Je vous en parlais au début de l’année dernière, un nuage de gaz (nommé G2) est en ce moment en
train de s’approcher dangereusement (pour lui) du trou noir supermassif
tapi au centre de notre galaxie (voir là).
Et depuis sa mise en évidence, de très nombreux télescopes sont braqués
vers le centre galactique pour voir les premiers le festin qui va
s’ensuivre. En effet, ce nuage de gaz doit passer si près de Sgr A* que
ce dernier devrait l’engloutir en produisant de
belles bouffées de rayonnements en tous genres.
Et ce qui devait arriver
arriva : quelque chose a été détecté… mais ce n’est pas ce qui était
attendu ! Il est encore trop tôt, G2 devrait être englouti vers la fin
de l’année ou au début de l’année prochaine.
En revanche, une équipe, en observant les alentours de Sgr A*, a trouvé
un objet émettant très intensément en rayons X, et qui n’est pas G2.
Le télescope spatial NuSTAR (NASA) |
Ils ont pu observer très
nettement la pulsation des émissions X le 26 avril dernier, avec une
période de 3,76 secondes. Quelques jours plus tard, l’observatoire
spatial
Chandra fut mobilisé pour regarder ce pulsar et calculer sa
distance. Il se trouve à moins d’une demi-année-lumière du trou noir
(0,38 AL précisément), ce qui est beaucoup plus loin que le nuage G2.
Une semaine plus tard, c’est au tour des satellites
NuSTAR (à nouveau) et Swift d’observer ensemble cette
source de rayons X pulsante et d’en conclure qu’il s’agit bien d’un
magnétar, sa période de rotation déclinant significativement, du fait de
son fort champ magnétique.
Même si il se trouve
bien plus loin que le nuage de gaz G2 et bien trop loin pour être avalé
par le TN supermassif, ce magnétar se trouve suffisamment près du trou
noir supermassif Sgr A*, pour en faire un outil
très précieux pour les astrophysiciens. Une découverte fortuite très
intéressante.
Vue d'artiste du nuage de gaz G2 approchant SGR A* |
Il faut savoir que ce
n’est pas le premier magnétar à être trouvé dans cette région de la
galaxie, c’est le quatorzième. De tels pulsars sont des résidus d’étoiles massives très vieilles, qui peuplent
abondamment le centre de notre galaxie. Mais ce pulsar-là est le plus
proche du TN supermassif
Là où il devient un
outil passionnant pour les astrophysiciens, c’est dans l’étude de la
relativité générale à proximité de Sgr A*(voir ici). En effet, un pulsar
est une étoile à neutrons qui tourne sur elle-même
avec une période de rotation bien définie et qui produit une pulsation de
rayonnement avec la même période. C’est en quelque sorte une
horloge que l’on peut regarder à distance.
vue d'artiste d'un magnétar |
Un pulsar en orbite
autour d’un trou noir supermassif est donc l’outil rêvé pour étudier ces
effets temporels. Il faut juste que ce magnétar ait une orbite
elliptique, ce qui devrait être le cas. Alors, sa distance
au trou noir doit varier entre une valeur maximale et une valeur
minimale. Il s’ensuit que sa période de pulsation devrait ralentir et
s’accélérer, en fonction de son mouvement autour de Sgr A*…
Il arrive parfois, voire
souvent, que des observations mènent à des trouvailles inattendues qui
se révèlent incroyablement fructueuses. Il se peut que G2 ne soit même
pas un nuage de gaz, mais en le surveillant,
on vient peut-être de trouver un nouveau moyen d’en connaître encore
plus sur Sgr A* et la physique centenaire qui le régit.
Références :
Magnetar found at giant black hole
E. Reich
Nature 497, 296–297 (16 May 2013)
NuSTAR discovery of a 3.76 second pulsar in the Sgr A* region
The Astronomer's Telegram #5020
http://www. astronomerstelegram.org/?read= 5020
NuSTAR discovery of a 3.76 second pulsar in the Sgr A* region
The Astronomer's Telegram #5020
http://www.
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