Astronomie, Astrophysique, Astroparticules, Cosmologie. L'infini se contemple, indéfiniment. ISSN 2272-5768
31/05/17
29/05/17
Publication des premiers résultats scientifiques de Juno autour de Jupiter
Depuis quelques semaines, la sonde JUNO nous envoie des images plus bluffantes les unes que les autres de ses passages autour des pôles de Jupiter. Mais la mission de Juno est bien plus vaste que la prise d'images, fussent-elles magnifiques. Elle produit également des études détaillées de l'atmosphère jovienne et de la structure interne de la planète géante. Les premiers résultats scientifiques issus des toutes premières orbites de Juno viennent d'être publiés dans la prestigieuse revue Science.
24/05/17
Surveiller la Lune pour protéger la Terre
La Terre est constamment bombardée par des météorites de plus ou moins grande taille. Les plus petites brûlent dans l'atmosphère. La Lune subit le même bombardement mais n'a pas d'atmosphère. Ces impacts lunaires sont ainsi plus violents et plus nombreux. Le projet grec NELIOTA les détecte, nous offrant une meilleure compréhension pour finalement mieux nous en protéger.
L'idée du projet NELIOTA (Near-Earth object Lunar Impacts and Optical TrAnsients) est d'observer la Lune en continu, en la filmant à 30 images par secondes, entre le dernier quartier et le premier quartier, durant 14 jours d'affilée. NELIOTA utilise un télescope de 1,2 m de l'Observatoire National d'Athènes, qui est situé près de Kryoneri en Grèce. Les astronomes y ont installé deux caméra enregistrant deux longueurs d'ondes différentes. Le but est d'imager les flashes de lumière qui sont produits par des impacts météoritiques dans l'hémisphère ombré de la Lune. Grâce à ses deux caméras, NELIOTA est le premier système de ce type à pouvoir déterminer la température de l'impact observé. Cette donnée permet par la suite, connaissant la luminosité de l'impact et en faisant une hypothèse sur la densité de la météorite et sa vitesse, d'évaluer la masse et la taille de l'objet.
NELIOTA a démarré ses opérations le 8 mars 2017. Il avait montré toutes ses capacités dès les tests de mise en service en détectant 4 impacts en seulement 11 heures d'observation. La campagne de "surveillance" est prévue pour durer 22 mois. L'équipe de Alceste Bonanos qui dirige le projet scientifique, estime qu'en 22 mois, le nombre de NEO (near earth objects), astéroides géocroiseurs qui ont une taille comprise entre 10 cm et quelques mètres, sera beaucoup mieux connu. Car il faut savoir que dans cette plage de taille, le nombre de ces objets qui présentent un potentiel risque est encore très mal connus. Et ces météorites ne sont pas seulement un danger pour la Terre mais aussi plus simplement pour de futures bases lunaires, qui devront prendre en compte ces cailloux arrivant au sol en bien plus grandes quantités que sur Terre.
La collaboration NELIOTA tient à jour en quasi temps réel (avec un délai de 24h), tous les impacts détectés sur la Lune, avec leurs caractéristiques : heure, durée, magnitude, coordonnées), si vous êtes curieux, vous pouvez aller voir ici : http://neliota.astro.noa.gr/. Le projet NELIOTA est financé par l'Agence Spatiale Européenne (ESA).
Illustrations
1) Exemple de flash d'impact (collaboration NELIOTA)
2) l'observatoire de Kryoneri (Grèce) (Theofanis Matsopoulos)
23/05/17
Découverte d'un probable second trou noir supermassif dans la galaxie Cygnus A
En pointant le radiotélescope VLA vers la galaxie Cygnus A pour la première fois depuis 20 ans, des astronomes ont eu la surprise de découvrir un nouvel objet brillant non loin du cœur de la galaxie. Il s'agit très probablement de l'émission transitoire venant d'un second trou noir supermassif en orbite autour du premier situé au centre de Cygnus A.
La méthode scientifique : le fond diffus cosmologique, émission à réécouter
La Méthode Scientifique de Nicolas Martin (France Culture) était consacrée aujourd'hui au fond diffus cosmologique, avec pour invités Nabila Aghanim, directrice de recherche dans l’équipe Matière Interstellaire et Cosmologie à l’Institut d’Astrophysique Spatiale d’Orsay, et directrice de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de l’Université Paris Sud et Jean-Loup Puget, également directeur de recherche dans l’équipe Matière Interstellaire et Cosmologie, et responsable scientifique du module HFI du satellite PLANCK.
A écouter ou réécouter !
22/05/17
Des fusions de naines blanches expliqueraient l'excès de positrons galactiques
Une étude publiée aujourd'hui dans Nature Astronomy fournit une explication convaincante pour expliquer la présence de nombreux positrons en provenance du centre de notre galaxie, un excès mystèrieux très longtemps attribué à Sgr A* ou à d'hypothétiques particules de matière noire.
Cela fait plus de quarante ans qu'un excès de positrons est observé, sous la forme de photons gamma de 511 keV, les photons qui sont produits lorsque des positrons s'annihilent avec leurs antiparticules, des électrons. Les calculs indiquaient que 1043 positrons par seconde devaient s'annihiler dans le centre galactique. Le mystère venait du fait que justement, c'était principalement au niveau du centre galactique qu'ils étaient détectés.
Une des possibilités "classiques" pour produire des positrons est la production de noyaux d'atomes radioactifs émetteurs "béta plus" : ils émettent spontanément des positrons, accompagnés de neutrinos électroniques lors de leur désintégration radioactive. Mais les chercheurs n'ont jamais réussi à trouver un type d'objet astrophysique à même de produire de telles quantités d'isotopes radioactifs émetteurs béta plus. C'est une des raisons qui a poussé les astrophysiciens à penser que l'excès de positrons observé indirectement pouvait provenir d'autres phénomènes moins standards comme des interactions dues au trou noir supermassif de notre galaxie ou bien à des annihilations de particules de matière noire qui auraient produit des paires d'électrons et positrons.
Roland Crocker (Australian National University) et son équipe ont trouvé qu'un type d'objet était capable de produire une quantité suffisante pour expliquer les positrons observés : une supernova produite par la fusion de deux étoiles naines blanches de masses différentes. Et il se trouve que ce type de couple de naines blanches est justement susceptible d'être rencontré bien plus fréquemment au centre de notre galaxie où se trouvent de très nombreuses vieilles étoiles.
Pour en arriver à cette conclusion, Roland Crocker et ses collègues se sont focalisés sur des supernovas trouvées dans d'autres galaxies, dont l'archétype est la supernova SN 1999bg, découverte en 1999. Contrairement aux supernovas "classiques", les supernovas du type de SN 1999bg sont des supernovas très peu lumineuses, et assez rares. Ces supernovas sont si peu lumineuses qu'elles peuvent passer inaperçues même si elles ont lieu dans notre propre galaxie. D'après les modèles, ces supernovas ont lieu lorsque deux naines blanches fusionnent, et plus précisément lorsque qu'il s'agit de deux naines blanches de faible masse : une riche en carbone et oxygène et l'autre riche en hélium. Et la conséquence de leur fusion, qui mène à une explosion thermonucléaire, serait la production d'une grande quantité de Titane-44. C'est ce Titane-44, dont la période radioactive (la demie-vie, durée au bout de laquelle la moitié des noyaux s'est désintégrée) est de 60 années, qui va produire du Scandium-44 qui à son tour va se désintégrer en Calcium-44 avec une période d'environ 4 heures, en émettant des positrons dans sa décroissance radioactive.
Roland Crocker et ses collègues montrent que le nombre de supernovas de type SN1999bg devant peupler le centre galactique est tout à fait suffisant pour expliquer le signal de positrons observé à 511 keV.
Ces supernovas particulières sont principalement trouvées dans des zones riches en étoiles âgées de 3 à 6 milliards d'années, comme les zones centrales des galaxies. L'émission la plus centrale est par exemple expliquée par les astrophysiciens par la présence d'une population de très vieilles étoiles entourant Sgr A* sur une distance d'environ 650 années-lumière. Mais les auteurs n'excluent pas encore complètement un rôle possible du trou noir supermassif dans la production d'une fraction de ces positrons.
Référence
Diffuse Galactic antimatter from faint thermonuclear supernovae in old stellar populations
Roland M. Crocker, et al.
Nature Astronomy 1, Article number: 0135 (22 mai 2017)
Illustration
Vue d'artiste de la fusion proche de deux naines blanches qui mènera à une supernova de type SN1999bg (ESO, L. Calçada)
Record de sensibilité pour XENON1T dans la recherche directe de la matière noire
Lors de son inauguration en novembre 2015, Elena Aprile, responsable scientifique de l’expérience XENON1T de recherche de matière noire, l’avait prédit (voir ici) : il ne faudrait que quelques semaines pour atteindre une meilleure sensibilité que la meilleure obtenue par les expériences précédentes. Il aura fallu 34 jours...
21/05/17
OTS44 : une planète errante unique qui possède un disque de poussière
Des observations en ondes submillimétriques d'une planète errante située à 500 années-lumière, OTS44, révèlent qu'elle est entourée d'un disque de poussière similaire à ce qu'on peut trouver autour d'étoiles jeunes ou de naines brunes, mais la planète a une masse théoriquement trop faible pour arborer un tel disque.
16/05/17
Une explication théorique de l'expansion accélérée de l'Univers
Trois chercheurs de l'Université de Vancouver (Canada) viennent de proposer dans un article impressionnant, publié dans Physical Review D, une solution très élégante qui explique pourquoi l'Univers est en expansion accélérée, et qui réconcilie relativité générale et physique quantique tout en éliminant la notion d'"énergie noire" ou constante cosmologique. Une révolution si cette vision est confirmée.
14/05/17
Le mystère des FRB se poursuit
Les Fast Radio Bursts (FRB) sont des bouffées d'ondes radio très courtes. 22 ont été détectées à ce jour, et leur origine demeure toujours mystérieuse. Un suivi de la FRB 150215 juste après sa détection a été effectué dans toutes les longueurs d'onde imaginables, des rayons gamma aux neutrinos. Résultat : rien de détectable... Mais une particularité de notre galaxie est apparue...
La première FRB a été détectée il y a 10 ans tout juste. Aujourd'hui, avec FRB 150215, nous en sommes à 22. Celle-ci a été détectée par le radiotélescope australien Parkes le 15 février 2015 et a duré 2,8 ms. Contrairement aux FRB antérieures, les astrophysiciens ont réussi à mettre en place très vite après la détection une flopée de moyens observationnels dans toutes les longueurs d'ondes pour scruter la zone d'origine de FRB 150215 à la recherche d'une contrepartie ou d'un signal rémanent. Pas moins de 11 télescopes ou détecteurs ont été exploités ! Emily Petroff (Netherlands Institute for Radio Astronomy) et son équipe ont ainsi regardé avec H.E.S.S (rayons gamma de très haute énergie), le Thai National Telescope (visible), ANTARES (neutrinos), le Australia Telescope Compact Array (ondes radio), Swift (rayons gamma), Chandra (rayons gamma), Magellan (visible), la Dark Energy Camera du Blanco Telescope (infra-rouge), le GMRT indien (ondes radio), le radiotélescope Lovell (ondes radio) et le réseau VLA (ondes radio).
Les chercheurs n'ont absolument rien trouvé dans la zone où FRB 150215 a été détectée... aucune rémanence ou contrepartie. Et au cours des 17,25 heures qui ont suivi la détection, aucune autre bouffée n'a été détectée...
Mais les astrophysiciens ont tout de même trouvé une information intéressante, liée à notre galaxie. Car FRB 150215 était située presque dans le plan galactique, exactement à 5,28° au dessus du plan. Dans cette région de notre galaxie, le champ magnétique galactique aurait dû interagir avec le signal des ondes radio de la FRB en induisant une rotation de leur polarisation. Mais bizarrement, les ondes radios de FRB150215 ne montraient pas du tout de rotation, mais au contraire une polarisation linéaire de 43%.
Il semble donc que la bouffée de FRB150215 soit passée par un "trou" magnétique de notre galaxie, étonnant, qui n'a pour le moment que des explications peu étayées. Emily Petroff et ses collaborateurs estiment même que ce "trou" magnétique pourrait avoir facilité d'une manière ou d'une autre, la détection de la FRB, car parmi les 22 détectées à ce jour, la grande majorité se trouvaient bizarrement en dehors du plan galactique.
Le mystère des FRB, à défaut de s'épaissir, semble donc se poursuivre, et c'est passionnant.
Référence
A polarized fast radio burst at low Galactic latitude
E. Petroff et al.
accepté pour publication dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society
Illustration
1) Image infra-rouge de la zone de FRB150215 obtenue avec l'instrument DECam. Les cercles bleus sont centrés sur le point d'origine de la détection de FRB150215 par la radiotelesope Parkes. (E Petroff et al.)
2) Signal radio mesuré par le radiotelescope Parkes le 15 février 2015 (E. Petroff et al.)
09/05/17
Alors, matière noire ou pas matière noire ?
Alors qu'il y a quelques jours à peine, je vous relatais des observations réfutant l'explication de l'excès de rayons gamma du centre galactique par l'annihilation de particules massives formant la matière noire, aujourd'hui, deux études indépendantes arrivent à la conclusion inverse, en utilisant l'excès d'antiprotons observé par le détecteur AMS-02.
07/05/17
Rapprochement Lune-Jupiter à moins de 2° ce soir
Vers 23h ce soir (7 mai 2017, heure française), regardez vers l'horizon Sud, vous ne verrez qu'elles : la Lune gibeuse et l'éclatante Jupiter juste en dessous, dans une conjonction très rapprochée, à seulement 1°40' de séparation.
Jupiter est actuellement dans la constellation de la Vierge, non loin de l'étoile Spica (𝛂 Vir) que vous apercevrez légèrement en dessous à gauche de Jupiter.
Si vous êtes muni d'un paire de jumelles, vous pourrez voir non seulement le satellite de la Terre, mais aussi les quatre plus gros satellites de Jupiter, qui entourent ce soir la géante avec Ganymède d'un côté et les trois autres de l'autre (Io, Europe, Callisto).
Cette belle conjonction se déroule non loin également de la petite constellation du Corbeau et notamment d'un objet astronomique parmi les plus emblématiques : la galaxie du Sombrero, alias M104. Il vous faudra cependant un instrument plus puissant que des jumelles pour en profiter. Ce soir, M104 forme un triangle équilatéral quasi parfait avec Spica et la Lune, une aubaine pour la localiser facilement sans passer par notre astuce classique de la petite flèche du Corbeau...
La Galaxie du Sombrero est une galaxie spirale dont le disque est vu par la tranche, presque perpendiculairement. Vue dans un télescope d'amateur, elle ressemble à ça :
et vue par le télescope Hubble, à ça :
05/05/17
NICER, un nouveau télescope bientôt à bord de l'ISS
Le premier juin prochain s’envolera à bord d’un cargo de ravitaillement de SpaceX un instrument mi-télescope-mi détecteur. NICER (Neutron star Interior Composition Explorer) sera installé à bord de l’ISS pour étudier le rayonnement X en provenance des étoiles à neutrons pour mieux comprendre leur composition.
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