Le Soleil est une étoile
périodique. Son activité est rythmée par un cycle de 11 ans environ. Ce cycle
montre une activité de notre étoile qui passe par des maxima et des minima.
Nous venons par exemple de passer un maximum d’activité il y a quelques mois et
le prochain maximum doit avoir lieu dans 11 ans.
L’activité solaire est observée par les hommes depuis très longtemps. C’est au XVIIème siècle que les astronomes observèrent des taches apparaissant sur la surface du Soleil et commencèrent à les répertorier et à les compter. Il se trouve que plus le soleil a une activité magnétique intense, plus le nombre de taches sombres à sa surface est important, c’est ce qu’on a fini par comprendre au fil des décennies. Le cycle actuel est déjà le 24ème cycle de 11 ans qui est suivi rigoureusement par la communauté scientifique.
Lors d’un maximum, c’est non
seulement un nombre de taches important qui est visible mais c’est aussi la
période au cours de laquelle ont lieu les plus fortes éruptions solaires, qui
peuvent produire des effets voire des dégâts jusque par chez nous, à défaut de
produire de magnifiques aurores boréales ou australes…
Mais dans le fond, on connaît
très mal les mécanismes qui produisent ce cycle de 11 ans. D’ailleurs 11 ans
est une moyenne car ces cycles sont tout sauf réguliers, que ce soit en amplitude
ou en durée. Le cycle le plus court n’a duré que 9 ans tandis que le plus long
a duré près de 14 ans. Et l’amplitude du maximum actuel est très faible, l’activité
au maximum n’avait jamais été aussi faible depuis plus de 100 ans…
Image composite de 25 clichés révélant la migration des zones magnétiques vers l'équateur (NASA/SDO/Goddard) |
Scott McIntosh, du National Center for Atmospheric Research
dans le Colorado et son équipe proposent d’observer les points brillants pour
explorer l’intérieur du Soleil et ses mécanismes à l’origine de son activité
périodique.
Au cours d’un cycle, les taches
solaires ont tendance à migrer des hautes latitudes vers l’équateur solaire,
comme emportées par de vastes mouvements de convection, tout en restant toujours
à des latitudes inférieures à 30°.
C’est en cherchant des zones magnétiques
particulières pouvant expliquer ces mouvements que McIntosh et ses collègues en
utilisant le télescope solaire SDO (Solar Dynamics Observatory) ont trouvé ces
taches extrêmement brillantes en UV
lointain et en rayons X qui semblaient s’enrouler autour des vertex formés par
ces grandes zones magnétiques. Ils ont alors recherché dans les 18 années de
données collectées par les satellites SOHO et SDO comment bougeaient ces points
brillants au cours de plus d’un cycle solaire. Ils ont découvert que ces points
brillants suivaient globalement le même chemin que les taches sombres, des
hautes latitudes vers l’équateur, mais en commençant leur trajet bien plus
haut, vers 55° au Nord comme au Sud. De
plus chaque hémisphère semble posséder plus d’une bande composée de ces points
brillants.
McIntocsh explique que des
interactions complexes de lignes de champ magnétique pourraient exister sous
les couches externes du Soleil, cachées à notre vue. Les récentes observations
montrent que le Soleil est peuplé de bandes de matériau magnétisé et polarisé
différemment, qui une fois formées, se déplacent lentement vers l'équateur. Ces
bandes sont soit polarisées Nord ou Sud et leur signe est exactement inversé de
part et d’autre de l’équateur solaire, comme une image miroir. Des lignes de
champ magnétique relient ces bandes entre elles et même d’un hémisphère à l’autre
par-dessus l’équateur. Il apparaît que c’est lorsque ces lignes de champ sont
les plus courtes que l’activité solaire est la plus faible et que le nombre de
taches sombres est le moins important. Lorsque deux bandes de polarité opposées
se rencontrent à l’équateur, elles disparaissent brutalement. Une telle bande
met entre 16 et 21 ans pour migrer de 55° de latitude jusqu’à l’équateur. Au
moment d’une annihilation, il ne reste que deux larges bandes sur le Soleil qui se trouvent alors à 30° de
latitude, les lignes de champ qui les joignent sont les plus grandes et c’est
le moment du maximum de taches sombres qui apparaissent justement sur ces
bandes.
Selon ce modèle, le cycle de 11
ans peut être vu comme la superposition de deux cycles plus longs, les cycles
des bandes magnétiques, et il explique enfin pourquoi les taches sombres
apparaissent toujours à 30° de latitude.
Mais pourquoi les points
brillants associés aux bandes magnétiques apparaissent-ils à 55° de latitude ?
McIntosh répond à cette question en imaginant qu’au dessus de cette latitude l’atmosphère
solaire est déconnectée de la rotation de la « surface », il y aurait
des mouvements très différents dans les couches profondes du Soleil entre les hautes
latitudes et l’équateur, et 55° correspondrait à une latitude critique, qu’il
reste à investiguer de plus près pour comprendre ce qui s'y passe…
Deciphering Solar Magnetic Activity. I. On The Relationship Between The Sunspot Cycle And The Evolution Of Small Magnetic Features
Scott McIntosh et al.
The Astrophysical Journal Volume 792 Number 1, 12 (1 sept 2014)
Source : NASA News
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