dimanche 31 janvier 2021

Caractérisation du flux de noyaux de fer dans le rayonnement cosmique par AMS-02


Après la publication l'année dernière de leurs premiers résultats sur la composante nucléaire du rayonnement cosmique, des noyaux d'atomes allant jusqu'au silicium, les chercheurs de la collaboration internationale AMS-02 publient de nouveaux résultats sur les rayons cosmiques de grande masse, cette fois-ci concernant les noyaux d'atomes de fer, qui seront les noyaux les plus lourds qui seront caractérisés par le gros détecteur à bord de l'ISS. L'étude est parue dans Physical Review Letters, comme toujours avec AMS-02.

vendredi 29 janvier 2021

Détection d'une étoile très proche de Sgr A* par GRAVITY


Ces deux dernières années, des effets relativistes à proximité immédiate de Sgr A* - redshift gravitationnel et précession de Schwarzschild- ont été mesurés grâce à une étoile qui s'en approche de près, l'étoile S2. Aujourd'hui, la collaboration GRAVITY publie la détection d'une étoile très faible et extrêmement proche du trou noir supermassif, faisant d'elle un potentiel outil fondamental pour son étude détaillée. L'étude est publiée dans Astronomy & Astrophysics.

jeudi 28 janvier 2021

Ça Se Passe Là Haut a 10 ans !

A l'occasion des 10 ans de votre site favori, venez jouer à un Quizz astronomique/astrophysique géant et gagnez des livres d'astrophysique (forcément!) 


mardi 26 janvier 2021

Des collisions de galaxies peuvent affamer les trous noirs supermassifs


Des astrophysiciens japonais viennent de démontrer dans une étude qu'ils publient dans Nature Astronomy comment un trou noir supermassif peut se retrouver brutalement dénué du gaz qui le fait grossir. Une histoire d'interaction entre galaxies avec la bonne disposition.

jeudi 21 janvier 2021

Le pulsar rapide et son jet désaligné


Il existe des pulsars qui se comportent de manière étonnante, à l'image de PSR B2224+65, un pulsar qui montre un jet émettant en rayons X, qui part dans le mauvais sens...  Un astrophysicien américain reporte dans un court article des Research Notes of the AAS comment un tel phénomène semblant a priori défier les lois de la physique peut être expliqué par des subtilités de cette même physique...

mardi 19 janvier 2021

L'inclinaison de Saturne induite par Titan


Des astronomes français et italien viennent d'expliquer pourquoi Saturne se trouve autant inclinée par rapport à son plan orbital (~27°), ce qui nous permet d'admirer ces anneaux sous toutes les coutures... Titan serait en cause... Ils publient leur étude dans Nature Astronomy.

dimanche 17 janvier 2021

Un excès de rayons X sur des étoiles à neutrons mène sur la piste des axions


En novembre dernier, une équipe d'astrophysiciens découvrait un excès de rayons X de quelques keV provenant de plusieurs étoiles à neutrons proches, impossible à expliquer. Une piste envisagée était la production de ces photons X par des axions créés dans l'étoile à neutrons et transformés en photons dans le champ magnétique de l'étoile à neutrons. Aujourd'hui, la même équipe a creusé l'idée et montre qu'effectivement, un modèle d'axions permet d'expliquer complètement les rayons X de 2 à 8 keV qui sont observés. Une étude publiée dans Physical Review Letters.

Les astrophysiciens théoriciens Malte Buschmann, Raymond Co, Christopher Dessert et Benjamin Safdi (Université du Michigan, Université du Minnesota et Université de Californie) se sont intéressés à 7 étoiles à neutrons proches qui ont la particularité de ne pas être des pulsars : soit elles n'émettent pas d'ondes radio ou bien l'axe d'émission de leur faisceau radio n'intercepte pas la Terre. Ce groupe d'étoiles à neutrons est surnommé les "7 mercenaires" ("The magnificent 7"), en référence au western de John Sturges de 1960. Elles sont les sept étoiles à neutrons les plus proches de la Terre, situées entre 123 pc et 430 pc (entre 400 et 1400 AL) et ont la particularité d'être des étoiles à neutrons isolées, des XDINS (X-ray Dim Isolated Neutron Stars), elles ne sont pas accompagnées de résidu nébuleux de supernova, ni de compagne.
Le fait qu'elles ne montrent pas de pulsations radio et qu'elles se trouvent dans un environnement calme et vide permet de les utiliser comme de véritables laboratoires, car cela implique qu'elles ne doivent produire qu'une émission thermique, le rayonnement associé à la température de leur surface, qu'on appelle un "rayonnement thermique" (ou rayonnement de corps noir). Il s'agit d'un spectre d'émission qui est caractéristique de la température du corps en question. Ces étoiles à neutrons ne doivent donc pas montrer de rayonnement "non-thermique", qui serait associé à des phénomènes de réactions entre particules ou autre. 
A la température de surface qui est la leur (entre 500 000 et 1 million K, ces étoiles à neutrons rayonnent principalement dans le domaine des UV lointains et des rayons X : de quelques dizaines d'eV jusqu'à environ 100 eV.
Mais en regardant de près les données archivées des télescopes X Chandra et XMM-Newton qui avaient observé les 7 mercenaires il y a quelques années (avec des durées d'exposition différentes), les chercheurs américains ont vu qu'il existait dans les spectres d'au moins deux d'entre elles (et pour quatre autres avec moins de robustesse) des photons d'énergie bien plus élevée, entre 2 et 8 keV, qui ne correspondent pas au spectre du rayonnement thermique. L'étoile à neutrons du groupe qui montre le plus de rayons X durs (énergie de l'ordre du keV) est aussi celle qui a bénéficié de la plus grande durée d'observation par Chandra, il s'agit de la dénommée J1856. C'est aussi la plus proche des sept (123 pc) et l'une des plus froide (kT = 50 eV). J1856 a un champ magnétique qui a été évalué à 2,9 1013 Gauss.
Les chercheurs, dans leur étude de novembre dernier, ont analysé toutes les solutions possibles et imaginables pour expliquer la présence de ces rayons X de quelques keV en excès. Et rien ne collait. Ils concluaient que peut-être que ces photons énergétiques pouvaient provenir de nouvelles particules comme par exemple les axions (particule candidate pour la matière noire et pour résoudre le problème de la violation de CP dans l'interaction forte), des axions qui pourraient selon la théorie être produits dans le coeur des étoiles à neutrons et s'en échapper facilement. Et comme les axions interagissent avec les champs magnétiques pour produire des photons... 
C'est donc pour poursuivre cette précédente étude et creuser l'idée que Buschmann et ses collaborateurs ont calculé le plus précisément possible ce que donnerait un flux d'axions ou de particules de type axions (il existe de nombreuses variantes) crées thermiquement dans le coeur d'une étoile à neutrons, un phénomène prévu théoriquement, et ce qu'il produirait dans la magnétosphère d'une étoile à neutrons comme J1856. Il y a bien sûr des paramètres inconnus dans le modèle comme la masse du boson de Peccei-Quinn (l'autre nom de l'axion) ou bien l'intensité de sa constante de couplage avec les photons et avec les nucléons (on a besoin de connaître ces deux couplages (intensité d'interaction) dans le cas d'axions sortants d'une étoile à neutrons.
Vous l'aurez compris, les chercheurs parviennent à retrouver la forme de la distribution énergétique des rayons X durs qui sont observés entre 2 keV et 8 keV, découpés en trois bins d'énergie (2-4 keV; 4-6 keV et 6-8 keV). Mais ce qui est le plus excitant c'est que le modèle d'axions utilisé ici ne permet pas seulement de reproduire l'excès de rayons X durs de J1856, mais aussi ceux des 6 autres "mercenaires" ! tout d'abord celui de J0420, la deuxième plus exploitable (entre 2 keV et 8 keV), mais aussi ceux de J0806, J1605, J0720, J1308, et J2143 (entre 4 et 8 keV) qui sont pourtant environ 10 fois plus faibles que pour J1856 et J0420. 
Le résultat permet alors de fixer des contraintes sur les paramètres libres de la masse de l'axion et de ses constantes de couplage. Le meilleur ajustement global obtenu donne une masse de l'axion qui est inférieure à 10 µeV et le produit des constantes de couplages gaγγ × gann est de 4. 10−20 GeV−1.  dans un intervalle de confiance de 95%, tenant compte des incertitudes statistiques et théoriques.

Il est absolument remarquable d'obtenir des paramètres d'axion qui permettent de produire des résultats cohérents pour 7 étoiles à neutrons différentes! Par ailleurs, Buschmann et ses collaborateurs ne peuvent qu'obtenir une valeur du produit des deux constantes de couplage de l'axion (avec les photons et les nucléons) gaγγ × gann. Mais il existe des contraintes observationnelles (des limites d'exclusions) pour chacune de ces deux constantes indépendamment : gaγγ est contrainte par l'expérience CAST de recherche directe des axions au CERN qui a pu fixer une limite supérieure à la constante de couplage suite à sa non-détection d'axions : gaγγ < 6,6 × 10−11 GeV−1 pour les masses de l'ordre de 10 µeV. Et gann a été contrainte, elle, par des analyses fines de la supernova 1987A : gann < 1,4 × 10−9 . Lorsque l'on fait le produit de ces deux inégalités, on obtient une limite supérieure pour gaγγ × gann :   gaγγ × gann < 9,2 10-20 GeV-1. La valeur obtenue par Buschmann, Co, Dessert et Safdi dans leur meilleur ajustement global ( 4. 10−20 GeV−1) est donc cohérente avec les contraintes d'autres observations...

Les chercheurs restent prudents dans la conclusion de leur article : ils ne clament pas la découverte des axions, mais disent simplement que l'excès de rayons X durs des étoiles à neutrons du groupe des 7 mercenaires est très bien reproduit par un modèle d'axions qui seraient créés dans le coeur des étoiles à neutrons et interagissant ensuite dans leur champ magnétique, et ils précisent qu'il n'existe aujourd'hui pas d'autres explication viable pour cet excès.
Ils ajoutent enfin qu'une série d'observations à moyen terme pourraient établir définitivement la découverte.  Des observations plus longues et à plus haute énergie notamment sur les deux étoiles les plus prometteuses du groupe des 7, avec un télescope X comme NuSTAR pourraient selon eux renforcer la solution axions, les rayons X durs produits par les axions devant être plus nombreux entre 10 et 60 keV, et avec moins de sources parasites possibles. D'autre part, Buschmann et ses collaborateurs prédisent que le flux de rayons X produit par des axions devrait montrer une pulsation avec une période correspondant à la période de l'étoile à neutrons, or une telle pulsation du rayonnement X devrait être mesurable par le futur télescope spatial ATHENA (Advanced Telescope for High ENergy Astrophysics) dont le lancement est prévu fin 2031.
Pour finir, les chercheurs proposent à la communauté d'élargir le champs des recherches au delà des étoiles à neutrons, car tous les systèmes à fort champ magnétique pourraient produire des signes d'axions du type qui est envisagé ici, notamment des naines blanches dont certaines arborent un champ magnétique très intense, et qui ont le bon goût de ne produire aucun rayon X dur, théoriquement...

Source

Axion Emission Can Explain a New Hard X-Ray Excess from Nearby Isolated Neutron Stars
Malte Buschmann, Raymond Co, Christopher Dessert, Benjamin Safdi
Physical Review Letters 126 (12 january 2021)


Illustrations

1) Vue d'artiste d'une étoile à neutrons isolée (Casey Reed - Penn State University - Casey Reed - Penn State University)

2) Comparaison des flux de rayons X dur mesurés sur les 7 étoiles à neutrons avec ceux calculés avec le modèle d'axions (entre 2 et 8 keV pour les deux premières et entre 4 et 8 keV pour les 5 autres)  (Buschmann et al.)

jeudi 14 janvier 2021

Une rare éruption magnétique géante de magnétar identifiée dans la galaxie du Sculpteur


Il fallait bien trois articles pour décrire de manière exhaustive cette découverte d'une éruption magnétique géante de magnétar, pour la première fois localisée précisément dans une galaxie voisine et qui a failli être confondue avec un banal sursaut gamma.  Deux études sont publiées dans Nature aujourd'hui et la troisième dans Nature Astronomy

mardi 12 janvier 2021

Nouveau record de distance pour un quasar (avec un très gros trou noir...)


Le quasar le plus distant vient d'être découvert, ou du moins sa découverte vient d'être publiée. Il est situé seulement 670 millions d'années après le Big Bang, et arbore déjà un trou noir très très massif, apportant de nouvelles contraintes sur la formation de ces monstres. L'étude a été acceptée pour publication dans The Astrophysicial Journal Letters.

Une colossale éjection de gaz observée dans une galaxie lointaine


Une équipe internationale vient de publier la découverte d'une galaxie qui est en train d'éjecter à très grande vitesse près de la moitié du gaz moléculaire qui lui servait à fabriquer des étoiles. L'étude est parue dans Nature Astronomy.

dimanche 10 janvier 2021

Observation détaillée avec Chandra du magnétar atypique J1818


Le 10 octobre dernier, je vous annonçais la découverte d'un magnétar atypique, de par ses ressemblances avec les pulsars, émettant à la fois comme un magnétar avec des bouffées de rayons X et aussi avec des ondes radio pulsées. Aujourd'hui, de nouvelles observations en rayons X plus détaillées sur ce magnétar singulier Swift J1818-1607 sont publiées dans The Astrophysical Journal Letters.

vendredi 8 janvier 2021

Un plan de galaxies satellites en rotation autour de Centaurus A défie le modèle cosmologique standard


L'un des challenges les plus sévères pour le modèle cosmologique standard ΛCDM à l'échelle des galaxies est l'existence de plans de rotation pour les galaxies satellites autour de grandes galaxies. De tels plans de galaxies satellites en rotation cohérente ont été observés autour de la galaxie d'Andromède et autour de la Voie Lactée. En 2018, des signes similaires avaient été aperçus également autour de la galaxie elliptique Centaurus A. Aujourd'hui, de nouvelles observations sur cette galaxie viennent confirmer la présence d'un plan de rotation... L'étude est publiée dans Astronomy&Astrophysics.

mardi 5 janvier 2021

Mars : un nuage de glace récurrent formé par un volcan


C'est un phénomène non répertorié jusque là que des astronomes européens ont découvert sur Mars : un nuage de glace d'eau qui apparaît tous les matins depuis un volcan nommé Arsia Mons. Ils publient leurs observations dans le Journal of Geophysical Research : Planets.

lundi 4 janvier 2021

Plus grosse étoile à neutrons ou plus petit trou noir dans GW190814 ? BigApple fournit une réponse


C'était le 23 juin dernier : les collaborations LIGO et Virgo publiaient la découverte d'un événement gravitationnel singulier : GW190814, il s'agissait de la fusion d'un trou noir de 23 masses solaires avec un petit objet compact de 2,6 masses solaires seulement, sans pouvoir déterminer si ce petit objet était la plus grosse étoile à neutrons ou bien le plus petit trou noir jamais observés. Une étude se penche aujourd'hui sur la nature possible de cet objet à partir de nombreuses considérations et obtient une réponse... L'étude est publiée dans Physical Review C.

dimanche 3 janvier 2021

Nouvelle explication pour l'excès de positrons dans le rayonnement cosmique

L'excès de positrons dans le flux de rayons cosmiques a été mis en évidence il y a plus de 10 ans (en 2009) par l'expérience PAMELA. Depuis, cette anomalie a été confirmée par d'autres expériences comme Fermi-LAT (indirectement) et surtout par les détecteurs spatiaux AMS-02 et DAMPE (directement). L'origine de cet excès est recherchée activement, avec deux principaux coupables potentiels identifiés : des pulsars proches ou la matière noire. On comprend l'importance du sujet et pourquoi nous en avons beaucoup parlé ici depuis 2011[ici] []. Aujourd'hui, une équipe indienne jette un pavé dans la mare en proposant une nouvelle possibilité pour expliquer cet excès d'antiélectrons. Une étude publiée dans le Journal of High Energy Astrophysics.


vendredi 1 janvier 2021

Estimation du nombre (énorme) de planètes rocheuses en zone habitable autour d'étoiles du type solaire


Près d'une étoile de type solaire sur deux possède une planète comme la Terre dans sa "zone habitable", c'est la conclusion d'une étude qui vient d'être publiée par une collaboration de 80 astrophysiciens à partir des données enregistrées par le télescope Kepler et le satellite Gaia. L'étude est publiée dans The Astronomical Journal.