hui, la même équipe publie une analyse théorique de ces observations et arrive à la conclusion que les trous noirs contiendraient de l'énergie du vide, n'auraient pas de singularité et ne seraient rien d'autre que l'origine de ce qu'on appelle l'énergie sombre ! Les articles sont parus dans The Astrophysical Journal et The Astrophysical Journal Letters.
dimanche 12 février 2023
Nouvelle mesure en tension du paramètre cosmologique S8 d'agglomération des galaxies
Les résultats d'une nouvelle analyse complexe de corrélations croisées entre deux types de données différentes confirment les soupçons des cosmologistes selon lesquels une tension sur le paramètre S8 du modèle standard ΛCDM existe bel et bien. Trois articles consacrés à cette étude sont parus dans Physical Review D.
vendredi 10 février 2023
Découverte d'un anneau trop éloigné autour d'une planète naine
Quaoar est une planète naine de 555 km de rayon qui navigue au delà de l'orbite de Neptune. Des chercheurs ont découvert que cette planète naine était entourée d'un anneau très mince, grâce à des observations indirectes de l'atténuation d'étoiles d'arrière-plan. Mais cet anneau apparaît trop éloigné de la planète naine par rapport à la théorie... L'étude est parue cette semaine dans Nature.
mercredi 8 février 2023
Une signature d'accélération de rayons cosmiques à ultra-haute énergie dans un GRB
Une équipe de deux astrophysiciens se penche sur le sursaut gamma le plus brillant détecté à ce jour : GRB 221009A pour tenter d'expliquer pourquoi son signal rémanent post-sursaut contenait des photons gamma d'une énergie supérieure à 10 TeV (jusqu'à 18 TeV !). Ces photons pourraient avoir été produits par des rayons cosmiques à très haute énergie accélérés par l'onde de choc du GRB. Ils publient leur étude dans Astronomy&Astrophysics.
dimanche 5 février 2023
Quand une étoile naissante engendre d'autres naissances
Une équipe d'astrophysiciens japonais révèle les subtils mécanismes de rétroaction qui apparaissent lors de la naissance des étoiles. L'imagerie à haute résolution obtenue grâce à ALMA montre une étoile en train de naître qui éjecte de la matière et perturbe son environnement proche, facilitant la naissance d'autres étoiles dans le nuage de gaz. L'étude a été acceptée pour publication dans The Astrophysical Journal.
samedi 4 février 2023
Découverte d'une nouvelle planète de type Terre dans la zone tempérée autour d'une naine rouge
Une équipe d'astronomes vient de découvrir une exoplanète de masse terrestre en orbite dans la zone habitable de l'étoile naine rouge Wolf 1069. Bien que la rotation de cette planète soit probablement bloquée par effet de marée, montrant toujours la même face vers son étoile, elle pourrait offrir des conditions habitables durables sur une large zone de son côté jour et l'absence de toute activité stellaire apparente augmente les chances que Wolf 1069 b ait pu conserver une grande partie de son atmosphère, faisant d'elle une cible prometteuse pour la recherche de marqueurs d'habitabilité et de biosignatures. L'étude est publiée dans Astronomy&Astrophysics.
jeudi 2 février 2023
Première mesure de la masse d'une naine blanche isolée
Pour la première fois, des astrophysiciens ont mesuré directement la masse d'une étoile naine blanche isolée, grâce à l'effet de lentille gravitationnelle qu'elle produit. Cette observation unique effectuée avec le télescope Hubble permet d'obtenir un aperçu de la structure et de la composition des naines blanches. L'étude est publiée dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
lundi 30 janvier 2023
Détection d'un brutal ralentissement du magnétar SGR 1935 +2154
Le 5 octobre 2020, le magnétar SGR 1935 +2154 a brutalement ralenti sa rotation. Et quelques jours plus tard, il a brusquement commencé à émettre des ondes radio de type FRB. Une équipe de chercheurs a pu tester une nouvelle théorie sur la cause possible du ralentissement rare, ou "anti-glitch", de SGR 1935 +2154. L'étude est parue dans Nature Astronomy.
samedi 28 janvier 2023
Détection d'éclipses de rayons gamma dans des pulsars binaires
Une équipe d'astrophysiciens a découvert les premières éclipses de rayons gamma dans sept systèmes de pulsars binaires en utilisant plus de 10 ans de données du télescope spatial Fermi-LAT. Ces éclipses apparaissent lorsque l'étoile compagne passe devant le pulsar lors de son orbite, et elles permettent aujourd'hui d'affiner les paramètres orbitaux, et donc de mieux contraindre la masse des étoiles à neutrons... L'étude est parue dans Nature Astronomy.
jeudi 26 janvier 2023
Découverte d'un 6ème pulsar en couple avec une étoile massive
La collaboration canadienne CHIME a découvert un rare pulsar, en couple avec une étoile massive. C'est seulement le 6ème cas de ce genre à être observé. L'étude est parue cette semaine dans The Astrophysical Journal.
mardi 24 janvier 2023
De nombreuses molécules détectées dans un nuage dense protostellaire par Webb
Une équipe internationale a utilisé les observations du télescope spatial James Webb pour obtenir une vue inédite d'un nuage interstellaire dense. Ces observations révèlent la composition de glaces de l'univers primitif, fournissant de nouvelles informations sur les processus chimiques de l'un des endroits les plus froids de l'univers ainsi que sur les origines des molécules qui composent les atmosphères planétaires. L'étude est parue dans Nature Astronomy.
lundi 23 janvier 2023
La disparition accélérée des étoiles dans le ciel nocturne
Est-ce que vous voyez la Voie Lactée là où vous vivez ? Il est fort probable que vous répondiez "non" à cette question, comme de plus en plus d'Homo Sapiens et d'autres animaux sur cette planète... Une étude parue cette semaine dans Science montre que la pollution lumineuse qui empêche de voir les étoiles dans le ciel nocturne s'aggrave de plus en plus. L'augmentation de la luminosité du ciel est plus rapide que ne le suggèrent les mesures par satellite des émissions de lumière artificielle sur Terre...
jeudi 19 janvier 2023
Découverte de deux destructions maréales d'étoiles partielles
Deux équipes d'astronomes sans liens mais utilisant le même télescope spatial à rayons X (XMM-Newton) ont observé deux événements similaires autour de trous noirs inactifs : des éruptions qui sont associées à la destruction d'étoiles, mais qui se répètent à intervalles réguliers, comme si l'étoile n'était pas entièrement détruite au premier passage. Les deux équipes ont publié leurs résultats respectifs par hasard le même jour, dans Astronomy & Astrophysics et dans The Astrophysical Journal Letters.
mardi 17 janvier 2023
Clap de fin pour l'anomalie des antineutrinos de réacteur (et pour les neutrinos stériles)
L'expérience STEREO qui mesure les antineutrinos électroniques sortant du réacteur expérimental à haut flux de l'ILL à Grenoble, vient de livrer ses derniers résultats : l'anomalie vue depuis de nombreuses années se révèle être dûe à une mauvaise évaluation des fissions de l'uranium et non à l'existence d'un quatrième neutrino (stérile). Les physiciens publient leurs résultats dans Nature et dans Physical Review Letters.
Dans les années 2010, des anomalies observées dans les spectres d'antineutrinos émis par les réacteurs nucléaires ont fait émettre l'hypothèse de l'existence d'un état supplémentaire du neutrino qui serait stérile, c'est-à-dire n'interagissant pas par le biais de l'interaction faible. L'expérience STEREO a été conçue pour étudier cette conjecture, qui étendrait potentiellement le modèle standard de la physique des particules. Les physiciens de la collaboration STEREO publient une analyse de l'ensemble des données générées par le détecteur STEREO.
Plusieurs expériences ont été installées auprès de réacteurs nucléaires pour mesurer le flux d'antineutrinos électroniques qui sont produit lors des très nombreuses désintégration béta qui ont lieu parmi les plus de 800 produits de fission différents générés lors de la fission de l'uranium 235. Presque toutes ces expériences ont détecté une anomalie dans le flux d'antineutrinos : à certaines énergies, le flux d'antineutrinos est de 6 à 10% supérieur ou inférieur aux prévisions. Ce qu'on a rapidement nommé l'"anomalie des antineutrinos de réacteur" a enthousiasmé la communauté des physiciens des neutrinos, car elle pouvait être la signature d'un hypothétique neutrino stérile, longtemps vu comme un candidat très sérieux pour la matière noire. Alain Letourneau (CEA) et ses collègues de l'expérience STEREO, ont mesuré le flux d'antineutrinos électroniques à seulement 10 m du réacteur expérimental de l'Institut Laue Langevin. Ils ont travaillé avec une puissance du réacteur de 52,78 MW ± 0,77 MW en moyenne durant l'expérience, ce qui a donné lieu à la détection de 394 antineutrinos par jour. Ils confirment bien les anomalies observées par d'autres expériences, mais vont un peu plus loin en montrant que cette anomalie ne vient pas de l'existence hypothétique d'un quatrième neutrino qui serait stérile et vers lequel les antineutrinos électroniques pourraient osciller. STEREO mesure avec précision le spectre d'énergie des antineutrinos associés à la fission de 235U. La segmentation du détecteur en 6 cellules identiques et sa très courte distance au cœur compact (seulement 10 m) sont ici des propriétés cruciales pour l'analyse. Etant données les caractéristiques attendues pour un neutrino stérile, on s'attendrait à ce qu'il ait une masse de l'ordre de 1 eV ce qui produirait une oscillation de saveur sur quelques mètres. Le détecteur STEREO devrait donc voir une différence entre le spectre en énergie des neutrinos qui est mesuré dans la première cellule (la plus proche du réacteur) et celle qui en est la plus éloignée. Mais lorsqu'ils comparent les spectres des différentes cellules de scintillateur hydrogéné et gadolinié de leur détecteur, Alain Letourneau et ses collaborateurs ne voient aucune différence. Alors qu'ils observent en revanche bien les mêmes anomalies de flux par rapport à ce qui est attendu à partir des flux beta théoriques.
Pour prédire le flux d'antineutrinos, les physiciens utilisent généralement des données enregistrées sur le flux des électrons qui est accompagné par le flux d'antineutrino dans la désintégration beta. Mais Letourneau et ses collaborateurs ont donc trouvé des bonnes raisons de douter des mesures effectuées précédemment sur les électrons des désintégrations beta.
En mesurant les spectres d'antineutrinos, et en déduisant les spectres d'électrons correspondants, par une théorie fondamentale, et en comblant les lacunes à l'aide d'un modèle phénoménologique, ils ont pu traiter les plus de 800 désintégrations bêta différentes présentes dans le réacteur. Ils trouvent des "bosses" dans le flux d'antineutrinos qui concordent avec leurs observations. Des caractéristiques similaires sont prédites pour les spectres d'électrons (car la somme de l'énergie de l'électron et de l'antineutrino est constante), mais elles n'apparaissent pas dans les données mesurées précédemment sur les électrons...
Les résultats de Letourneau et son équipe suggèrent donc qu'un biais expérimental dans les mesures d'électrons soit à l'origine de l'"anomalie" des antineutrinos de réacteurs, qui ne seraient du coup pas du tout anormaux, puisque ce seraient les spectres des électrons des réacteurs qui seraient légèrement erronés.
Ces résultats de STEREO sont donc doublement importants : d'un côté, ils falsifient à leur tour l'hypothèse de l'existence des neutrinos stériles de 1 eV, comme l'avaient déjà fait dans un autre cadre les expériences MINOS+ en 2019 (voir ici) et IceCube en 2020 (voir là), et d'un autre côté, ils montrent quelle est l'origine de l'anomalie qui était observée à proximité des réacteurs nucléaires.
L'expérience STEREO fournit la mesure la plus précise à ce jour du spectre des antineutrinos de la fission de 235U. Ce spectre est maintenant destiné à être utilisé par la communauté de la physique des particules comme spectre de référence pour les futures expériences de réacteur de haute précision, telles que la détermination de la hiérarchie de masse des neutrinos ou les tests à basse énergie du modèle standard avec le processus récemment accessible de diffusion élastique neutrino–noyau. Les observations de neutrinos astrophysiques ou de géoneutrinos où les antineutrinos de réacteur sont une source de bruit de fond bénéficieront également d'une meilleure description de leur flux.
Au-delà de sa pertinence pour la physique fondamentale des neutrinos, cette mesure du spectre total des antineutrinos de 235U a le potentiel d'améliorer les données évaluées de fission nucléaire avec, en particulier, une sensibilité aux rendements de fission et à la description des transitions bêta des produits de fission. Le nouveau spectre de référence, ainsi que le gain de fiabilité et de précision des données nucléaires associé, trouveront ainsi également des applications directes dans l'exploitation et la surveillance des réacteurs.
Sources
STEREO neutrino spectrum of 235U fission rejects sterile neutrino hypothesis
The STEREO Collaboration
Nature volume 613 (11 january 2023)
Origin of the Reactor Antineutrino Anomalies in Light of a New Summation Model with Parametrized
β- Transitions
A. Letourneau et al.
Phys. Rev. Lett. 130, 021801 (10 January 2023)
Illustration
Configuration du détecteur STEREO et comparaison des spectres d'antineutrinos détectés dans les cellules 1 et 6 par rapport au cas de l'absence de de neutrinos stériles (collaboration STEREO)
lundi 16 janvier 2023
Webb déniche des galaxies "petits pois" à l'époque de la réionisation
Une nouvelle analyse spectrale des galaxies lointaines imagées par le télescope spatial James Webb montre qu'elles partagent des similitudes remarquables avec les galaxies "petits pois", une classe rare de petites galaxies dans notre arrière-cour cosmique. L'étude est parue dans The Astrophysical Journal Letters.
dimanche 15 janvier 2023
Découverte de 18 galaxies spirales à noyaux actifs émettant des lobes radio
Alors qu'il est communément admis que les noyaux galactiques actifs à très forte émission radio sont hébergés exclusivement par des galaxies elliptiques géantes, une équipe de chercheurs chinois vient de découvrir avec Hubble des radiogalaxies à double lobe qui sont associées à des galaxies à disque. Ils publient leur découverte dans The Astrophysical Journal.
vendredi 13 janvier 2023
La lumière diffuse des amas de galaxie explorée avec Hubble
La lumière intra-amas est la lumière diffuse qui existe entre les galaxies qui composent de grands amas de galaxies. Cette lumière est émise par des étoiles qui errent en dehors des galaxies. Une équipe d'astrophysiciens a observé comment évolue la fraction de cette lumière dans le temps entre des amas à différentes époques cosmiques. Ils montrent que cette fraction n'évolue pas, étrangement. Ils publient leur étude dans Nature.
mercredi 11 janvier 2023
Des oscillations quasipériodiques très rapides observées dans un sursaut gamma de fusion d'étoiles à neutrons
Des oscillations quasi périodiques très rapides ont été détectées dans deux sursauts γ apparus lors de collisions d'étoiles à neutrons. Un tel signal était prédit par des simulations relativistes qui indiquaient qu'une grosse étoile à neutrons devait se former durant quelques dizaines de millisecondes suite à la fusion, puis osciller avant de sombrer dans le noir d'un trou. L'étude est publiée dans Nature.
mardi 10 janvier 2023
Détection d'un sursaut de FRB répétitif similaire à un FRB unique
Un FRB répétitif a été détecté à nouveau, mais cette fois pour la première fois à haute fréquence et pour la première fois par le radiotélescope japonais du Usuda Deep Space Center de la JAXA. Mais la densité d'énergie du sursaut détecté ressemblait d'avantage à celle d'un FRB non répétitif... L'étude est parue dans Publications of the Astronomical Society of Japan.
dimanche 8 janvier 2023
Mesure du taux d'une réaction clé du cycle CNO du Soleil
Une équipe de physiciens états-uniens a mesuré la probabilité d'une réaction clé qui intervient dans le cycle CNO du Soleil, en la reproduisant en laboratoire souterrain. Il s'agit de la capture d'un proton par un noyau d'azote-14 qui produit un noyau d'oxygène-15. Cet isotope de l'oxygène se désintègre ensuite en azote-15 en émettant un neutrino, dont la détection est cruciale pour connaître la composition du Soleil en éléments plus lourds que l'hélium. Ils publient leurs résultats dans Physical Review C.
vendredi 6 janvier 2023
Un modèle plus précis pour les naines blanches ultra-massives
La prise en compte des effets de la Relativité Générale dans l'évolution des étoiles naines blanches très massives, proches de leur limite de stabilité, indique des différences notables par rapport au cas classique. La masse limite se révèle notamment être un peu inférieure au classique 1,4 masse solaire. L'étude est parue dans Astronomy&Astrophysics.
mardi 3 janvier 2023
Le champ magnétique du pulsar de Vela dévoilé par la polarisation des rayons X
dimanche 1 janvier 2023
Observation de la région la plus vieille de notre galaxie
Une équipe d'astrophysiciens vient de découvrir ce qui s'apparente à la partie la plus ancienne de notre galaxie : une population de très vielles étoiles très pauvres en métaux au coeur de la Voie Lactée. Ces centaines de millions d'étoiles ont un âge d'au moins 12,5 milliards d'années... L'étude est publiée dans The Astrophysical Journal.
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